Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) : De la prévention des conflits au financement



Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) : De la prévention des conflits au financement
Le siège de l'Union africaine (UA) a abrité, du 21 au 27 novembre 2009, une rencontre de journalistes issus essentiellement de la zone ouest-africaine sur les mécanismes de paix et de sécurité que l'Afrique met en place, depuis quelques années, avec l'aide de l'Union européenne et de l'ONU.

Ce mécanisme de prévention et de gestion des conflits sur le continent (AAPS) est appelé à être l'outil privilégié d'intervention du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'UA. Pour vulgariser le rôle de cet outil de paix et de sécurité auprès d'une vingtaine de journalistes du Continent africain, la Fondation Friedrich Ebert, organisatrice de ce séminaire, a voulu faire des crises mauritanienne, guinéenne et malgache des " cas " pour évaluer l'efficacité de l'action du CPS dans la résolution des conflits en Afrique.


La gestion de la crise politique mauritanienne a fait l'objet d'un large débat auquel les deux journalistes mauritaniens ont servi " d'experts ". Tout le monde s'est accordé à reconnaître que la gestion de la crise a connu des hauts et des bas, avec l'intervention du Guide Libyen Mouammar Kadhafi qui a brouillé les cartes, et l'entrée en lice du président Wade. Le rôle de l'UA, pour la plupart des participants, était secondaire. Tiraillée entre les intérêts divergents des pros et anti-putsch, le CPS a bien regardé là où il faut mettre les pieds pour arriver à une sortie de crise consensuelle (Accord de Dakar). Un rôle que d'aucuns ont considéré comme tardif, puisque, comme en Guinée et à Madagascar, il y avait des signes avant-coureurs prédisant à peu près ce qui allait se passer. Une mise en cause évidente du rôle du Conseil des Sages de l'UA et du Système d'Alerte Rapide qui n'ont pas fonctionné au moment opportun.

La crise mauritanienne a également été considérée comme un faire-valoir pour les crises guinéenne et malgache dont les " résolutions " sont en voie de suivre le même cheminement que l'UA, chef de file de ce qu'on avait appelé le Groupe de Contact International pour la Mauritanie, avait adopté pour concilier les points de vue entre les différents protagonistes de la crise. A moins que la tentative d'assassinat du chef de la junte en Guinée, Dadis Kamara, et les turbulences de la politique à Madagascar, n'obligent le CPS à revoir sa stratégie de gestion de ces conflits dont chacun constitue un " cas ", comme l'a dit, justement, un expert de l'UA. Pour le reste, les journalistes ont eu à comprendre, dans ses moindres recoins, l'AAPS et ses objectifs à moyen et long termes.


De la naissance du CPS

Le CPS a remplacé le Mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) au sein duquel l'Organe central assurait la direction et la coordination des activités entre les sessions ordinaires de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement. Cet Organe était composé de la troïka (le président sortant, le président en exercice et le président rentrant) et des membres du bureau de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement. Il disposait d'instruments opérationnels tels que le Secrétariat général, le Centre de gestion des conflits, le Système d'alerte précoce et le Fonds de la paix. Il fonctionnait au niveau des Chefs d'Etat, des ministres et des ambassadeurs accrédités auprès de l'OUA. Il pouvait être sollicité par le Secrétaire Général ou tout autre Etat membre. La transformation du Mécanisme, et en particulier de son Organe central, en Conseil de paix et de sécurité s'est inscrite dans le cadre d'une évolution institutionnelle plus large. Décidée à Syrte (Libye) en septembre 1999, les Etats souhaitent rénover l'OUA et créer l'UA. Dans un premier temps, lors du sommet de l'OUA à Lusaka en juillet 2001, la décision est prise de conserver le Mécanisme comme un organe de l'Union. Finalement, après une longue réflexion portant sur la révision des structures, des procédures et des méthodes de travail de l'Organe central, le choix est fait en faveur de l'élaboration du protocole relatif à la création du CPS. Celui-ci est adopté lors de la première session ordinaire de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union africaine à Durban (Afrique du Sud) le 9 juillet 2002 et entre en vigueur le 26 décembre 2003.

Le Conseil de paix et de sécurité est désigné comme étant un organe de décision permanent pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits. Il est considéré comme un système de sécurité collective et d'alerte rapide, visant à permettre une réaction rapide et efficace aux situations de conflit et de crise en Afrique. Il se compose de quinze membres ayant des droits égaux et élus de la manière suivante : dix membres élus pour un mandat de deux ans et cinq membres élus pour un mandat de trois ans en vue d'assurer la continuité. Le CPS s'appuie sur divers mécanismes opérationnels dont les trois principaux sont le système continental d'alerte rapide, le Conseil des Sages et la Force Africaine en Attente (FAA). Ces trois structures répondent d'ailleurs à une logique dans la manière d'appréhender les conflits, à savoir analyser, évaluer et agir. En outre, le CPS a recours à un comité d'état-major (CEM), peu actif, supposé conseiller le CPS pour les questions d'ordre militaire et de sécurité, et un fonds spécial pour le financement des opérations doté seulement de 10 millions de dollars US ! C'est indéniablement très peu pour faire face à des conflits dont 40% se trouvent en Afrique.


Source: L'authentique

Lundi 7 Décembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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