
Avec le détournement des deniers publics, occuper un poste ministériel est devenu le moyen le plus rapide et le plus sûr d’accéder à la richesse ; cependant, sans forcément se servir, un membre du gouvernement est déjà très riche, seulement avec son salaire et les avantages liés à la fonction. Combien gagne un ministre? Combien coûte un remaniement ? Voici les chiffres :
Le salaire
Chaque mois, un membre du gouvernement mauritanien perçoit la somme de 1.600.000 ouguiyas (UM), repartis ainsi :
- Salaire 950.000 UM ;
- Loyer 300.000 UM ;
- Téléphone portable 200.000 UM ;
- Carburant 150.000 UM.
A cela s'ajoute une mutuelle de santé auprès de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) pour lui et sa famille, la prise en charge de ses factures d’eau et d’électricité ainsi que 3 véhicules, souvent neufs, dont la maintenance revient à l’Etat :
- La fameuse Mercedes sombre, symbole de la fonction, avec le chauffeur qui vient chercher le ministre le matin pour le déposer au bureau et le conduit lors de ses trajets professionnels ; parfois, rarement il et vrai, Madame s’y installe, le temps d’épater ses copines et le tout-venant, à la sortie des épiceries, du marché, de la jeteuse de cauris à la mode... etc ;
- Une voiture de ville pour la maison, type Toyota Avensis ou autres. Elle sert à déposer les enfants à l'école, les courses de Madame, raccompagner les visiteurs... etc ;
- Une voiture pour les déplacements privés du ministre, en dehors des horaires du travail. La plupart optent pour un véhicule 4X4, type Toyota Land cruiser VX ;
Bien entendu, tous les frais liés au parc automobile retombent sur l'Etat : papiers, entretien, approvisionnement, substitution provisoire, renouvellement... etc.
Le présent constat concerne les membres "ordinaires" du gouvernement, mais pour d'autres privilégiés, le traitement révèle une autre dimension du gaspillage. Il s'agit des cinq ministres dit "de souveraineté", ceux qui assurent les fonctions régaliennes : justice, intérieur, diplomatie, défense, et finances. Ceux-là, en plus du traitement d'un ministre ordinaire, ont accès aux fonds spéciaux. Il s'agit d'une caisse noire d'une valeur de 20.000.000 UM, renouvelable autant de fois que nécessaire.
La périodicité de son renflouement dépend de plusieurs paramètres, par exemple si le Président de la République confie, à un ministre régalien, une mission ponctuelle ou la présidence d'un comité interministériel ; l’influence politique du ministre suffit aussi à justifier cet usage exclusif.
Il va de soi qu'aucune juridiction ni instance n'exerce le moindre contrôle sur la destination et l’exercice comptable ; par exemple, un ministre pourra dépenser toute la somme, sans le moindre justificatif, en se contentant d'inscrire les mots "crédits divers" devant le montant. Il ne rendrait compte ni au président de la Cour des comptes ni à l'Inspecteur Général de l'Etat (IGE).
Un remaniement, ça coûte cher
Lorsque le ministre est en déplacement à l'étranger, il perçoit les per-diem, c'est à dire une dotation de 800 euros (300.000 UM) par jour, hors transport, frais de bouche et d'hébergement. Il empoche cet argent de poche béni qui sert, généralement, à réaliser des emplettes ou alors accélérer la construction d'une énième villa, à Tevragh-Zeïna. Pour envisager un ordre de grandeur comparatif, les petits fonctionnaires attendent d’accumuler leurs premiers per-diem pour se constituer de quoi s’acheter épouse et subvenir à la noce.
Chaque remaniement s’accompagne de son lot de limogeages, nominations ou confirmations. Le dernier en date renoue avec la méthode Ould Taya, en ce sens que la plupart des ministres - surtout les nouveaux - ont appris leur fortune à la télévision. Presque tous ont passé le reste de la soirée à tenter de joindre un proche du Président ou du premier ministre, afin de s'assurer qu'il s'agit bien de leurs noms, loin de toute confusion.
