Affaire Ould Nagi : Quand Maouya se venge de ses créatures



Affaire Ould Nagi : Quand Maouya se venge de ses créatures
La Mauritanie est aujourd’hui suspendue à l’affaire Sidi El Moctar Ould Nagi. Sa majorité et son opposition, ses hommes d’affaires pro et anti-Aziz, ses cadres qui mangent dans la main de l’homme fort du moment et ceux qui les jalousent, ses citoyens prêts à tout croire et les autres, ceux que presque cinquante ans de république ont désabusés, ceux qui applaudissent l’opération mains propres du Président et ceux qui dénoncent, non sans quelques arguments, une chasse aux sorcières.

Tous ne parlent que de Ould Nagi, ce qu’il aurait dit aux enquêteurs, ce qu’il n’aurait pas voulu dire, ceux qui ont été convoqués à la police des crimes économiques ou encore ceux qui seront convoqués incessamment.

Mais, à y voir de près, on fait un constat surprenant : Tous les protagonistes de cette affaire sont des « créatures » de Maouya Ould Sidi Ahmed Taya, depuis Mohamed Ould Abdel Aziz jusqu’au plus simple des agents de police qui s’occupent de l’enquête !



Le Président-justicier a été son aide de camp puis le chef de sa sécurité, le principal prévenu a été son gouverneur de la BCM, puis son ministre et ambassadeur, les hommes d’affaires, surtout celui que la presse essaie en vain de blanchir, ont acquis ou agrandi (ou les deux à la fois) leur fortune en s’alimentant dans la mangeoire qu’il a transformé les biens du pays, les policiers qui mènent l’enquête ont été, pendant des décennies, ses bourreaux et ses espions !

Même le peuple, dans toutes ses franges, a été le sien, celui qui l’a applaudi et chanté ses louanges, ou celui qui l’a vilipendé et contribué, en s’opposant à lui, à lui donner du crédit et de la légitimité !

Mais il y a plus surprenant encore : Tous ont tué, ensemble, le père-créateur : Ould Abdel Aziz a été le fer de lance du complot, Ould Nagi a été complice (ne serait-ce que par son silence), les hommes d’affaires ont tous, sans exception, applaudi l’assassin du père-créateur et payé de leur poche pour son absolution, les policiers ont servi le « tueur » comme des domestiques et le peuple, dans toutes ses franges, a joué les indifférents avant d’introniser le frère parricide !

Mais que se passe-t-il donc aujourd’hui ? Pourquoi les complices d’hier sont-ils maintenant à couteaux tirés ? Eh bien c’est très simple : Les « créatures » de Maouya s’entre-mangent entre elles, exactement comme les héritiers se jettent les uns sur les autres dès l’enterrement du père.

Mais comme l’héritage positif du père Maouya (le pouvoir, l’argent, etc) a été accaparé par Ould Abdel Aziz et autres, la rivalité se fait aujourd’hui autour de son héritage négatif : un vrai déballage dans lequel les uns (les plus forts du moments) jettent cet héritage commun comme une patate chaude aux autres, donnant ainsi au peuple un spectacle dont il raffole : Un match entre les grands.

Mais celui qui s’amuse le plus c’est bien entendu Maouya : Il rit de Ould Abdel Aziz, son tombeur, qui s’avère un président incapable qu’il est de « commencer » son mandat dans la « sérénité », il rit de Ould Nagi et des « cadres » dont lui-même a fait « des gens », tous aujourd’hui transis de peur de voir Aziz leur sortir un dossier vrai ou fabriqué, il rit des hommes d’affaires qu’il voit trembler et prêts à ôter leurs vêtements en public pour obtenir d’être épargnés et leurs biens non confisqués, il rit des policiers qui interrogent Ould Nagi sur des sommes d’argent dont ils ont été eux-mêmes destinataires, en partie, il rit du peuple qui se laisse tromper par toute cette comédie dont l’objet est de lui cacher la réalité, triste, de son présent cruel et de son avenir incertain.

Il rit Maouya de là où il s’est exilé pour méditer les aléas de l’éphémère destin de Président des mauritaniens.

Et il se console de la vengeance que lui offre le temps : Ses « assassins » se tuent les uns les autres, de son vivant, presque sous ses yeux. Quel plaisir ! Car, qui peut en douter ? cette affaire n’est que le début de quelque chose ; d’une ère qui ne sera jamais favorable à ceux qui ont trahi Maouya : Si Ould Abdel Aziz poursuit sa fameuse « lutte contre la gabegie », il ne sera jamais épargné lui-même, ni ses proches, ni ses soutiens et son pouvoir tombera comme un lanceur de boomerang se fait assommer par l’objet qu’il vient de lancer ; s’il s’arrête il perd toute crédibilité, ouvre les yeux du peuple sur la réalité et crée une faille dans son pouvoir.

Quel plaisir pour Maouya de voir Ould Abdel Aziz aux fers de ses propres turpitudes ! Quel plaisir de voir ceux dont il a fait ce qu’ils sont dégurgiter les délices qu’ils lui doivent ! Quel plaisir de voir, de son vivant, que ceux qui l’ont trahi subissent le châtiment de la Providence ! Le plaisir irrésistible de la vengeance !

Adama Sow dit Yaya





Vendredi 20 Novembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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