
Il près d’un mois et au terme de la visite qu’a effectuée une mission du Fonds monétaire international (FMI) dans notre pays, certaines sources commençaient à évoquer le mot tabou, dévaluation. Officiellement la mission n’a discuté avec les autorités monétaires du pays que la levée de la suspension des activités des institutions de Bretton Woods consécutive au coup d'Etat en Mauritanie du 6 août 2008. Mieux lors de la conférence de presse destinée à faire le bilan, l’un des responsables mauritaniens ira jusqu’à dire qu’il n’était pas question d’une dévaluation. Or ce auquel on a assisté la semaine dernière lors de la tenue de la salle des marchés de change s’y apparente de manière indubitable.
On le sait, cette première mission du FMI en Mauritanie, la première depuis 15 mois, intervient dans un contexte marqué par des difficultés financières suite à crise financière internationale qui chez nous a été doublée d’une crise politique qui pratiquement paralysé tous les secteurs d’activité.
Que s’est il passé la semaine dernière ?
La Banque Centrale anime une salle des marchés dans laquelle elle procède à la vente des devises aux banques primaires afin que celles-ci satisfassent les besoins de leur clientèle en crédit documentaire pour couvrir les importations et les transferts. Lors de la journée du 22 Octobre la BCM a affiché un taux de 393, 45 Ouguiya pour un euro à la vente. Soit un bond de près de dix Ouguiya d’un coup par rapport au cours de la veille. Si l’on remonte un peu plus loin dans l’historique du cours de change manuel, on se rend compte qu’entre le 17/2009 et cette séance fatidique l’ouguiya a glissé de plus de 20 ouguiya soit une dévaluation ou dépréciation, comme on veut la nommer de 5,43%. Lors de cette journée fatidique la BCM avait proposé à la vente la contre valeur de 4.154.145 Ouguiya alors que la veille c’était 17.480.0003.
Alors c’est toujours la sempiternelle question, la monnaie nationale a-t-elle été dévaluée ?
Ceux des mauritaniens qui sont en contact avec l’étranger ont vu leur pouvoir d’achat dégringoler et se rétrécir comme peau de chagrin. S’il ne s’agissait que de sa parité avec une seule monnaie, on aurait pu penser à une fluctuation ordinaire mais, d’un seul coup dégringoler par rapport à toutes les monnaies ne devrait se faire que suite à une décision délibérée des autorités monétaires du pays.
Si l’on s’en tient à la définition classique, une monnaie se dévalue, ou subit une dévaluation, lorsque son taux de change se déprécie par rapport à une monnaie de référence, ou un panier de monnaie et c’est bien évidemment ce qui vient de se passer pour notre chère monnaie nationale.
La différence entre dévaluation et dépréciation est que cette dernière survient sans l’intervention des autorités monétaires, par contre la première résulte d’une décision de politique monétaire décidée par le gouvernement, dans le cadre d'un régime de change fixe et pour raisons.
Lorsqu'une monnaie est maintenue dans un régime de change fixe artificiel, il arrive que le taux de change défini par les autorités monétaires ne soit pas tenable face à un marché parallèle dont la pression est très forte. Et on le sait l’un des critères qui tient le plus, à cœur aux fonctionnaires du FMI c’est celui du différentiel de change entre le marché officiel et le marché noir. Or aujourd’hui l’euro s’échange au marché de la capitale à 401 au comptant et à 409 ouguiya transféré à l’étranger.
Dans le cadre de leur mission traditionnelle, les autorités monétaires s'engagent à assurer la conversion de la monnaie contre la monnaie de référence, elles disposent pour ce faire de réserves de change, mais si la demande de devise est trop forte, ces réserves de change ne suffisent pas et la banque centrale doit « dévaluer »: Renchérissement artificiel des monnaies étrangères en vue de décourager leur achat.
On sait que durant la période des fameux plans d’ajustements structurels(PAS), la dévaluation avait été souvent préconisée par le FMI comme instrument de la politique économique dont le but est de relancer la croissance économique, par le dopage des exportations et le rééquilibrage de la balance commerciale. Cependant, dans la pratique il s’est toujours avéré que ces dévaluations n'ont eu un effet positif qu’à court et moyen terme. Elles doivent souvent être répétées, tant que les équilibres économiques fondamentaux n’ont pas été rétablis, ou que la confiance dans la monnaie n’est pas revenue ce qui peut parfois prendre du temps.
Conséquences directes de ces dévaluations-dépréciations, dans un premier temps, on constate une hausse du prix des importations et une baisse du prix des exportations qui se traduisent par une dégradation de la balance commerciale. Dans un deuxième temps, la baisse des prix à l'exportation doit permettre un accroissement du volume des ventes, tandis que la hausse du prix des importations doit les décourager. Il devrait en résulter une amélioration sensible de la balance commerciale.
Cependant Il existe le risque qu'un pays qui recherche ces effets, sombre dans le cercle vicieux de la dévaluation, impatient, le pays peut alors être tenté de dévaluer de nouveau, et ainsi enchaîner les dégradations. La Mauritanie à l’instar de beaucoup de pays du tiers monde s’est choisi un régimes de change qui ne correspond à aucun des modèles théoriques : les parités sont flexibles mais avec des interventions continues de la banques centrale.
De fait, depuis quelques mois on sentait déjà un glissement mais au cours de la journée du 22 le taux directeur publié par la Banque Centrale de Mauritanie à subit une dégringolade inattendue. Rappelez vous en Octobre de l’année dernière l’euro s’échangeait à 310 ouguiyas.
