Hivernage/inondations: El Mina, Sebkha, Basra et Bagdad redoutent le pire!



Hivernage/inondations: El Mina, Sebkha, Basra et Bagdad redoutent le pire!
Nouakchott est, probablement, la seule capitale du monde où les habitants n’aiment pas la pluie. Et pour cause: il suffit de quelques petits millimètres pour que toute la ville patauge dans l’eau, que les maisons suintent, que des lacs se forment dans les rues et envahissent, par endroit les habitations. Les marchés des 5ème et 6ème deviennent inaccessibles, les voitures s’embourbent, les petits charretiers transportent, à prix d’or, les personnes, pour traverser les marigots. L’eau stagne et finit par empester la vie des citoyens. Quand un orage se forme, beaucoup de citoyens de la capitale prient Dieu pour qu’Il aille déverser son «trésor» ailleurs; au Foutah, par exemple, pour les cultivateurs; à la Badia, pour les éleveurs. Curieuse attitude pour des Musulmans, en ce que Dieu a dit que la pluie, c’est la bénédiction, elle fait revivre la terre et les êtres. C’est bien vrai mais, hélas, à Nouakchott, ce ne sont que les moustiques, les mouches, les cafards et les microbes, vecteurs de mille et une maladies, qui profitent de cette bénédiction. L’hivernage 2009 a été catastrophique pour certains quartiers. Nombre de familles d’El Mina, Sebkha, Basra et Bagdad ont dû abandonner leur maisons. Pourtant Dieu sait qu’il n’a pas beaucoup plu, à Nouakchott, si l’on compare aux quantités tombées à Dakar, à Bamako ou à Ougadougou. A Nouakchott, la constitution du sol fait qu’il n’absorbe pas l’eau ; il n’y a aucune canalisation pour évacuer les ruissellements. Pire: quand il pleut beaucoup, l’eau remonte des profondeurs de la terre. Dernière née des capitales de la sous-région, Nouakchott aura, pourtant, été la seule sans plan directeur d’urbanisation. En septembre dernier, pas un jour qui ne passa, sans que des pères ou mères de famille ne viennent chercher des maisons à louer, dans les quartiers périphériques, comme Arafat et Ryad. Des quartiers qu’ils avaient toujours qualifiés de «brousse» ; d’autres, qui y disposaient de terrains ou de maisons louées à des tiers, ont, vite, engagé les constructions ou repris leurs droits de propriétaire. Le phénomène ne fera que s’accentuer avec la fin des conventions de l’Etat, surtout du côté de Bagdad.
Rien pour endiguer les inondations
Face à cette dramatique situation, rien n’a été fait pour endiguer le phénomène. Pas de plan ORSEC – hors sec? – comme chez nos voisins, juste quelques motopompes et des citernes, pour dégager les grands axes, comme le carrefour de la BMD. Dans les quartiers précités, les opérations publiques de secours n’ont pas duré; à El Mina, c’est seulement l’ADP World Vision qui a mis en place une opération d’urgence, pour ensabler les rues et pomper l’eau stagnante dans les écoles. Selon nos informations, elle s’apprête à rééditer son exploit.
Quant à l’Etat, on ne le voit pas sur le terrain. Depuis la fin du dernier hivernage, on a oublié ces quartiers victimes. Et avec les signes annonciateurs du suivant, l’inquiétude et la peur des populations grandissent; elles redoutent le pire, cette année. Et pour cause: la réalisation, dans ces quartiers, de routes bitumées. De fait, qui a vu ces goudrons – notamment celui qui passe au nord de la mosquée de Qatar et qui abouti à la CAPEC d’El Mina, ou celui qui passe par l’ancien robinet 10 vers la zone militaire – se demande-t-on ? Quel technicien en a conçu l’ouvrage, quel organisme de contrôle en a suivi l’œuvre ? Le niveau de la chaussée est si élevé, par rapport aux maisons attenantes, que la moindre goutte de pluie va, immanquablement, aboutir directement en celles-ci. Déjà, les populations riveraines ont fini par ne plus pouvoir déverser leurs eaux de ménage parce que celles-ci retournent, inlassablement, dans ou aux alentours immédiats de leur domicile. Qu’attendre, alors, des eaux de ruissellement? Il fallait, plutôt, maugrée, déjà, nombre de citoyens, réhabiliter la route allant de la SOCOGIM jusqu’à la préfecture d’El Mina, en passant par le carrefour Yéro Sarr, et l’ancienne route séparant El Mina de Sebkha. La première est infestée de nids de poule et la seconde, envahie de sable, de commerces et autres ateliers de soudure. Selon les riverains rencontrés, le pire est devant. «On croirait», dit l’un d’eux, «que cette rue est construite pour contraindre les riverains du marché à déguerpir, pour libérer la place aux magasins des commerçants des marchés de Sebkha et d’El Mina».
Aujourd’hui, les populations des quartiers d’El Mina, Sebkha, Basra et Bagdad prient, tout simplement, pour qu’il ne pleuve pas à Nouakchott. Peuvent-ils faire autre chose? Car, soit dit en passant, qui paiera la note des éventuels dégâts consécutifs à l’incurie des concepteurs des nouveaux axes goudronnés? La Mauritanie nouvelle et rectifiée, faut-il présumer?
Dalay Lam


Source: Calame

Mercredi 4 Août 2010
Boolumbal Boolumbal
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