Le nouveau son de Baaba Maal: un chanteur entre deux mondes



Le nouveau son de Baaba Maal: un chanteur entre deux mondes
Proche de son continent dont il ne cesse de défendre la cause depuis plus de vingt ans sur les scènes internationales, le Sénégalais Baaba Maal a choisi de donner un son contemporain à son nouvel album, Television, très éloigné de l’univers dépouillé du précédent Missing You, paru en 2001. Rencontre avec un artiste qui, entre tradition et modernité, refuse de devoir choisir.

RFI Musique : Quelle était l’envie première au moment d’aborder ce nouvel album ?

Baaba Maal : Surtout me présenter comme musicien, chanteur, tout simplement, et non comme musicien africain. Utiliser ma voix, les mélodies que j’ai utilisées pour composer mes chansons à la guitare et voir dans quelle mesure elles pourraient évoluer, en faisant appel à des musiciens qui viennent d’espaces totalement différents du mien. On a habitué ceux qui écoutent notre musique à nous voir comme des artistes africains, alors que nous sommes des musiciens avant tout.

Est-ce un projet qui a mis du temps à mûrir en vous ?

J’ai essayé, j’ai laissé tomber… J’ai écrit des chansons que j’ai sorties en Afrique. Il fallait prendre le temps et voir ce que je voulais faire après Missing You, qui m’avait ramené vers l’écriture de Baayo. Quelque chose qui pourrait coller avec ce que je voulais dire. Il n’y a pas que la musique, il y a aussi ce qui se dit dans la musique.

Dans votre discographie, vous alternez les albums inspirés des musiques traditionnelles et ceux très crossover. Avez-vous besoin de ces deux facettes ?

Oui, elles sont partie intégrante de ma personnalité. Ça dépend de la vie que je mène, du moment… Si j’ai envie de parler à ma communauté, à l’Afrique, c’est la musique traditionnelle qui revient en force en moi. Mais si je suis interpellé par ce qui se passe dans le monde et que je veux dire mon mot par rapport à tout ça, c’est l’autre facette qui l’emporte. Quand elles combattent l’une contre l’autre, là c’est un problème : je me sens un peu perdu. Heureusement, il y a toujours des éléments qui me servent de repères pour trouver mon chemin. Ou certaines personnes, comme mon ami Mansour Seck, avec qui j’ai travaillé depuis toujours.

Sur le livret de ce nouveau CD, vous remerciez justement Mansour Seck que vous appelez "My Best Friend" ? Sur quoi repose l’efficacité de votre association ?

Je suis fondamentalement traditionnaliste. J’ai grandi dans un environnement culturel très africain, loin des grandes villes. En même temps, j’ai reçu une éducation un peu moderne et européenne d’un père qui a vécu en France et qui a cru que m’amener à l’école, ça pourrait faire la différence. Donc je regarde ce qui est moderne comme quelque chose qui m’appartient aussi. Mansour, lui, est un griot. Et, à chaque fois que je m’égare un peu, il tire sur mon boubou et me rappelle que lorsqu’on commençait à chanter, on ne voulait être que des musiciens traditionnels.

Vous avez également quelques mots gentils pour Chris Blackwell, l’ancien producteur de Bob Marley qui vous épaule depuis longtemps. Guide-t-il certains de vos choix ?

Il m’a mis dans la tête que je devais être conscient du rôle que ma musique pouvait jouer pour le continent africain. Utiliser tous mes atouts au service d’abord de ma communauté, l’Afrique, avant même de penser au commerce. Dans le monde de la musique, ce n’est pas fréquent mais Chris a vraiment cette relation avec moi. Quand j’étais à Philadelphie dans le studio des Roots, il m’a rendu visite à plusieurs reprises. Pas pour savoir comment évoluait le travail de préparation de cet album, mais en tant qu’ami. Par curiosité. Et, très souvent, il me donne des conseils avisés.

Source :RFI




Le nouveau son de Baaba Maal: un chanteur entre deux mondes

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Mardi 11 Août 2009
Boolumbal Boolumbal
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