Finies donc les consultations hyper médiatisées du temps de Ould Cheikh Abdellahi où chaque ministre est convoqué, à la primature, pour un tête-à-tête avec le chef du gouvernement, une sorte d’entretien post-embauche suivi d’une sortie sous les flash et une brève déclaration aux journalistes massés dans le hall.
Nous assistons à un retour aux "fondamentaux" : discrétion, voire culte du secret, aucun ministre n’est consulté et l’on ne nomme que des personnes dont l’assentiment est certain.
Nous allons donc distinguér deux catégories :
- Les perdants : disgraciés ou rappelés à un niveau inférieur
Lorsqu'un ministre est limogé, il sait pouvoir compter sur 6 mois de salaire net. S'il est fonctionnaire, alors il retrouve son maigre salaire de la fonction publique ; bien entendu, nous ne parlons pas, ici, des ministres qui ont "mis de côté". Nous évoquons seulement le cas d'un ministre intègre ou, hypothèse moins hasardeuse, relativement sobre.
Pour ces 6 salaires, s'il connait quelqu'un d'influent au ministère des finances, alors il pourrait cumuler la somme d'un coup ; sinon, il devra patienter et empocher le salaire, à échéance mensuelle. Il récupère également 3 mois de loyer, 3 mois de téléphone portable payés, après quoi il bascule en mode prépayé, c'est-à-dire l’achet de cartes de crédit, comme le citoyen lambda ; mais il peut garder l'appareil téléphonique et l'ordinateur portable car ils contiennent son répertoire et ses données personnelles. Il restitue le 4X4 et la Mercedes mais peut, s'il le demande, retenir le petit véhicule domestique, durant deux mois.
Une jurisprudence bien établie veut qu'un ministre dit "de souveraineté" parte avec le reste des fonds spéciaux et le petit véhicule, qu'il s'empresse d'immatriculer au nom d’un membre de sa famille.
- Les gagnants : nouveaux désignés ou maintenus
Dès sa prise de fonction, un ministre emménage dans un domicile "ministériel" dont le loyer mensuel atteindrait 300.000 UM. S'il possède son propre toit et souhaite y demeurer, alors le loyer s'additionne à son salaire.
En même temps, une enveloppe de 3.000.000 UM lui est octroyée, pour meubler son logis. Cette dotation est perçue même si le ministre est reconduit. C'est le cas d’une bonne demi-douzaine des membres de l’actuel gouvernement. Ils ont bénéficié du concours par trois fois : le 31 août 2008 lors de la formation du premier gouvernement post-putsch, le 26 juin 2009 suite à leur entrée dans le gouvernement d'union nationale, enfin le 11 août 2009, à la formation du cabinet Ould Mohamed Lagdhaf III.
9.000.000 UM se consument ainsi en matelas, coussins, assiettes bariolées, babioles kitch et autres chinoiseries d’un goût incertain ; l’histoire ne dit pas s’ils empilent les matelas dans les salons ou si certains préparent leur reconversion en marchands de tapis (sic).
Conclusion
Pour connaître le coût d'un remaniement, il suffit de savoir que le Trésor Public dépense de l'argent dans les deux sens : afin d’accompagner les sortants, d'équiper les entrants et de rééquiper (ou suréquiper) les maintenus dont chacun a déjà élargi la taille et troué le fond de ses poches.
Les montants s'additionnent et l’on arrive, très vite, à un demi-milliard d'ouguiya, sans compter les caisses noires qui échappent, par définition, à toute comptabilité. L'on comprend donc aisément la réticence, pour un Président, de changer souvent de gouvernement car, avant d'y penser, il lui faut mobiliser la rondelette somme de 500.000.000 UM !
Epilogue
Ces chiffres paraîtront dérisoires à quiconque se penchera sur les sommes faramineuses dépensées, à l’occasion de chaque mouvement dans la diplomatie. En effet, lorsqu'il s'agit de déménager ou d'installer un ambassadeur ou un consul, c'est toute une famille qu'il faut prendre en charge ; dans ce domaine, notamment en Europe et en Amérique du Nord, les meubles, les loyers, les frais de santé et de scolarité n'ont pas le même coût qu'à Nouakchott.
