Pouvoir - Opposition : Avis de tempête



Pouvoir - Opposition : Avis de tempête
Le pouvoir actuel est maître - jusqu'à quand ? - de la scène politique nationale. Conforté par une élection au premier tour, le président Mohamed Ould Abdel Aziz installe dans la durée une politique qui a fait ses preuves durant la période de Rectification : lutte contre la gabegie, renouvellement de la classe politique et refondation de l'appareil sécuritaire du pays. Mais tout ne se fait pas sans heurts.

Après avoir donné l'impression d'être le seul acteur sur scène, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a peut-être contribué fortement à faire revenir l'opposition dans la course. La lutte contre la gabegie qui a fait recette durant la campagne présidentielle auprès de populations trop longtemps grugées par l'élite politique du pays, est aujourd'hui l'objet de doute quant à son efficacité et à sa généralisation à tous les secteurs de l'économie. Les atouts dont le " président des pauvres " disposait, à la sortie de l'élection du 18 juillet 2009, étaient ceux là même qui devaient lui permettre de continuer à réduire à sa plus simple expression une opposition délestée de la plupart de ses thèmes de prédilection (lutte conte la gabegie, retour des réfugiés, lutte contre l'esclavage, égards pour les pauvres... etc), Ould Abdel Aziz arrivait même à dissocier les islamistes de Tawassoul et l'AJD/MR de la sainte alliance traditionnelle de l'opposition. Au point qu'on imaginait même une possible recomposition du gouvernement avec l'entrée en lice de ces deux formations qui continuent à se réclamer de l'opposition, sans être vraiment dans l'opposition !

Cependant, le président Mohamed Ould Abdel Aziz, en enfourchant le cheval de la lutte contre la gabegie prend le risque sérieux de diviser la classe politique mauritanienne, et les citoyens lambda, sur l'opportunité ou non de revisiter le passé. Certes, il y a une sorte de consensus national autour de la question mais ne fallait-il pas fixer le point de départ à MAINTENANT ? Même le retour sur la période de la première transition militaire 2005-2007 et sur celle de la Rectification ne serait pas sans risques, si l'on tient compte du fait que toute période de trouble politique ne peut être exempte de transgressions, de favoritisme et de " placements " ! Et pourtant, c'est le choix fait par Ould Abdel Aziz.

L'objectif est de continuer à engranger les points. L'évocation de l'affaire dite de la BCM par le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie, en termes comparatifs avec la masse salariale de la Fonction publique (20%) et la part dans le Budget de l'Etat (10%) n'est-elle pas de nature à raviver la tension déjà perceptible dans la rue, quand on voit le pour et le contre des populations sur cette affaire politisée à outrance par les deux bords ?

D'ailleurs, la présence du ministre des Finances à l'Assemblée nationale, dimanche, pour répondre à des questions orales du député Moustapha Ould Bedredine (UFP) sur la question ne sort pas de ce cadre. Réputé être l'opposant qui met actuellement le plus de bâton dans les roues du pouvoir, Ould Bedredine voudrait savoir pourquoi seulement trois hommes d'affaires parmi tant d'autres ? Pourquoi initié une seconde mission de contrôle, le 24/09/2009, après celle diligentée par l'ancien Gouverneur de la BCM, Zéine Ould Zeidane, le 05/12/2004, pour retrouver les traces de 15.243.000.000 UM, alors que l'on suppose que le fameux compte d'ordre n°570 29 00 a servi au décaissement de plus de 130 milliards d'ouguiyas ?

L'imbroglio politico-juridique de cette affaire réside également dans le fait de savoir s'il faut poursuivre les banques intermédiaires ou rechercher les probables nombreux bénéficiaires des largesses du pouvoir de Ould Taya. Ne peut-il pas s'agir, dans ce cas, d'une raison d'Etat puisque le compte en question est compartimenté comme un compte spécial ?

Quoi qu'il en soit, cette affaire est en train de redessiner les contours de la nouvelle scène politique nationale. Elle met en jeu la crédibilité même de la lutte contre la gabegie, le dossier étant maintenant entre les mains de la justice. Même si elle couvre de son flou la limite entre le politique et l'économique, l'affaire permettra de voir jusqu'où peut aller l'indépendance de la justice mauritanienne, quand on sait que Majorité et Opposition se renvoient la balle, s'accusant mutuellement, d'avoir cherché à dévier le cours normal des choses. Wait and see, comme disent les Anglais.


Source:
L'authentiqueb

Mardi 29 Décembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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