‘’Il n’était donc pas dans mon agenda de conclure une quelconque transaction avec le président au cours de ma rencontre avec lui’’
El Vejr : Commençons par votre rencontre avec le président de la république. A l’issue de cette rencontre, le bureau exécutif de votre parti a rendu publique une déclaration que d’aucuns ont interprétée comme une reconnaissance tardive de la légitimité de Mohamed Ould Abdel Aziz. Pouvez-vous expliquer, franchement, à nos lecteurs, ce qui s’est réellement passé?
Ahmed Ould Daddah : Ce qui s’est passé, c’est que le président Mohamed Ould Abdel Aziz m’a invité, sur sa propre initiative, et je l’ai rencontré au rendez-vous fixé. Nous nous sommes entretenus sur des questions générales qui concernent le pays, sur les plans politique, sécuritaire, économique et même environnemental.
En réalité, nos discussions ont été franches mais je trouve, par principe, inapproprié de dévoiler le contenu de mes discussions avec les responsables, sauf lorsqu’il s’agit de points précis que j’estime nécessaire d’annoncer à l’opinion publique.
Pour ce qui est des interprétations ou des analyses faites, par les uns ou les autres, à l’issue de la rencontre, je pense qu’elles se sont basées sur l’expression «président de la République», mentionnée dans la déclaration du Bureau exécutif. En effet, on peut lire dans cette déclaration: «Le président du parti a été reçu par le président de la République». Cela est nouveau, dans le jargon du RFD.
Comme vous le savez, la position du parti, vis-à-vis de l’élection présidentielle, est connue, claire et fondée sur des bases également claires. Elle découle de la nature et de la réalité de ce qui s’est passé. Le RFD avait exprimé, en son temps, son rejet des résultats, affirmant, ainsi, qu’il ne reconnaissait ni la légitimité ni la crédibilité du scrutin. Je pense que c’est une attitude objective, démocratique et réaliste. Aujourd’hui, la situation est différente. Une année est passée, depuis les élections et Mohamed Ould Abdel Aziz se maintient au pouvoir. De plus, la Mauritanie connaît des conditions politiques, économiques et, surtout, de sécurité très particulières. Je considère, personnellement, que la Mauritanie doit, toujours, rester au dessus de toute autre considération. Lorsqu’il s’agit de l’intérêt supérieur de la Nation, toutes les autres considérations deviennent secondaires. Qu’il s’agisse de personnalités, de partis politiques, d’élections ou autres, quand l’intérêt supérieur du pays est en jeu, tout cela doit être relégué au second rang.
Cependant, c’est une position prise, démocratiquement, par le parti et je suis tenu de m’y soumettre. Seulement, je puis vous assurer que je n’ai pas promis, à Mohamed Ould Abdel Aziz, que le RFD reconnaîtra son régime. Je n’ai absolument pas abordé ce sujet durant notre entrevue car je garde, pour moi et pour le parti, la liberté et l’indépendance dans la prise de décision en la matière.
Je dois ajouter que je n'ai pas conclu une transaction quelconque, avec Ould Abdel Aziz. D’abord, je ne suis pas de ceux qui s’adonnent aux transactions politiques de ce genre et ce n’est pas le moment, non plus, des transactions. Il n’était donc pas dans mon agenda de conclure une quelconque transaction, avec le président, au cours de ma rencontre avec lui. L’important, pour moi, étant de préserver les intérêts du pays et son unité; de réaliser, autant que possible, la cohésion nationale et de rassembler tous les fils de notre patrie, aussi bien le gouvernement au pouvoir que les partis de l’opposition, autour des questions essentielles qui concernent leur devenir.
On parle de mains étrangères qui auraient préparé cette rencontre et œuvré pour sa tenue. Est-ce vrai?