La plupart des diplomates mauritaniens affectionnent le mobilier disponible au pays. Le coût double alors avec l’acheminement par bateau, vers le lieu d’affectation. Le contribuable mauritanien paye, afin que son Excellence, Madame, la progéniture et les invités puissent s’allonger, à Paris ou à Washington, sur un mobilier typiquement salon de Tevragh Zeïna.
Dans ce papier, nous nous sommes concentrés sur ce dont bénéficie un ministre, légalement, sans voler et Dieu sait combien c’est rare au pays du million de poètes-indicateurs de police. Il existe cependant d’autres méthodes que certains hauts commis de l’Etat n’hésitent pas à utiliser afin d’arrondir leurs fins de mois. Citons-en une, à titre d’exemple :
Le gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) est l'unique signataire des comptes de la BCM à l'étranger ; de ce fait, il dispose de toute latitude d'émettre les chèques qu'il souhaite. La principale source d’enrichissement de ses prédécesseurs consistait à faire fructifier l'argent de la Mauritanie à l'étranger et le remettre dans les comptes de la Banque, dès nécessité. Les retards des bources des étudiants, stagiaires et militaires en formation à l’étranger procèdent de ce mécanisme ; paradoxalement, le salaire de l’ambassadeur n’est jamais en retard.
L’inconvénient de la méthode tient à la condition que l’ambassadeur doit cultiver une certaine connivence avec le comptable. Alors, l’argent arrive de Nouakchott, ensuite il est déposé sur un compte rémunéré ; dès que le besoin se fait sentir, l’on retire le montant et le bénéfice revient, en partage, aux deux conjurés.
C'est aussi valable pour le ministre des finances s'il s'entend bien avec le trésorier mais, pour ces deux là, le détournement déguisé s’effectué uniquement à l’intérieur du pays où les comptes-épargnes ne rapportent rien et les cabinets de placement en bourse inexistants. Certains comptent sur le trafic des devises, pour réaliser des profits spectaculaires, parfois par la revente, d’une partie de ses propres réserves, à la BCM.
A l’ensemble de ces procédés illégaux, nous consacrerons un traitement à part, dans les prochains semaines. A supposer que le nouveau Président de la République ignore la nature et les auteurs de tels actes – dont tant de bénéficiaires pullulent dans son camp – nous lui éviterions ainsi l’improbable excuse du "je ne savais pas".
Source : Taqadoumy
Le salaire
Chaque mois, un membre du gouvernement mauritanien perçoit la somme de 1.600.000 ouguiyas (UM), repartis ainsi :
- Salaire 950.000 UM ;
- Loyer 300.000 UM ;
- Téléphone portable 200.000 UM ;
- Carburant 150.000 UM.
A cela s'ajoute une mutuelle de santé auprès de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) pour lui et sa famille, la prise en charge de ses factures d’eau et d’électricité ainsi que 3 véhicules, souvent neufs, dont la maintenance revient à l’Etat :
- La fameuse Mercedes sombre, symbole de la fonction, avec le chauffeur qui vient chercher le ministre le matin pour le déposer au bureau et le conduit lors de ses trajets professionnels ; parfois, rarement il et vrai, Madame s’y installe, le temps d’épater ses copines et le tout-venant, à la sortie des épiceries, du marché, de la jeteuse de cauris à la mode... etc ;
- Une voiture de ville pour la maison, type Toyota Avensis ou autres. Elle sert à déposer les enfants à l'école, les courses de Madame, raccompagner les visiteurs... etc ;
- Une voiture pour les déplacements privés du ministre, en dehors des horaires du travail. La plupart optent pour un véhicule 4X4, type Toyota Land cruiser VX ;
Bien entendu, tous les frais liés au parc automobile retombent sur l'Etat : papiers, entretien, approvisionnement, substitution provisoire, renouvellement... etc.
Le présent constat concerne les membres "ordinaires" du gouvernement, mais pour d'autres privilégiés, le traitement révèle une autre dimension du gaspillage. Il s'agit des cinq ministres dit "de souveraineté", ceux qui assurent les fonctions régaliennes : justice, intérieur, diplomatie, défense, et finances. Ceux-là, en plus du traitement d'un ministre ordinaire, ont accès aux fonds spéciaux. Il s'agit d'une caisse noire d'une valeur de 20.000.000 UM, renouvelable autant de fois que nécessaire.
