
La formation il ya quelques jours du gouvernement a révélé une surprise de taille. Le PRDR, soutien de la première heure du putsch, n’a eu droit à aucun maroquin. Son secrétaire général avait, pourtant, donné les noms de trois ministrables. Le maître de cérémonie les a rayés, d’un trait, sans donner la moindre explication.
Comme s’il ne voulait plus de ce parti, synonyme de tant de mauvaises pratiques pour les Mauritaniens, mais qu’il n’a pas hésité à utiliser, lors de ses «multiples campagnes». Après la mésaventure d’Ahmed Ould Daddah, roulé deux fois dans la farine, c’est donc au tour du PRDR, qui avait, certes, infiniment plus besoin d’être «blanchi», d’être cuisiné par nos militaires-boulangers. Pour la première fois? De fait, ceux-ci avaient déjà tout fait pour désagréger celui-là, en encourageant les candidatures indépendantes, lors des législatives d’octobre 2006.
Mais le PRDR n’avait point pipé, applaudissant ses propres fossoyeurs, avant de soutenir leur candidat, à la présidentielle de 2007, puis s’affirmer en fer de lance de la fronde parlementaire, contre Sidioca, conformément aux désirs de ses commanditaires militaires, apporter son soutien au putsch du 6 août 2008, et envoyer ses parlementaires autour du monde, avec certains de leurs collègues putschistes, pour tenter d’expliquer les raisons du pronunciamiento que le pays venait de connaître. Ils feront, ensuite, campagne pour Ould Abdel Aziz. En échange de toutes ces courbettes, de cette constance dans le réflexe pavlovien – un militaire passe, le PRDR salive – l’ancien parti/Etat a eu droit à quoi?
Trois portefeuilles ministériels, dans la première équipe post-putsch dont la durée de vie n’a pas dépassé quelques mois. Ile pensaient, naïvement, que les portes du nouveau gouvernement, formé après la victoire de leur candidat, à laquelle ils avaient contribué, tant grandement selon eux, allaient leur être grandes ouvertes. Surprise de taille. Non seulement leur parti a été écarté, sans ménagement, mais, pire, l’UDP, leur ancien allié de la majorité, sous Taya, sous Sidi et sous Aziz 1 (2 et probablement 3), qui dispose, pourtant, de trois fois moins de députés qu’eux, a été coopté pour occuper deux postes stratégiques. La pilule, dure à avaler, a coûté, au secrétaire général, la fonction dont il avait hérité, on ne sait comment, au lendemain du renversement d’Ould Taya. Malgré tout, ce parti, habitué à évoluer dans le sillage des pouvoirs, ne placera pas un mot plus haut qu’un autre. Ses nouveaux dirigeants sont encore tout miel pour la majorité qui n’a pas voulu d’eux. Ni au gouvernement, encore moins au parlement. Vont-ils, alors, rejoindre l’opposition? «Jamais, ô grand jamais, nous sommes dans la majorité et on y reste», lancent-ils, la main sur le cœur.
Ils attendent, peut-être, qu’on les piétine, encore plus, pour montrer le moindre signe de lassitude. Quant à divorcer avec le pouvoir, c’est une hypothèse d’école. Le PRDR et, avant lui, le PRDS sont nés pour le pouvoir. A tout le moins le soutenir, lui faire la cour, l’applaudir. Et, dans la conjoncture politique actuelle, jouer la déstabilisation de celui-ci, risquer la dissolution de l’Assemblée nationale, serait, pour le PRDR, la plus risquée des aventures. On comprend bien qu’en conséquence, ses membres jugent plus rassurant de passer leur inévitable traversée du désert dans les travées de l’hémicycle, plutôt qu’à mille milles des allées du pouvoir… Si le destin de leur formation semble passablement compromis, chacun peut entretenir, dans les méandres des coulisses politiciennes, l’espoir d’opportunités génératrices de revenus. Le PRDR ne mourra, certainement pas, pour des idées. Mais de mort lente, voilà qui semble, aujourd’hui, de plus en plus assurée…
Ahmed Ould Cheikh
Le Calame n°705, du mercredi 2 septembre 2009
© Le Calame - Septembre 2009
Comme s’il ne voulait plus de ce parti, synonyme de tant de mauvaises pratiques pour les Mauritaniens, mais qu’il n’a pas hésité à utiliser, lors de ses «multiples campagnes». Après la mésaventure d’Ahmed Ould Daddah, roulé deux fois dans la farine, c’est donc au tour du PRDR, qui avait, certes, infiniment plus besoin d’être «blanchi», d’être cuisiné par nos militaires-boulangers. Pour la première fois? De fait, ceux-ci avaient déjà tout fait pour désagréger celui-là, en encourageant les candidatures indépendantes, lors des législatives d’octobre 2006.