De fait il est à craindre que les prochains jours on assiste à une surchauffe des prix des produits de grande consommation car les importateurs répercuteront sans états d’âme la hausse sur leur marchandise. Et alors par effet domino l’inflation et tous les autres indicateurs risqueront d’être faussés tandisque que la relance économique escomptée serait compromise.
MSS
Source: Quotidien Nouakchott
On le sait, cette première mission du FMI en Mauritanie, la première depuis 15 mois, intervient dans un contexte marqué par des difficultés financières suite à crise financière internationale qui chez nous a été doublée d’une crise politique qui pratiquement paralysé tous les secteurs d’activité.
Que s’est il passé la semaine dernière ?
La Banque Centrale anime une salle des marchés dans laquelle elle procède à la vente des devises aux banques primaires afin que celles-ci satisfassent les besoins de leur clientèle en crédit documentaire pour couvrir les importations et les transferts. Lors de la journée du 22 Octobre la BCM a affiché un taux de 393, 45 Ouguiya pour un euro à la vente. Soit un bond de près de dix Ouguiya d’un coup par rapport au cours de la veille. Si l’on remonte un peu plus loin dans l’historique du cours de change manuel, on se rend compte qu’entre le 17/2009 et cette séance fatidique l’ouguiya a glissé de plus de 20 ouguiya soit une dévaluation ou dépréciation, comme on veut la nommer de 5,43%. Lors de cette journée fatidique la BCM avait proposé à la vente la contre valeur de 4.154.145 Ouguiya alors que la veille c’était 17.480.0003.
Alors c’est toujours la sempiternelle question, la monnaie nationale a-t-elle été dévaluée ?
Ceux des mauritaniens qui sont en contact avec l’étranger ont vu leur pouvoir d’achat dégringoler et se rétrécir comme peau de chagrin. S’il ne s’agissait que de sa parité avec une seule monnaie, on aurait pu penser à une fluctuation ordinaire mais, d’un seul coup dégringoler par rapport à toutes les monnaies ne devrait se faire que suite à une décision délibérée des autorités monétaires du pays.
Si l’on s’en tient à la définition classique, une monnaie se dévalue, ou subit une dévaluation, lorsque son taux de change se déprécie par rapport à une monnaie de référence, ou un panier de monnaie et c’est bien évidemment ce qui vient de se passer pour notre chère monnaie nationale.
La différence entre dévaluation et dépréciation est que cette dernière survient sans l’intervention des autorités monétaires, par contre la première résulte d’une décision de politique monétaire décidée par le gouvernement, dans le cadre d'un régime de change fixe et pour raisons.
Lorsqu'une monnaie est maintenue dans un régime de change fixe artificiel, il arrive que le taux de change défini par les autorités monétaires ne soit pas tenable face à un marché parallèle dont la pression est très forte. Et on le sait l’un des critères qui tient le plus, à cœur aux fonctionnaires du FMI c’est celui du différentiel de change entre le marché officiel et le marché noir. Or aujourd’hui l’euro s’échange au marché de la capitale à 401 au comptant et à 409 ouguiya transféré à l’étranger.
Dans le cadre de leur mission traditionnelle, les autorités monétaires s'engagent à assurer la conversion de la monnaie contre la monnaie de référence, elles disposent pour ce faire de réserves de change, mais si la demande de devise est trop forte, ces réserves de change ne suffisent pas et la banque centrale doit « dévaluer »: Renchérissement artificiel des monnaies étrangères en vue de décourager leur achat.
On sait que durant la période des fameux plans d’ajustements structurels(PAS), la dévaluation avait été souvent préconisée par le FMI comme instrument de la politique économique dont le but est de relancer la croissance économique, par le dopage des exportations et le rééquilibrage de la balance commerciale. Cependant, dans la pratique il s’est toujours avéré que ces dévaluations n'ont eu un effet positif qu’à court et moyen terme. Elles doivent souvent être répétées, tant que les équilibres économiques fondamentaux n’ont pas été rétablis, ou que la confiance dans la monnaie n’est pas revenue ce qui peut parfois prendre du temps.
Conséquences directes de ces dévaluations-dépréciations, dans un premier temps, on constate une hausse du prix des importations et une baisse du prix des exportations qui se traduisent par une dégradation de la balance commerciale. Dans un deuxième temps, la baisse des prix à l'exportation doit permettre un accroissement du volume des ventes, tandis que la hausse du prix des importations doit les décourager. Il devrait en résulter une amélioration sensible de la balance commerciale.
Cependant Il existe le risque qu'un pays qui recherche ces effets, sombre dans le cercle vicieux de la dévaluation, impatient, le pays peut alors être tenté de dévaluer de nouveau, et ainsi enchaîner les dégradations. La Mauritanie à l’instar de beaucoup de pays du tiers monde s’est choisi un régimes de change qui ne correspond à aucun des modèles théoriques : les parités sont flexibles mais avec des interventions continues de la banques centrale.
De fait, depuis quelques mois on sentait déjà un glissement mais au cours de la journée du 22 le taux directeur publié par la Banque Centrale de Mauritanie à subit une dégringolade inattendue. Rappelez vous en Octobre de l’année dernière l’euro s’échangeait à 310 ouguiyas.
De fait il est à craindre que les prochains jours on assiste à une surchauffe des prix des produits de grande consommation car les importateurs répercuteront sans états d’âme la hausse sur leur marchandise. Et alors par effet domino l’inflation et tous les autres indicateurs risqueront d’être faussés tandisque que la relance économique escomptée serait compromise.
MSS
Source: Quotidien Nouakchott