La périodicité de son renflouement dépend de plusieurs paramètres, par exemple si le Président de la République confie, à un ministre régalien, une mission ponctuelle ou la présidence d'un comité interministériel ; l’influence politique du ministre suffit aussi à justifier cet usage exclusif.
Il va de soi qu'aucune juridiction ni instance n'exerce le moindre contrôle sur la destination et l’exercice comptable ; par exemple, un ministre pourra dépenser toute la somme, sans le moindre justificatif, en se contentant d'inscrire les mots "crédits divers" devant le montant. Il ne rendrait compte ni au président de la Cour des comptes ni à l'Inspecteur Général de l'Etat (IGE).
Un remaniement, ça coûte cher
Lorsque le ministre est en déplacement à l'étranger, il perçoit les per-diem, c'est à dire une dotation de 800 euros (300.000 UM) par jour, hors transport, frais de bouche et d'hébergement. Il empoche cet argent de poche béni qui sert, généralement, à réaliser des emplettes ou alors accélérer la construction d'une énième villa, à Tevragh-Zeïna. Pour envisager un ordre de grandeur comparatif, les petits fonctionnaires attendent d’accumuler leurs premiers per-diem pour se constituer de quoi s’acheter épouse et subvenir à la noce.
Chaque remaniement s’accompagne de son lot de limogeages, nominations ou confirmations. Le dernier en date renoue avec la méthode Ould Taya, en ce sens que la plupart des ministres - surtout les nouveaux - ont appris leur fortune à la télévision. Presque tous ont passé le reste de la soirée à tenter de joindre un proche du Président ou du premier ministre, afin de s'assurer qu'il s'agit bien de leurs noms, loin de toute confusion.
Finies donc les consultations hyper médiatisées du temps de Ould Cheikh Abdellahi où chaque ministre est convoqué, à la primature, pour un tête-à-tête avec le chef du gouvernement, une sorte d’entretien post-embauche suivi d’une sortie sous les flash et une brève déclaration aux journalistes massés dans le hall.
Nous assistons à un retour aux "fondamentaux" : discrétion, voire culte du secret, aucun ministre n’est consulté et l’on ne nomme que des personnes dont l’assentiment est certain.
Nous allons donc distinguér deux catégories :
- Les perdants : disgraciés ou rappelés à un niveau inférieur
Lorsqu'un ministre est limogé, il sait pouvoir compter sur 6 mois de salaire net. S'il est fonctionnaire, alors il retrouve son maigre salaire de la fonction publique ; bien entendu, nous ne parlons pas, ici, des ministres qui ont "mis de côté". Nous évoquons seulement le cas d'un ministre intègre ou, hypothèse moins hasardeuse, relativement sobre.
Pour ces 6 salaires, s'il connait quelqu'un d'influent au ministère des finances, alors il pourrait cumuler la somme d'un coup ; sinon, il devra patienter et empocher le salaire, à échéance mensuelle. Il récupère également 3 mois de loyer, 3 mois de téléphone portable payés, après quoi il bascule en mode prépayé, c'est-à-dire l’achet de cartes de crédit, comme le citoyen lambda ; mais il peut garder l'appareil téléphonique et l'ordinateur portable car ils contiennent son répertoire et ses données personnelles. Il restitue le 4X4 et la Mercedes mais peut, s'il le demande, retenir le petit véhicule domestique, durant deux mois.
Une jurisprudence bien établie veut qu'un ministre dit "de souveraineté" parte avec le reste des fonds spéciaux et le petit véhicule, qu'il s'empresse d'immatriculer au nom d’un membre de sa famille.
- Les gagnants : nouveaux désignés ou maintenus
Dès sa prise de fonction, un ministre emménage dans un domicile "ministériel" dont le loyer mensuel atteindrait 300.000 UM. S'il possède son propre toit et souhaite y demeurer, alors le loyer s'additionne à son salaire.