Je vous affirme qu’il n’y a aucune main étrangère, de quelque nature que ce soit, derrière cette rencontre. Bien entendu, je ne nie pas que je sois allé, juste après cette entrevue, en visite en France, pour tenir des réunions politiques, avec certains partis de ce pays mais je n’ai absolument pas évoqué, lors de ces réunions, ce dont j’ai discuté avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Par principe, je n’accepte jamais de discuter, avec un étranger, de questions spécifiquement nationales. Je suis très jaloux pour ce qui est de la souveraineté nationale et très jaloux, aussi, par rapport à la liberté et à l’indépendance du parti. Cela est connu par l’ensemble des partenaires étrangers avec lesquels nous sommes en contact. Je ne fonde, jamais, une relation avec une partie quelconque, que sur la base du respect réciproque, notamment le respect de la spécificité nationale et la souveraineté de mon pays. Je ne le dirais jamais assez: la souveraineté et l’indépendance de la Mauritanie restent toujours, pour moi, au dessus de toute autre considération.
Certains observateurs font le lien entre la rencontre qui vous a réuni, avec le président de la République, et le raid mené par l’armée nationale, contre les bases d’AQMI. On pense que cette opération militaire aurait facilité ou, du moins, accéléré la rencontre, surtout que votre position, par rapport à l’attaque militaire, était différente de celles des autres partis de l’opposition, puisque vous soutenez les forces armées dans cette opération. Qu’en dites-vous? La rencontre était-t-elle, réellement, programmée ou c’est, plutôt, votre position par rapport à l’attaque qui en a facilité la tenue?
Premièrement, j’ai été invité bien avant l’opération militaire dont vous parlez. En ce qui concerne l’opération que l’armée nationale a menée récemment, j’ai une position de principe, constante. Je considère que l’armée est un symbole, parmi les symboles de la souveraineté nationale. Nous soutenons l’armée, en toutes circonstances, car nous estimons qu’il s’agit de nos fils qui défendent notre intégrité territoriale et qui ont pour mission de protéger la patrie. Mais l’armée est aussi un instrument, parmi d’autres, que le pouvoir en place utilise pour défendre la patrie. Quant je la soutiens, je ne fais que mon devoir national. Après tout, l’armée est constituée de nos fils et filles qui défendent notre patrie. Ils s’acquittent d’une mission nationale des plus nobles et il est de notre devoir, à tous, de les appuyer, en tant que forces armées de notre pays.
Pour ce qui est de la manière dont ces forces armées sont utilisées, le calendrier et les objectifs qui leur sont fixés, je considère que ce sont des questions politiques sur lesquelles nous pouvons être d’accord ou pas. Il s’agit, en fait, de décisions politiques, comme tant d’autres. Lorsqu’une décision de guerre est prise, ce sera une décision politique, du moment que c’est le gouvernement qui la prend. Nous, au niveau de l’opposition, nous avons le droit d’exprimer notre point de vue par rapport à cette décision. Mais lorsque les forces armées sont sur le front du combat, je trouve, personnellement, de notre devoir de les appuyer et de nous mobiliser derrière elles. C’est ce que requiert l’unité nationale.
Pour revenir au sujet de la reconnaissance du président, peut-on dire que le RFD a reconnu, officiellement, Mohamed Ould Abdel Aziz comme président de la République, malgré sa position sur l’élection de celui-ci?
Je voudrais d’abord préciser qu’il n’existe pas de contradiction entre les deux positions. L’élection présidentielle est passée et la position du parti était claire, là-dessus, comme je l’ai dit tantôt. Ce que nous avons dit, à ce propos, reflétait exactement la réalité de ce que nous avons vue et vécue. Nous avons dit, en son temps, ce que nous devions dire. Quant à la position actuelle, c’est celle d’une attitude, réaliste, par rapport à la réalité politique que nous vivons. Vous savez, «à chaque contexte, son vocabulaire», comme dit l’adage arabe…
Vous dites que vous avez évoqué, avec le président de la République, la question du dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition. Avez-vous discuté de l’objet et des axes de ce dialogue et, surtout de l’accord de Dakar, comme référence pour un tel dialogue?
Non, pas du tout. Nous n’avons pas évoqué l’accord de Dakar, ni l’objet du dialogue et encore moins de sa formule ou de ses axes. En réalité, j’ai rencontré le président en ma qualité de chef de file de l’opposition et en tant que président du RFD. Je ne suis pas venu le voir comme représentant des autres partis de l’opposition et je n’ai donc pas évoqué, avec lui, l’objet du dialogue ou l’accord de Dakar. Ce sont des questions communes que nous partageons avec nos autres camarades de l’opposition et que nous ne pouvons pas traiter à nous seuls.
