Anciens militaires radiés : une bombe en puissance

Le nombre d’anciens militaires radiés pour des motifs généralement liés à des présumés complots contre la sûreté de l’Etat surtout durant la période de Ould Taya, varie selon des statistiques approximatives entre 2 et 3 milles personnes. Les négro-mauritaniens sont les plus touchés par des vagues de radiations assimilées à des purges éthiques. Les autres appartiendraient à des sensibilités idéologiques d’obédience nasséristes ou Baathistes. Les haratines victimes collatérales des complots réels ou supposés comptent aussi des centaines d’anciens soldats rayés des effectifs de l’armée. Ces anciens soldats ayant une parfaite connaissance des casernes et une longue expérience du maniement des armes constituent un danger potentiel pour le pays et ce, dans un contexte marqué par des assauts répétés des groupes terroristes d’Aqmi dans la sous- région sahélienne. Misérables dans leur majorité et disposant dans
le meilleur des cas de simples pensions de retraite, révoltés par des règlements de comptes, ces hommes sont des cibles potentiels pour une organisation qui n’hésite pas à récupérer ces éléments en rade . Un ancien commandant de l’armée très célèbre avait, il y a quelques années qualifié le cas d’anciens militaires de bombe à retardement en soulignant que dans des pays aussi fragiles que le notre , laisser tous ces bidasses errer sans les rues est inadmissible . Il a proposé à ce que cette masse soit réinsérée dans le cadre d’autres programmes sociaux. Ces gens réduits à d’autres métiers pénibles de survie et sans grande rémunération voient d’un œil révolté le sort qui leur est réservé. On rencontre ces gens partout. Dans l’informel comme gardiens, veilleurs de nuit, chauffeurs de taxi ou de bus. Les conflits entre conducteurs de taxi disposant de permis militaire et des agents de police routière
sont l’expression de cette révolte qui éclate à la moindre occasion. Ceux qui ont eu la chance de se réintégrer dignement le doivent à une bonne spécialisation au sein l’armée durant leur carrières. Face à cette bombe en puissance faut –il continuer à afficher une indifférence ou prendre la mesure de la situation et adopter une stratégie efficace pour désamorcer cette situation qui couve. A la gendarmerie, quelques pas du reste improvisé et aux contours mal définis ont été envisagés dans l’optique de canaliser ces formes dormantes de la gendarmerie. Une association a été crée pour servir de cadre de retrouvaille entre les anciens de ce corps. Il y a aussi d’autres associations de rescapés du passif humanitaire qui se sont constituées au lendemain des purges ethniques contre les négro-mauritaniens divisées sur l’approche utilisée pour solder le dossier des victimes de la répression. Il existe aussi des dizaines
d’autres associations d’anciens militaires qui cherchent à revaloriser leurs statuts. Mais le grand problème reste celui des déclassés des corps des armées sans droits et qui sont potentiellement des bras armés aux groupuscules terroristes qui menacent la stabilité du pays.

Cheikh Tidiane Dia

Source: http://le-renovateur