En même temps, une enveloppe de 3.000.000 UM lui est octroyée, pour meubler son logis. Cette dotation est perçue même si le ministre est reconduit. C'est le cas d’une bonne demi-douzaine des membres de l’actuel gouvernement. Ils ont bénéficié du concours par trois fois : le 31 août 2008 lors de la formation du premier gouvernement post-putsch, le 26 juin 2009 suite à leur entrée dans le gouvernement d'union nationale, enfin le 11 août 2009, à la formation du cabinet Ould Mohamed Lagdhaf III.
9.000.000 UM se consument ainsi en matelas, coussins, assiettes bariolées, babioles kitch et autres chinoiseries d’un goût incertain ; l’histoire ne dit pas s’ils empilent les matelas dans les salons ou si certains préparent leur reconversion en marchands de tapis (sic).
Conclusion
Pour connaître le coût d'un remaniement, il suffit de savoir que le Trésor Public dépense de l'argent dans les deux sens : afin d’accompagner les sortants, d'équiper les entrants et de rééquiper (ou suréquiper) les maintenus dont chacun a déjà élargi la taille et troué le fond de ses poches.
Les montants s'additionnent et l’on arrive, très vite, à un demi-milliard d'ouguiya, sans compter les caisses noires qui échappent, par définition, à toute comptabilité. L'on comprend donc aisément la réticence, pour un Président, de changer souvent de gouvernement car, avant d'y penser, il lui faut mobiliser la rondelette somme de 500.000.000 UM !
Epilogue
Ces chiffres paraîtront dérisoires à quiconque se penchera sur les sommes faramineuses dépensées, à l’occasion de chaque mouvement dans la diplomatie. En effet, lorsqu'il s'agit de déménager ou d'installer un ambassadeur ou un consul, c'est toute une famille qu'il faut prendre en charge ; dans ce domaine, notamment en Europe et en Amérique du Nord, les meubles, les loyers, les frais de santé et de scolarité n'ont pas le même coût qu'à Nouakchott.
La plupart des diplomates mauritaniens affectionnent le mobilier disponible au pays. Le coût double alors avec l’acheminement par bateau, vers le lieu d’affectation. Le contribuable mauritanien paye, afin que son Excellence, Madame, la progéniture et les invités puissent s’allonger, à Paris ou à Washington, sur un mobilier typiquement salon de Tevragh Zeïna.
Dans ce papier, nous nous sommes concentrés sur ce dont bénéficie un ministre, légalement, sans voler et Dieu sait combien c’est rare au pays du million de poètes-indicateurs de police. Il existe cependant d’autres méthodes que certains hauts commis de l’Etat n’hésitent pas à utiliser afin d’arrondir leurs fins de mois. Citons-en une, à titre d’exemple :
Le gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) est l'unique signataire des comptes de la BCM à l'étranger ; de ce fait, il dispose de toute latitude d'émettre les chèques qu'il souhaite. La principale source d’enrichissement de ses prédécesseurs consistait à faire fructifier l'argent de la Mauritanie à l'étranger et le remettre dans les comptes de la Banque, dès nécessité. Les retards des bources des étudiants, stagiaires et militaires en formation à l’étranger procèdent de ce mécanisme ; paradoxalement, le salaire de l’ambassadeur n’est jamais en retard.
L’inconvénient de la méthode tient à la condition que l’ambassadeur doit cultiver une certaine connivence avec le comptable. Alors, l’argent arrive de Nouakchott, ensuite il est déposé sur un compte rémunéré ; dès que le besoin se fait sentir, l’on retire le montant et le bénéfice revient, en partage, aux deux conjurés.
C'est aussi valable pour le ministre des finances s'il s'entend bien avec le trésorier mais, pour ces deux là, le détournement déguisé s’effectué uniquement à l’intérieur du pays où les comptes-épargnes ne rapportent rien et les cabinets de placement en bourse inexistants. Certains comptent sur le trafic des devises, pour réaliser des profits spectaculaires, parfois par la revente, d’une partie de ses propres réserves, à la BCM.
A l’ensemble de ces procédés illégaux, nous consacrerons un traitement à part, dans les prochains semaines. A supposer que le nouveau Président de la République ignore la nature et les auteurs de tels actes – dont tant de bénéficiaires pullulent dans son camp – nous lui éviterions ainsi l’improbable excuse du "je ne savais pas".
Source : Taqadoumy