Zéro pas en avant, trois en arrière



Zéro pas en avant, trois en arrière
Depuis la condamnation du directeur du site électronique Taqadoumy M. Hanefi Ould Deha par la Cour d’Appel à deux ans de prison ferme pour «rébellion, outrage aux bonnes mœurs et délit de presse», les réactions contre cette condamnation sont en première ligne de toutes les discussions et débats. Hanefi a été arrêté en juin 2009 suite à une plainte déposée contre lui, pour diffamations. Il a écopé d’une peine de six mois de prison, laquelle peine a été purgée. Nonobstant cette peine, Ould Deha a été maintenu en détention pendant plus d'un mois, bien que sa peine de six mois se soit terminée en fin décembre précisément le 24. L'Union des journalistes mauritaniens a dénoncé cette nouvelle condamnation, qu'elle considère comme un recul dans le domaine de la liberté de la presse. Cette condamnation suscite tant des remous au niveau national qu’international. Quant à Reporters sans frontière, elle appelle à la libération de Hanefi.
Dans un communiqué rendu public, la Coordination des Forces de l'opposition démocratiques (CFOD) a publié un communiqué appelant "tous les … pouvoirs en Mauritanie et de l'opinion publique internationale à s'opposer fermement au retour à la politique de la terreur". Elle dénonce également «le recul alarmant des libertés en Mauritanie, condamne fermement cette peine oppressive et exprime son entier soutien à Hanefi Ould Dehah et à toute la famille des journalistes».
Le collectif des avocats de la défense du journaliste juge que le verdict vise à «légaliser la pratique de la détention arbitraire».
Selon ce collectif, l’arrêt de la cour constitue un précédent «dangereux, un recul des libertés individuelles et collectives, qui ne saurait couvrir le crime de détention arbitraire.» Aussi l’opinion, nationale et internationale, est-elle invitée à continuer le combat, «en exerçant toute forme de pression, pour la fin de la violation, massive, de la loi et celle de la détention arbitraire.»
Toutes ces interventions montrent bien la tournure significative que l’affaire Hanefi a prise dans le domaine des libertés en mauritanie. Alors qu’on pensait que la liberté d’expression et de presse est devenue une réalité en Mauritanie. Des événements de ce genre viennent nous rappeler qu’il reste un chemin à parcourir, un chemin entaché d’embûches.
Ces signaux envoyés aux citoyens sont inquiétants tant dans le domaine des libertés individuelles que du domaine des libertés collectives.
Avant la transition de 2005, l’incarcération des journalistes était un préalable systématique à toute affaire de presse. La loi a été réformée pour mettre fin à ces genres de pratiques et donner des réponses adaptées aux éventuels cas de délits et diffamations. Une haute autorité e presse et de l’audiovisuel a été créée pour réguler les secteurs des médias. Mais dans ce domaine, il reste beaucoup à faire. A travers les procès de Hanefi, il faut dire que c’est un signal inquiétant lancé au secteur de la presse et à l’ensemble des citoyens dans le domaine de la liberté d’expression et de presse.
Il est vrai que les journalistes devraient se conformer aux règles de déontologie et de responsabilité en évitant les confusions entre information et rumeurs commentaires et amalgames, analyses et injures. Le cas de Hanefi ne semble traduire aucunement cette réalité. Du fait qu’il a purgé sa peine de six mois et a été contraint de rester en prison n’est –elle pas un message par rapport à la bonne santé de notre justice. Les lois ne sont-elles pas le visage de l’arbitraire légalisé comme le note le collectif de défense de Hanefi Ould Deha. Les lois ne devraient pas être faites selon les désirs des plus forts et interprétées selon leur propre convenance. Ce qui risque de donner un vide dans les institutions judicaires du pays.


Samba Fofana


Source: Biladi

Lundi 15 Février 2010
Boolumbal Boolumbal
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