Je vous affirme que nous n’avons, absolument pas, abordé le sujet de l’accord de Dakar, car je partage, tout-à-fait, la position des autres partis de l’opposition, par rapport à cet accord. C’est pourquoi je n’ai pas voulu évoquer ce sujet en leur absence.
Ce dialogue doit donc, selon vous, commencer sur la base de l’accord de Dakar?
Oui. Je considère que l’accord de Dakar est une référence fondamentale, pour l’engagement éventuel de tout dialogue. En général, quand deux parties veulent s’entendre, il leur faut un point de départ commun et, cela, l’accord de Dakar nous le garantit. Cet accord comporte beaucoup de points qui constituent les étapes devant suivre l’élection présidentielle, y compris le statut de l’institution militaire. Ce sont des questions qui doivent être intégrées dans le dialogue. Je tiens ici à préciser qu’il ne faut pas faire d’amalgame, entre la position d’un parti par rapport à la légitimité d’un quelconque responsable, et des questions nationales ou des revendications générales urgentes qui doivent être évoquées. C’est pourquoi nous sommes sur la même ligne que nos camarades de la COD et défendons les mêmes principes, sachant qu’ils nous ont, tous, devancés, en matière de reconnaissance du pouvoir en place. Le RFD était la seule formation politique à refuser cette reconnaissance mais nous avons, aujourd’hui, la même position vis-à-vis de ce pouvoir.
Le président a-t-il accepté d’engager un dialogue avec l’opposition? Avez-vous évoqué, avec lui, une date?
Ce je peux vous affirmer, c’est que j’ai abordé ce point avec lui et que je lui ai dit toute notre disposition pour le dialogue. Quant à sa position à lui, je ne suis pas son porte-parole et je ne suis pas en mesure d’apprécier s’il est prêt ou non pour le dialogue.
Que s’est-il passé, lors de votre rencontre avec Boydiel Ould Houmeid, après celui que vous avez eu avec le président de la République?
Je l’ai rencontré pour lui rendre compte, en sa qualité de président de la coordination des partis de l’opposition, des entretiens que j’ai eus avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Il a jugé utile de convoquer le bureau de la COD, ce que j’ai apprécié, et j’ai donc fait, à tous, le compte-rendu, tout en répondant aux questions que certains d’entre eux m’ont posées, au sujet de mon entrevue avec le président.
Pourtant on entend dire, parallèlement, que certains partis de l’opposition n’étaient pas satisfaits de cette rencontre. Qu’en est-il?
Je n’en ai jamais été informé et je n’ai pas ressenti cela chez les représentants des partis de l’opposition, lors de la réunion où je leur ai fait part du contenu de mes entretiens avec le président.
Dans un passage de la déclaration de votre parti, il est mentionné que le RFD tient à coordonner son action, avec le reste des partis de l’opposition, mais à condition que cela ne soit pas en contradiction avec ses orientations. N’est-ce pas là une manière intelligente de vous désengager, peu à peu, de la COD?
Comme dit l’adage, «l’expression peut embellir comme elle peut ternir». Cette déclaration a été rendue publique par le bureau exécutif et, de ce fait, elle m’engage. Il est tout-à-fait normal que le parti ne dialogue qu’à partir de sa position et conformément à ses objectifs, principes et orientations générales. C’est, d’ailleurs, le cas de tout autre parti politique. Mais le plus important, dans le paragraphe auquel vous vous référez, c’est, surtout, l’insistance sur la nécessité de la coordination, totale, entre les partis de l’opposition, au sujet des questions d’intérêt commun.
On dit que vous tentez, à travers ce rapprochement avec le pouvoir ou, plutôt, votre nouvelle politique vis-à-vis de celui-ci, à barrer la route devant des personnalités du parti qui avaient saisi la rupture entre vous et le pouvoir, pour se rapprocher de ce dernier. Qu’en est-il?
Je voudrais, d’abord, rectifier un terme utilisé dans votre question pour dire qu’il n’y a pas encore de rapprochement entre le pouvoir et nous. Ce qui s’est passé n’est autre qu’une reconnaissance.
