Education Besoin de réforme



Education Besoin de réforme
Nouvelle rentrée scolaire, hier 4 octobre, mais sans véritable changement. Certes, les deux nouveaux - tout beaux - patrons des deux départements chargés de l'Education ont promis, dans leurs discours, monts et merveilles aux enseignants, mais le " faire comme si " par lequel cette nouvelle rentrée a débuté, la replace, incontestablement, dans le contexte habituel de théories éducatives loin des pratiques qui ont empêché ce secteur de décoller véritablement.



Les nouvelles autorités sont attendues dans deux domaines essentiels : l'amélioration du niveau des élèves et des conditions de vie et de travail des enseignants.

C'est à ces deux niveaux que le besoin de réforme et de changement radical se fait sentir dans un secteur où le malaise est perceptible à tous les compartiments et à travers des résultats scolaires exécrables depuis plusieurs années.

L'on ressent que la volonté politique très forte du nouveau président de changer en bien la donne éducative dans le pays impose aux nouveaux ministres de comprendre que ce dont l'école mauritanienne a besoin, c'est vraiment d'un remède de cheval, que sous d'autres cieux on appelle, communément, des " états généraux ". L'idée est dans l'air depuis l'époque de la Transition mais elle tarde à prendre forme. Toutes les " réformettes " annoncées (améliorations des conditions de travail, concours d'inspecteurs du secondaires, troisième cycle, construction d'une nouvelle université) ne sont pas de nature à faire oublier que les résultats du Bac, cuvée 2009, ont, pour la énième fois, sonné l'alarme : environ 5000 admis aux deux sessions, toutes séries confondues, sur plus de 40.000 candidats, soit un taux de réussite de 8%.

De tels résultats doivent constituer matière à réflexion pour les nouveaux responsables de l'Education. Comment sauver ce département gangrené par le clientélisme, les nominations qui ne tiennent compte d'aucun critère de compétence et l'absence de stratégie éducative efficiente ? Les promotions aux postes de responsabilité (directeurs régionaux de l'enseignement, inspecteurs départementaux, directeurs d'établissements, directeurs des études) constituent souvent le socle de toutes les revendications comme celles que soulèvent actuellement certains syndicats d'enseignants. S'y ajoutent, très souvent, les revendications pécuniaires auxquelles les enseignants ont pris goût depuis le passage remarqué de Madame Nebghouha Mint Haba dans ce département. L'action de l'ex-Ministre a eu ses partisans mais aussi ses détracteurs. Il y a ceux qui pensent que les réformes adéquates ont été lancées et ceux qui croient à une simple diversion. Il y a surtout ceux qui soulignent que la mise à niveau du système éducatif mauritanien nécessite la tenue, au plus vite, d'états généraux pour connaître les véritables problèmes et penser aux solutions qui s'imposent.

Car comprendre les divers aspects de la problématique de l'éducation en Mauritanie, c'est, essentiellement, tenter d'expliquer le phénomène de la faiblesse du rendement de l'école. C'est reconnaître le fait que, depuis quelques années, l'échec scolaire est patent. Elèves, parents d'élèves, enseignants et autorités découvrent par eux-mêmes que le système éducatif rencontre d'énormes problèmes : qualité d'enseignement médiocre, efficacité douteuse ou interrogative, un taux de redoublement et d'abandon encore inquiétant. Le temps consacré à un élève du primaire est plus long que le temps du cycle qui lui est officiellement imparti.

Dans bon nombre de pays, la scolarité primaire est obligatoire, ce qui est le cas chez nous mais de manière encore purement théorique, même si, à l'instar de beaucoup de pays du continent africain, la Mauritanie a entrepris de scolariser massivement sa jeunesse, convaincue que seule l'École prépare les gens à la citoyenneté. Loin d'être un droit, c'est aussi un devoir.


De la qualité de l'éducation d'un pays dépend… tout

Si l'on veut que l'éducation contribue au développement socio-économique du pays, il faut que l'école produise des jeunes qui ont reçu un enseignement de qualité. Il faut que l'école soit efficace. L'efficacité au niveau scolaire décrit la relation entre les facteurs qui ont rendu possible la fabrication d'un produit (les inputs par rapport aux outputs comme on dit en termes anglo-saxons) et le produit lui-même. Mais alors quel est le produit de l'éducation mauritanienne par rapport à ces objectifs internes ? Combien d'enfants sont scolarisés ? Quel est leur cheminement scolaire ? Quels sont les facteurs de réussite par rapport aux objectifs ainsi fixés ?

L'ensemble de ces questions justifie l'intérêt accordé aujourd'hui par les nouvelles autorités du pays au système scolaire en général, et plus particulièrement au secteur fondamental et secondaire qui a connu, comme pour la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, une croissance spectaculaire de ses effectifs durant les deux dernières décennies.