Mais le PRDR n’avait point pipé, applaudissant ses propres fossoyeurs, avant de soutenir leur candidat, à la présidentielle de 2007, puis s’affirmer en fer de lance de la fronde parlementaire, contre Sidioca, conformément aux désirs de ses commanditaires militaires, apporter son soutien au putsch du 6 août 2008, et envoyer ses parlementaires autour du monde, avec certains de leurs collègues putschistes, pour tenter d’expliquer les raisons du pronunciamiento que le pays venait de connaître. Ils feront, ensuite, campagne pour Ould Abdel Aziz. En échange de toutes ces courbettes, de cette constance dans le réflexe pavlovien – un militaire passe, le PRDR salive – l’ancien parti/Etat a eu droit à quoi?
Trois portefeuilles ministériels, dans la première équipe post-putsch dont la durée de vie n’a pas dépassé quelques mois. Ile pensaient, naïvement, que les portes du nouveau gouvernement, formé après la victoire de leur candidat, à laquelle ils avaient contribué, tant grandement selon eux, allaient leur être grandes ouvertes. Surprise de taille. Non seulement leur parti a été écarté, sans ménagement, mais, pire, l’UDP, leur ancien allié de la majorité, sous Taya, sous Sidi et sous Aziz 1 (2 et probablement 3), qui dispose, pourtant, de trois fois moins de députés qu’eux, a été coopté pour occuper deux postes stratégiques. La pilule, dure à avaler, a coûté, au secrétaire général, la fonction dont il avait hérité, on ne sait comment, au lendemain du renversement d’Ould Taya. Malgré tout, ce parti, habitué à évoluer dans le sillage des pouvoirs, ne placera pas un mot plus haut qu’un autre. Ses nouveaux dirigeants sont encore tout miel pour la majorité qui n’a pas voulu d’eux. Ni au gouvernement, encore moins au parlement. Vont-ils, alors, rejoindre l’opposition? «Jamais, ô grand jamais, nous sommes dans la majorité et on y reste», lancent-ils, la main sur le cœur.
Ils attendent, peut-être, qu’on les piétine, encore plus, pour montrer le moindre signe de lassitude. Quant à divorcer avec le pouvoir, c’est une hypothèse d’école. Le PRDR et, avant lui, le PRDS sont nés pour le pouvoir. A tout le moins le soutenir, lui faire la cour, l’applaudir. Et, dans la conjoncture politique actuelle, jouer la déstabilisation de celui-ci, risquer la dissolution de l’Assemblée nationale, serait, pour le PRDR, la plus risquée des aventures. On comprend bien qu’en conséquence, ses membres jugent plus rassurant de passer leur inévitable traversée du désert dans les travées de l’hémicycle, plutôt qu’à mille milles des allées du pouvoir… Si le destin de leur formation semble passablement compromis, chacun peut entretenir, dans les méandres des coulisses politiciennes, l’espoir d’opportunités génératrices de revenus. Le PRDR ne mourra, certainement pas, pour des idées. Mais de mort lente, voilà qui semble, aujourd’hui, de plus en plus assurée…
Ahmed Ould Cheikh
Le Calame n°705, du mercredi 2 septembre 2009
© Le Calame - Septembre 2009