Pour ce qui est des personnalités auxquelles vous faites allusion, je précise que nous respectons l’opinion de chacun. Qu’il soit au parti ou en dehors de celui-ci. Tous ceux et celles qui sont restés avec nous sont bien parmi les leurs. Nous avons besoin d’eux et comptons sur eux. Quant à ceux qui nous ont quittés, nous respectons leurs choix et les remercions pour les services qu’ils ont rendus au parti.
Quel est l’état actuel de l’institution du chef de file de l’opposition? En d’autres termes, quelle est la place des autres partis de la C.O.D, dans cette institution?
L’institution de l’opposition est une institution commune entre des partis politiques. C’et une institution indépendante qui dispose d’une plateforme signée, qui fixe les réunions périodiques qui se tiennent sur convocation du chef de l’institution. Il existe une concertation, permanente, entre les partis de l’opposition, sur l’ensemble des questions concernant cette institution. Je voudrais souligner, ici, que toutes les décisions que nous prenons bénéficient, toujours, de l’unanimité des partis membre de la COD. Cela nous réconforte beaucoup. Il y a, bien entendu, des sujets qu’on évoque, parfois, et pour lesquels nous ne réussissons à dégager l’unanimité. Nous les reportons, en vue d’approfondir le débat là-dessus, de manière franche, ouverte et transparente. Puis, louange à Allah, nous arrivons, souvent, à dégager un consensus qui satisfait tout le monde.
Lors de la mise en place de l’institution de l’opposition, beaucoup de problèmes ont surgi. Certains estimaient que la forme retenue ne tenait pas assez compte de l’expérience accumulée par des pays qui nous ont précédé dans ce domaine. On constate, en outre, que les textes régissant l’institution sont restés lettre morte, notamment en ce concerne les rencontres, obligatoires et régulières, entre le président de la République et le chef de file de l’opposition. Qu’en pensez-vous?
En ce qui concerne les rencontres avec le président de la République, j’ai déjà affiché ma disposition au dialogue. Quant on y est disposé, on répond, évidemment, à toute invitation en ce sens. Quant à l’institution de l’opposition, je trouve, effectivement, qu’elle a besoin d’être réactivée afin de définir ses tâches et son mode de fonctionnement.
Pourtant vous avez bien été invité pour assister à des cérémonies officielles, mais vous avez décliné ces invitations. Pourquoi ?
Personnellement, je ne suis pas de ceux qui aiment assister à n’importe quelle cérémonie. Cependant, je réponds souvent présent, quand il s’agit de questions nationales majeures au sujet desquelles je reçois une invitation.
Vous dites que la situation politique et sécuritaire actuelle du pays exige une certaine souplesse et une position plus ou moins consensuelle. Etes-vous prêts à participer à un éventuel gouvernement d’union nationale par exemple?
D’abord et en ce qui me concerne, je pense qu’avant de parler d’un gouvernement d’union nationale ou de coalition, il faut qu’il y ait un dialogue, franc et constructif, entre le gouvernement et l’opposition, autour des questions essentielles qui concerne l’intérêt de notre pays. C’est un préalable à la moindre évocation de la formation de tel ou tel gouvernement. Nous nous regardions, l’opposition et le pouvoir, en chiens de faïence et je trouve, par conséquent, que le dialogue entre les deux parties constitue, aujourd’hui, une urgence absolue. Cela nous permettrait de nous entendre, dans le respect réciproque des opinions des uns et des autres et loin de tout préjugé. Avec un tel dialogue, nous pourrons fonder les conditions politiques propices à des résultats concrets. Pour le moment, je ne suis pas en mesure d’anticiper les événements pour vous dire qu’elle serait notre position, par rapport à un éventuel gouvernement de coalition. L’important pour nous, à l’heure actuelle, c’est le dialogue, base de toute entente. Il y a, certes, des questions sur lesquelles nos positions convergent avec celles du gouvernement, comme l’unité nationale et la préservation de l’intégrité territoriale du pays, par exemple.
