CULTURE: Aïchana ! Par Bocar Oumar BA



CULTURE: Aïchana ! Par Bocar Oumar BA
Qu’es-tu devenue femme couleur crépuscule ?
Je me souviens de ce regard échappé d’ailleurs,
De ces mains qui trahissent une vie de labeur,
Des rides si précoces sur ce corps Musée.

Aïchana, qu’as-tu fait de ta nouvelle vie ?
De ta nouvelle liberté si durement conquise,
Et de ton maître à sa campagne abandonné,
Je n’ai jamais su lequel te faisait le plus peur…


Qu’es-tu devenue, ma complice d’un jour ?
Gazelle échappée des savanes en feu,
Je me rappelle de ta voix inaudible mais inextinguible.
De cette voix sans doute habituée à ne bruire,
Que quand il le faut, et surtout quand il le veut.


Douze ans déjà, ma belle émeraude aux pâles éclats,


Longtemps enfoui dans la pénombre de l’esclavage !
Mais pas un jour sans que ne m’assaillissent péniblement,
Les irascibles réminiscences de ton humaine condition.


Douze ans déjà Aïchana!


Pas un jour sans que je ne repense à ce jour,
Où une larme, ruisselant sur l’innocence faite visage,
Me révéla violemment le visage de l’Inadmissible.




Bocar Oumar BA





Précision aux lecteurs : Aïchana est une femme que j’ai eu la chance de rencontrer en 1997 alors que j’étais journaliste à l’Eveil Hebdo et membre actif de Sos-esclaves. Elle avait eu le courage de fuir son maître et s’était retrouvée à Nouakchott sous la protection de Sos-esclaves, qui avait pris contact avec un juge pour la faire affranchir, condamner le maître, et faire libérer les deux enfants de Aïchana qui étaient restés sous son emprise. C’était malheureusement sans compter avec la subtilité du maître qui se présenta devant le juge avec un acte de mariage dûment signé et présentant Aïchana comme son épouse légitime. Au final, Aïchana se retrouva libre mais sans ses enfants. Et c’est dans ces conditions que j’ai été amené à l’interviewer avec mon collègue yedali FALL. Naturellement, cette interview ne parut jamais, puisque le journal fut censuré. Mais j’ai été marqué par cette femme, et n’ai jamais cessé de repenser à elle. Si quelqu’un pouvait me donner des nouvelles (Boubacar Ould Messaoud, Oumar Ould Yali ou Ladji Traoré, peut-être), je lui saurais infiniment gré.







Source : Bocar Oumar BA via AJD-mr.com

Mercredi 16 Décembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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