Bonne gouvernance : Ni amis, ni ennemis



Bonne gouvernance : Ni amis, ni ennemis
Les quatre premiers mois de la gouvernance démocratique de Mohamed Ould Abdel Aziz, continuation quasi logique de sa " Rectification " (coup d'Etat contre le président Sidi) ont permis de se faire une idée sur l'homme et son programme, en dehors des promesses électorales qui, généralement, " n'engagent que ceux qui les écoutent " !
Si l'arrestation de l'ancien gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie, Sid'El Moctar Ould Nagi, a fait craindre la poursuite de ce qui s'apparente bien à une chasse aux sorcières, le limogeage du directeur général du Budget, Zeini Ould Ahmed El Hadi, montre que le président Aziz n'a ni amis ni ennemis. C'est donc bien d'une campagne d'assainissement qu'il s'agit, même si le fait d'aborder des questions de société sensibles ne cache pas l'amertume de ceux qui soulignent que l'économie peine à décoller.

Lors de la présidentielle de juillet 2009, Abdalla a voté pour Ahmed Ould Daddah, le président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD). " Je voulais un changement radical et Aziz incarnait la continuité ", se justifie-t-il. Son candidat a perdu, n'occupant que la troisième place et, quatre mois après l'investiture du vainqueur, il pense que les choses commencent vraiment à bouger. Un signe que les Mauritaniens comprennent maintenant le jeu de la démocratie où ils ne sont pas condamnés à avoir des positions figées. Pour ne pas donner l'impression de faire partie de ces contingents d'opportunistes politiques, Abdallah met en avant la décision prise, lors du dernier Conseil des Ministres de ramener au bercail (Hay Sakène) " les déportés " de Leghrayga où plus de 500 nouveaux lots leur seront attribués. Une décision courageuse par laquelle le président Aziz répare le tort qu'on a causé à des centaines de familles pauvres déplacées injustement par les autorités administratives dans une zone non adaptée à leurs conditions de vie.

D'aucuns reconnaissent, comme l'opposant Abdallah qu'après plus de quatre décennies de parti unique, de pouvoir militaire et de gabegie économique, des changements inédits sont intervenus depuis la " Révolution " de Ould Abdel Aziz. Les droits de l'homme ont été mis à l'honneur. Près de 15.000 Négro-Mauritaniens, qui, devant la déferlante de violences racistes de la fin des années 1980, ont dû fuir au Sénégal et au Mali, sont rentrés dans leur pays. Certes la réparation a commencé avec le président Sidi mais n'a pas été reniée par Ould Abdel Aziz qui a même entrepris un semblant de réconciliation nationale à Kaédi, l'année dernière, pour tirer un trait sur le douloureux débat du " passif humanitaire ", euphémisme désignant les exactions commises à l'encontre des mêmes Négro-Mauritaniens, notamment dans l'armée, toujours à la fin des années 1980.

Sur le plan de la gestion des affaires de l'Etat, le népotisme a toujours cours, mais il n'est plus la règle. Aziz mettra sans doute longtemps avant de plier les responsables devenus accros de l'enrichissement personnel illicite à sa volonté de moraliser la gestion des biens publics.


L'essentiel, c'est le social


Ces évolutions, Mamadou, un autre opposant à Aziz, ne les conteste pas. Mais il persiste dans la critique amère du nouveau régime. " L'essentiel, c'est le social. Et, de ce point de vue-là, ils n'ont rien fait, explique-t-il. On vit mal, tout est cher." Comme la plupart de ses compatriotes, il ne pourra apprécier les avancées de la démocratie tant qu'il n'arrivera pas à joindre les deux bouts. Et pourtant avec un salaire de 35.000 UM, il ne fait pas partie des plus défavorisés dans un pays où 50 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. " En un an de Rectification, nous n'avons pas réussi à améliorer concrètement les conditions de vie des habitants ", reconnaît un haut responsable de l'État qui souhaite garder l'anonymat. Il faut dire que la conjoncture économique a été défavorable. Dès les premiers mois de la Rectification, les coupures d'eau et d'électricité se sont multipliées. En août dernier, de graves inondations à Rosso, dans le sud du pays, ont rappelé celles de Tintane, en 2007, qui avaient laissé près de 20. 000 personnes sans logement et anéanti les activités de ce carrefour commercial. Une catastrophe qui a survécu au régime écourté de Sidi et prouvé, sous Aziz, que face à de tels sinistres, aucun pouvoir n'a de solution radicale.

Puis les effets de la crise économique mondiale et de la hausse des prix des produits de première nécessité se sont douloureusement fait sentir, la Mauritanie devant recourir aux importations pour satisfaire près de 70 % de ses besoins alimentaires. L'opération Ramadan sous Aziz, d'ampleur plus grande que celle mise en place sous Sidi, a pourtant connu plusieurs ratés. Les Mauritaniens n'en garderont pas un bon souvenir.


Du politiquement incorrect

Pour un grand nombre de Mauritaniens, cette démocratie que les autorités de transition ont brandie comme un horizon miraculeux - le 3 août 2005 - ne diffère en rien de la justice et de la démocratie du président renversé Maaouiya Ould Taya ! Toujours les mêmes hommes aux commandes, les mêmes pratiques, les mêmes contestations de l'opposition, les mêmes problèmes économiques. Certains vont même jusqu'à penser que la manière de gouverner de Ould Abdel Aziz, mélange de style Haïdalla (volonté de justice sociale) et de méthode Taya (absence de dialogue), a besoin de patience et de réflexion.

Devant cette salve de critiques et le sentiment répandu que Aziz risque d'enrayer la machine par ses manières brutales, le chef de l'État reste imperturbable. Ceux qui le jugeaient sans constance l'apprennent à leurs dépens. Comme il l'aurait déclaré dans un Conseil des Ministres, il n'y a pas d'intouchables. Les têtes tombent les unes après les autres. Qui pourrait dire, après la chute du directeur général de la CNSS, de celui du Budget et de plusieurs autres pontes du pouvoir que Ould Abdel Aziz fait de la simulation ?


Source: L'authentique

Mardi 1 Décembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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