Le gouvernement Ould Mohamed Laghdaf a réussi, au cours de la récente table ronde de Bruxelles, à obtenir d’importants financements pour la réalisation de plusieurs projets. En tant qu’économiste, comment jugez-vous l’impact de ces financements sur les conditions de vie des populations?
Bien qu’il soit difficile de répondre à une telle question, je n’ai pas ressenti, encore, d’impact positif de ces financements, non pas en tant qu’économiste, mais en tant que citoyen.
Les prix n’ont pas baissé, il n’y a aucun investissement ni emploi nouveau. En guise d’exemple, les partis politiques n’ont, jusqu’ici, perçu aucune ouguiya, sur le budget qui leur est alloué. Cela prouve que les choses ne se sont pas encore améliorées.
La guerre contre le terrorisme préoccupe l’opinion publique nationale, pour le danger qu’elle fait planer sur la sécurité et l’avenir du pays. Soutenez-vous la solution militaire, pour venir à bout de ce phénomène, ou pensez- vous, plutôt, qu’il existe d’autres moyens de le combattre, comme, par exemple, l’ouverture d’un dialogue avec les groupes dits terroristes?
D’abord, Je ne soutiens pas les solutions imposées par la guerre. La guerre est toujours catastrophique, tant pour le vainqueur que pour le vaincu. La cautérisation constitue l’ultime remède, comme on dit. D’après les informations dont nous disposons, la plupart des combattants qui se trouve dans le Grand Sahara sont des Mauritaniens et s’il y aura guerre, ce sera, en fin de compte, entre Mauritaniens. Celui qui y perd sa vie est un compatriote de celui qui lui donne la mort. Partant de ce principe, je ne considère pas que la guerre soit une solution. Nous devons, plutôt, chercher l’origine de cet extrémisme, pour essayer de l’endiguer. Si nous n’offrons pas, aux jeunes, surtout les diplômés, des opportunités d’emploi et si nous ne garantissons pas leur insertion dans la vie active, ils se trouveront, tout naturellement, exposés à l’extrémisme. J’ai, personnellement et plus d’une fois, proposé la mise en œuvre de nombreux programmes, pour absorber la jeunesse mauritanienne et l’insérer dans les activités sociales. Les statistiques que j’ai obtenues, il y a un an, montrent que plus de 75% des mauritaniens ont moins de 29 ans. Ceci explique bien que notre population est jeune. Il faut, donc, trouver des programmes bien étudiés et bien conçus pour établir des emplois permettant d’absorber l’énergie des jeunes et de les insérer, davantage, dans la société, au lieu de les laisser à la merci de l’extrémisme et du terrorisme. Quand la jeunesse se trouve désoeuvrée, elle perd tout espoir et risque de ne plus croire en sa patrie. Ce qui l’expose aux dangers de tous bords, y compris celui de l’extrémisme.
Partant de ce constat, je trouve que la guerre n’est pas la solution idéale pour le problème de l’extrémisme. Et même à supposer que la guerre, contre les groupes extrémistes, devienne inévitable, je pense qu’un pays comme le nôtre, peu organisé et non unifié, à l’intérieur, ne serait pas en mesure de la remporter. J’insiste, donc, sur la nécessité de rétablir l’ordre; d’assainir, d’abord, la situation interne, par l’ouverture d’un dialogue, inclusif et ouvert, entre toutes les parties politiques, avant d’entrer en confrontation avec autrui. Je continue à insister sur le fait que la solution réside dans la mise en place de politiques bien conçues, en vue de susciter des emplois au profit des jeunes, mais aussi de les réhabiliter, pour mieux les intégrer dans la société. Ces politiques doivent englober tous les volets intéressant la jeunesse, notamment la culture, les sports, etc.
Je tiens à préciser que, malgré le nombre élevé de jeunes chômeurs que nous enregistrons, notre pays absorbe, actuellement, des dizaines de milliers d’étrangers qui travaillent dans différents secteurs. Je ne suis pas contre la présence des étrangers dans notre pays, notamment ceux qui viennent de pays frères et amis, mais je vois qu’on leur offre des emplois, tandis que le citoyen, à qui ceux-ci reviennent de droit, reste au chômage. Aucune morale ni aucune logique ne peut tolérer une telle situation.
