Assemblée : Messaoud est - il assis sur un siège éjectable ?



Assemblée : Messaoud est - il assis sur un siège éjectable ?
L'Assemblée nationale rouvre ses portes demain lundi. Une session ordinaire qui risque d'inaugurer une nouvelle ère de cohabitation ou de précipiter la chute de Messaoud Ould Boulkheir. Le rapport de force très favorable aux députés du président Mohamed Ould Abdel Aziz leur donne la latitude d'agir, dans le cadre de la loi, pour contourner le pouvoir dévolu au président de l'Assemblée nationale ou de réagir, n'importe comment, pour rompre un contrat à leurs yeux devenu caduc.
Une nouvelle session parlementaire s'ouvre demain. Intervenant trois mois après la dernière présidentielle, elle pourrait être consacrée par de violents échanges entre la majorité fidèle au président Ould Abdel Aziz, et la nouvelle minorité qui se retrouve autour du président de l'assemblée nationale Messaoud Ould Boulkheïr. En principe, l'unique privilège qui reviendra à Messaoud Ould Boulkheïr sera de présider les sessions, du haut de son strapontin, et de distribuer la parole à des députés dont la majorité se fera un malin plaisir à le narguer. Messaoud peut certes compter sur le soutien des députés de l'opposition (UFP, APP, RFD) mais ceux - ci ne font pas le poids, d'autant que leur ancien allié " Tewassal " et certains députés RFD ont changé de camp. L'après élection présidentielle a montré à tout le monde que le pouvoir se trouve du côté de l'Union Pour la République (UPR), nouveau parti - Etat qui détruit tout sur son passage et attire comme un aimant ceux qui n'aiment pas trop être dans le camp des perdants.

Même si l'on sait que Messaoud Ould Boulkheir n'est pas homme à se laisser démonter facilement, il lui sera difficile de tenir tête à une majorité qui pourrait bien s'inspirer de la manière dont les députés du PDS sénégalais et leurs alliés ont procédé au cours du renouvellement du bureau de l'Assemblée, à l'occasion de la première session ordinaire de l'année 2008, pour destituer Macky Sall, devenu l'homme à abattre à cause de l'hostilité que lui voue Karim Wade, fils gâté de son père, aux pouvoirs démesurés. Une " démackysation " dont l'acte I a été une modification de la loi sur le mandat du président de la chambre basse du Parlement sénégalais ramené de 5 à 1 an.

Il est vrai que pareille tentative a déjà échoué chez nous, mais le contexte n'était pas le même. Le refus du Conseil Constitutionnel d'entériner une démarche visant à entraver le président de l'Assemblée nationale pourrait bien avoir été dicté par la nécessité de ne pas compliquer une situation politique où l'urgence commandait de faire accepter la Rectification (le coup d'Etat), sur le plan international, et de permettre à Ould Abdel Aziz de se présenter à l'élection présidentielle envisagée comme la seule issue à la crise.

Déjà, la composition du bureau de l'Assemblée laisse apparaître une forte présence de députés hostiles au président Messaoud. Pis, le RFD à qui revenait l'un des postes de vices -président, en la personne du député Kane Hamidou Baba, a été défenestré suite aux divergences sur la participation ou non à l'élection - annulée - du 6/6.


Pas d'apaisement en vue

Le président Aziz qui se bat déjà sur un front intérieur hostile, sans le dire, à toutes réformes, peut bien aussi prôner l'apaisement avec une opposition aujourd'hui désarmée.

Le combat du nouveau président n'est donc pas au niveau de l'hémicycle où tous les projets de loi passeront comme une lettre à la poste mais bien au sein de sa Majorité. La série de réunions qu'il tient depuis quelque temps avec ceux qui détiennent une parcelle du pouvoir (PCA et DG d'entreprises publiques) montre bien que Aziz sait très bien que c'est l'assainissement de la gestion des biens de l'Etat et la rupture avec certaines pratiques qui assureront le succès de sa politique. Mais il ne semble pas comprendre que le danger réel est bien dans cette reconstitution d'un parti - Etat tout puissant, dictant sa loi, de manière insidieuse à l'Exécutif, et vidant de sa substance la démocratie par son hégémonie outrancière, même aux dépends des partis alliés. On en arriverait à des protestations identiques à celles que le PRDR avait soulevées, du temps du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, contre le début d'hégémonie du parti Adil. Sauf si ce parti qui, lui aussi, a traversé une crise de leadership préfère s'adapter à une situation où tout dépend de la volonté du Président Aziz.

Mais même si les députés de la majorité décident de revenir à de meilleurs sentiments, on ne peut s'empêcher de croire que l'Assemblée nationale sera le théâtre de la future contestation, comme l'a déjà prédit Messaoud Ould Boulkheir, au moment où il s'apprêtait à assurer la présidence du Front Nationale pour la Défense de la Démocratie (FNDD) pour 5 mois. N'a - t - il pas déclaré au cours de la conférence de presse organisée à l'occasion au siège de l'UNAD par cette coalition qu'il " présidera la prochaine session parlementaire et n'en sera empêché que par la mort ou si le président Ould Abdel Aziz venait à dissoudre le Parlement " ?

De même qu'il a ajouté qu'il poursuivra la lutte que mène le FNDD depuis toujours de l'intérieur de l'Assemblée nationale, étant entendu que le FNDD place sa lutte dans le cadre de la Constitution.

Une constitution " retrouvée ", à l'issue d'une élection présidentielle contestée par une partie de l'opposition, mais qui risque encore d'être malmenée pour éjecter le président Messaoud de son siège. Une perspective qui s'inscrirait dans la droite ligne des propos tenus par une ancienne députée devenue ministre des Affaires étrangères qualifiant " d'aberration " le fait de présider l'Assemblée avec seulement 5 députés sur 95 !


Source: l'authentique

Lundi 9 Novembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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