Ould Bekrine, le bouc-émissaire



Ould Bekrine, le bouc-émissaire
Le Palais présidentiel accueillait, mardi 1er décembre, une réunion restreinte du haut commandement des forces armées et de sécurité. Sans préambule, le Président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, s'en prend violemment aux officiers, en fustigeant leur incompétence qui a provoqué le rapt de trois ressortissants espagnols, sur l'un des axes routiers les mieux surveillés du pays.

Selon nos sources, le Président a regretté que cet acte intervienne alors que le pays venait à peine de sortir la tête hors de l'eau, avec le retour du voyagiste Point-Afrique à Atar et celui, éventuel, du Rallye Paris-Dakar, deux évènements prometteurs d’un regain du tourisme et de l’investissement extérieur. Or, Ould Abdel Aziz précise avoir promis aux alliés occidentaux, lors de son dernier séjour en Europe, d'éradiquer les dernières poches de l’islamisme radical en Mauritanie.

Alors qu'il déroulait son laïus d'auto flagellation, l’assistance, tête basse, endurait le blâme en silence ; chacun rentrait la tête dans ses épaules et évitait les yeux rageurs du Président. Le seul à oser une réplique est le Général Ahmed Ould Bekrine, chef d'État-major de la Gendarmerie nationale, corps dont il fut n°2 sous la dictature de Ould Taya ; malgré ce passé peu glorieux, personne ne s'est jamais plaint de lui et son nom n'a été cité ni dans une affaire de détournements, encore moins de violations de droits de l’Homme ou de tueries racistes. Rares de ses pairs peuvent se targuer d’un parcours aussi neutre.

L’intervention n'a pas du tout été du goût de Ould Abdel Aziz mais Ould Bekrine insista à démontrer que la carence relèverait d’un manque de communication entre les différents États-majors. Le lendemain, il se retrouve évincé.

L’affaire semble d’autant plus gênante que les ravisseurs des espagnols possédaient des informations précises sur la répartition des forces de sécurité Mauritanie le long de l'axe Nouakchott-Nouadhibou ; ils savaient, exactement, à quel endroit attaquer, afin de se donner le maximum d'avance sur d'éventuels poursuivants. Aussi, s’en prirent-ils à la dernière voiture du convoi qui abritait leurs cibles, dont Joseph Bosco Rocamora, secrétaire d'État auprès du premier ministre espagnol, chargé de l'environnement. Il se trouvait en Mauritanie au moment de l’opération mais a dû annuler, sine die, sa participation au voyage.

Avec ce coup sévère et la nomination très controversée du Colonel Ndiaga Dieng à la tête de la Gendarmerie, le pouvoir du Général Ould Abdel Aziz trahit quelques signes de cafouillage, alors que sa campagne de moralisation de la vie publique suscitait, déjà, l’intérêt des bailleurs de fonds et un début d’espoir dans la société.


Source: Taqadoumy

Jeudi 3 Décembre 2009
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