Vous savez que la guerre contre le terrorisme et ses conséquences ont conduit à une montée de tension entre notre pays et un Etat voisin. Quel jugement en faites-vous?
De façon générale, je considère les pays voisins comme des proches, des parents. On ne peut pas mettre fin aux rapports avec eux car il s’agit de liens éternels, en dépit de tout ce qui peut les entacher, de temps à autre. C’et pourquoi je pense que les relations avec les pays voisins doivent être fondées sur des bases de respect mutuel, de souplesse, de franchise et de sincérité. Cependant, ceci ne doit, en aucun cas, se faire aux dépens de l’intérêt suprême de la Nation. Si, par exemple, la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays sont mises en cause, on ne peut rester indifférent, quelque soit la proximité du pays impliqué. Mais, en général, le dialogue et les attitudes amicales, entre voisins, demeurent la meilleure voie de solution pour dépasser les divergences et préserver les liens de bon voisinage. Il faut, toujours, trouver un moyen d’entente avec les pays voisins. Le destin nous l’impose.
Le président de la République vous a-t-il demandé d’informer les partis politiques du contenu de vos entretiens avec lui?
Jamais. Absolument pas. Le président ne m’a pas demandé de contacter un quelconque parti politique et je n’ai pas évoqué cela avec lui.
Avez-vous rencontré Messaoud Ould Boulkheir, après votre entrevue avec le président?
Non. Je n’ai pas rencontré le président Messaoud, après mon entrevue avec le président, mais son parti était parmi ceux de la C.O.D auxquels j’ai fait le point des entretiens que j’ai eus avec Mohamed Ould Abdel Aziz.
Il a été dit, au départ, que Boydiel n’a convoqué que le bureau exécutif de son parti. Qu’en est-il?
Non. Ce n’est pas vrai. Il a convoqué le bureau de la Coordination. Pas celui de son parti.
A la lumière de ces données, participerez-vous aux prochaines élections communales et législatives?
Nous sommes un parti politique et il est tout-à-fait normal que nous participions à toute élection qui se déroule dans le pays. Nous avons, cependant, posé un certain nombre de points que nous voulons discuter, dans le cadre du dialogue. Ces points visent à garantir la transparence et la régularité de toute élection.
C’est donc un des sujets à traiter, lors du dialogue que vous prônez?
Nous avons, au niveau du RFD, constitué une commission restreinte qui a préparé et élaboré un certain nombre de points que nous jugeons essentiels, voire nécessaires, pour engager le dialogue…
Quels sont ces points?
Il est prématuré de vous les citer mais je puis vous assurer que nous les avons, effectivement, élaborés. Nous entendons les soumettre à la C.O.D, pour étude élargie, et nous souhaitons dégager un accord, commun, autour de ces points, afin d’en faire la base du dialogue.
Y’a-t-il un délai précis pour engager ce dialogue?
Je n’en sais pas plus que vous. En tous cas, l’opposition y est disposée et le recherche. Au président, maintenant, de le convoquer, personnellement, car l’initiative du dialogue doit émaner du président lui-même.
Qu’elle est votre position par rapport à la présence, sur le territoire national, de forces étrangères?
Comme je vous l’ai déjà dit, je suis, par principe, contre toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures du pays et contre, surtout, la présence de forces étrangères sur son territoire. Cependant, il est des moments et des circonstances qui imposent, à l’Etat, de solliciter l’appui de pays amis disposant de plus de moyens et d’expériences, dans des domaines précis. Je ne suis pas contre le fait de voir notre pays bénéficier de ce genre de compétences, en matière de formations, d’entraînement et d’assistance, par exemple. Ce sont les circonstances qui nous imposent de faire appel, parfois, à certains pays amis pour assurer, ou renforcer, la sécurité de notre pays. Seulement, je ne comprends pas le pourquoi de tout ce silence, de la part des autorités nationales, autour de tels sujets. Ce que nous ne pouvons pas tolérer, c’est le fait de traiter de telles questions de manière opaque, loin de l’opinion publique et du Parlement. Celui-ci doit être saisi, pour dire son mot par rapport à de telles questions. Nous exigeons du gouvernement de soumettre, éventuellement, toute décision de ce genre au Parlement, en vue de l’examiner avant de la voter, pour qu’elle devienne légale.