Rendement et efficacité


La Mauritanie a été contrainte, à l'heure des programmes d'ajustements structurels (PAS) et des compressions budgétaires du milieu de la décennie 80-90, de miser sur la qualité et l'efficacité du rendement scolaire de ses institutions. Mais entre le désir et la réalité, il y a un gouffre qui fait qu'aujourd'hui la question de la qualité de l'éducation prend toute son intensité dans ce contexte d'explosion des effectifs et de contraintes budgétaires.

Le problème de l'efficacité ou du rendement des systèmes éducatifs soulève des interrogations dans la plupart des pays. Est-ce qu'on a un système efficace ? Est-ce qu'il produit bien ce qu'il est censé produire, c'est-à-dire faire faire des acquisitions de connaissances, diplômer des personnes ? Fait-il en sorte que les jeunes avancent dans le système ? Évite-t-il que ces jeunes abandonnent et redoublent ? Quel est le bien fondé du système ? Quel est le profil de sortie des élèves issus de l'enseignement primaire? Quel est le taux de redoublement et d'abandon ? Le système actuel produit-il les effets escomptés ?

Le rendement d'un système éducatif se situe à deux niveaux, l'un interne et l'autre externe. L'appréciation des résultats des deux démarches n'est pas nécessairement identique, les indicateurs pour les mesurer n'étant pas toujours de même nature. En général, le rendement interne mesure le rapport entre les résultats et les moyens, entre les produits scolaires obtenus et les ressources engagées.

C'est cette réalité prenant en compte plusieurs paramètres qui amène de nombreux Mauritaniens à donner au Département de l'Education un rôle qui n'est pas forcément le sien. Doit-on, en effet, le rendre responsable de l'incapacité du Marché à absorber des centaines de diplômés qui sortent chaque année de l'Université de Nouakchott ou reviennent rapidement au pays après avoir séjourné à l'étranger ?

L'efficacité interne s'intéresse aux relations entre les intrants (inputs) éducatifs et les résultats scolaires, soit à l'intérieur du système éducatif dans son ensemble, soit au sein d'une institution scolaire déterminée. Les résultats dans cette optique sont à apprécier par rapport aux objectifs plus larges de la société.


Raisons de l'échec

L'échec peut se manifester lorsque les élèves ne maîtrisent pas leur programme scolaire. C'est le cas, par exemple, lorsqu'un enfant ne sait ni lire ni écrire correctement la langue d'enseignement à l'issu du cycle primaire. En cela, la qualité de notre enseignement fondamental soulève des inquiétudes. Dans les pays en développement, l'enseignement fondamental est très souvent la seule occasion pour les gens d'acquérir des connaissances, de s'alphabétiser et plusieurs d'entre eux ratent cette occasion.

Dans cette perspective, les objectifs de l'école se résumaient à "assurer à chacun et à chacune l'acquisition des savoirs, savoir-faire, attitudes et valeurs fondamentales nécessaires à la poursuite de leur formation dans le cadre d'une éducation permanente" disait Brunswick.

La notion de qualité fait implicitement référence à l'idée d'amélioration. En ce sens, il est incontestable que l'école mauritanienne, par rapport à ce qu'elle était il y a trente ans, a progressé. La qualité de l'éducation peut aussi se traduire par des objectifs arrêtés. On comprend que la qualité, dans cette optique, dépend des acteurs, des finalités, des objectifs et de la sphère d'intervention. Dans ce cas, le système tourne en rond depuis plusieurs années !

Si la qualité de l'éducation est évaluée par la réalisation des objectifs, une éducation de "bonne qualité" doit-elle réaliser tous ses objectifs ou une partie ? Dans l'affirmative, qui doit fixer les objectifs : l'État, les parents, les élèves, les enseignants, les administrateurs, les planificateurs…? La difficulté à définir ce que l'on entend par qualité de l'éducation fait dire qu'il est impossible de déterminer universellement un niveau de réussite qualitative. La définition de la qualité sera fonction de ce que l'on veut améliorer dans le fonctionnement d'un système éducatif et pour qui on veut le faire. L'amélioration peut porter sur les ressources, et là, reconnaissons-le tout de suite, ce que sortent nos écoles professionnelles (ENS et ENI) depuis près d'une décennie est vraiment décevant. Le ministère de l'Education doit "mettre le paquet", comme on dit, sur les méthodes et les processus de formation pour arriver à de meilleurs résultats. Les nouvelles autorités éducatives doivent appeler au plus vite à une réflexion sur cet aspect globalisant de l'Education, en suggérant au comité interministériel de se réunir pour revoir sa stratégie, pour repenser la Réforme de 1999.

Car, malgré les progrès réalisés, le système éducatif fait face à une incohérence résultant de l'inadaptation des nouveaux programmes, en cours depuis plusieurs années, et l'absence de profils de formateurs capables de les appliquer.





Source: l'authentique




Mardi 6 Octobre 2009
Boolumbal Boolumbal
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