Surenchère des prix : « Les moutons se promènent ensemble, mais ils n’ont pas le même prix »



Surenchère des prix : « Les moutons se promènent ensemble, mais ils n’ont pas le même prix »
La Tabaski s’approche à grand pas. Les nerfs commencent à monter d’un cran au niveau des foyers. Le syndrome du sacrifice habituel du mouton commence à perturber plus d’un. Une obligation rituelle dont doit s’acquitter tout musulman. Immolé un mouton ou être sacrifié sur l’autel des railleries, tel semble être la devise des enfants. Peur des moqueries, ces derniers commencent à aiguiser de regards, les faits et gestes de leurs parents. Seul un mouton à cornes de surcroît pourra faire cesser leur supplice.


Mais, il y a moutons et moutons. Les gourmets ne vous diront pas le contraire. Entre une bête bien en chair, apte à nourrir à satiété une table d’affamés, et un spécimen squelettique dont un vorace ne ferait qu’une bouchée, la question du choix ne se pose pas.

Supercheries des éleveurs
Foirail de Mrabatt, il est 19 heures. A quatre jours de la fête, le site n’affiche pas toujours plein, malgré le nombre important de moutons arrivés, hier nuit, en provenance du Fouta et du Mali. Pour des raisons probablement pécuniaires, certains acheteurs se déambulent entre les troupeaux de moutons, tandis que d’autres mettent du temps à se déterminer pour mieux calculer les implications budgétaires de leur achat. Parce qu’à chaque bourse son mouton, mais aussi à chaque mouton son prix. Comme le disait l’adage « les moutons se promènent ensemble, mais ils n’ont pas le même prix »
Le crépuscule commence à nous dicter ses lois. Sous des pas feutrés, clients et vendeurs s’entremêlent sous les bêlements confus des ruminants. Les acheteurs commencent à taquiner les prix des vendeurs. Une surenchère qui s’explique selon NG, éleveur peul, par la rareté de l’herbe, et par le coût excessif du transport. . « L'alimentation coûte cher. Sans compter les soins, le transport ».
Même son de cloche chez les éleveurs maliens, qui déplorent quant à eux le coût excessif du transport ; un véritable marché de dupes, on dirait qu’ils se sont entendus entre eux avant d’appliquer leur propre loi « interdit de descendre au dessus de 17000UM »
A côté des éleveurs chevronnés, il y a quelques éleveurs du dimanche qui, en cette période, prennent les moutons pour des poules aux oeufs d'or. Avec une dizaine de moutons tous racés, ce ressortissant du Trarza, un habitué des lieux, espère récupérer les fruits de son labeur qui selon lui dure depuis deux années. « Les prix varient entre 10 0000 et 250000 UM. » avertit-il d’entrée. « J’ai élevé ses moutons alors qu’ils étaient brebis. J’ai mes propres clients qui chaque année me font des commandes et tous ces moutons que vous voyez ici ont presque tous des propriétaires. »
Pour réjouir sa famille et respecter le rituel d’Abraham, le citoyen est t-il obligé de se plier à ces prix excessifs. Sûrement pas, car les vendeurs abdiqueront ou retourneront fauchés
et criblés de dettes dans leurs terroirs.

Autres petits vendeurs

A coté d’eux fleurissent les vendeurs de foins. Ces derniers bien installés dans leur petit coin ravitaillent les dizaines de troupeaux. Une occasion en or pour eux, de récupérer les longs mois de disette.
Il y en a de tous les prix, de toutes les qualités, pourvu que le troupeau puisse se gaver.
Debout comme des sentinelles, les vendeurs de corde suivent les troupeaux de moutons comme leur ombre pour un hypothétique client à déplumer. Avec des cordes enroulées autour du cou ou entrelacés sur les reins, ils se disputent chaque tête vendue.
Le foirail de Marbatt n’affiche pas toujours plein à quatre jours des festivités. Les éleveurs commencent à s’impatienter et à inspecter l’horizon. Si la situation perdure, ils seront obligés de revoir leur prix pour se soumettre à la crise actuelle qui sévit dans le pays.
Dialtabé


Source : Le Quotidien Nouakchott

Lundi 23 Novembre 2009
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