On rapporte que vous avez parlé, avec le président de la République, des richesses nationales. Pouvez-vous nous éclairer sur ce que vous vous êtes dit, à ce propos?
J’ai évoqué, avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz, une question de très grande importance. C’est celle de l’Environnement, dans ses volets maritime et terrestre. J’entends toujours parler de pollution à grande échelle, au niveau de la mer. Elle serait causée par des quantités d’hydrocarbures et autres produits polluants que déversent les navires, en haute mer et sur les côtes. Vous n’êtes pas sans connaître les risques, évidents, d’une telle situation, sur les richesses halieutiques de notre pays et sur l’équilibre biologique, en général. Je tiens à préciser que je me soucie, beaucoup, des ressources renouvelables: halieutiques, animales, agricoles. Ce sont des ressources qui se renouvellent, contrairement aux mines, au pétrole, au cuivre et au diamant.
J’ai, donc, expliqué au président la nécessité de trouver, par nos propres moyens, insuffisants, certes, mais, aussi, à travers la coopération avec l’ONU et les pays voisins, une formule nous permettant d’observer et de contrôler ces navires qui sillonnent et polluent nos eaux territoriales. Il est, bien entendu, de notre devoir de préserver les ressources halieutiques dont nous disposons.
Toujours à propos de la mer, j’ai abordé, avec le président, le sujet de l’exploitation du pétrole en off-shore. Je lui ai dit que je ne suis pas pour l’extraction du pétrole à partir de la mer, surtout après ce qui vient de se produire dans le golfe du Mexique. Je lui ai suggéré l’arrêt des opérations d’exploitation en off-shore, pour laisser cette ressource aux générations futures, quand les recherches scientifiques en cours auront permis, peut-être, de mettre au point des méthodes plus sécurisées, en la matière. Vous savez que la cause principale de la catastrophe du golfe du Mexique est l’exploitation pétrolière. Et, en dépit des progrès technologiques réalisés par les Etats-Unis, les dégâts provoqués par cette catastrophe sont très importants. C’est, en fait, une calamité nationale, aux Etats-Unis, voire au-delà des frontières de ce pays.
D’autre part, les gisements pétroliers de la zone côtière ne recèlent pas des quantités importantes. Nous devons, en revanche, axer notre effort sur l’on-shore, d’autant plus que les résultats des recherches, dans le bassin de Taoudenni, pourraient mener à d’importantes découvertes pétrolières et gazières.
J’ai mis l’accent sur cette question de l’environnement, au cours de mes entretiens avec le président de la République, par ce qu’il est de notre devoir, à tous, d’assumer nos responsabilités, dans la préservation de notre pays contre toute pollution de l’environnement.
Est-ce vrai que vos entretiens, avec le président, ont, également, porté sur les nominations dans les fonctions de l’Etat?
Oui. Nous avons parlé de cela. Nous avons, précisément, abordé deux aspects essentiels, à savoir les nominations des fonctionnaires et l’attribution des marchés publics. En effet, tout mauritanien qui répond aux critères et qualités requises, a le droit aux mêmes opportunités, tant pour ce qui est des nominations publiques qu’au niveau de des attributions des marchés de l’Etat. Je prône, donc, et je l’ai bien dit au président, l’égalité des chances entre tous les Mauritaniens. Des concours, transparents et objectifs, doivent être organisés, pour sélectionner les fonctionnaires et agents de la Fonction publique. Les différents départements, administration ou services publics, doivent exprimer, publiquement, leurs besoins en cadres et fonctionnaires. Nous voulons que ces concours soient organisés dans des conditions de clarté et de transparence totales, et qu’ils soient ouverts à tous ceux qui s’y intéressent, nonobstant leur appartenance politique ou sociale.
Pour ce qui est des marchés publics, je lui ai expliqué la nécessité de les attribuer à chances égales. Toutes les personnes, physiques ou morales, qui désirent se présenter pour un marché public, doivent jouir des mêmes chances d’entrer en concurrence avec les autres. Le marché pourra, ensuite, être adjugé, suivant la meilleure soumission. Il faut instaurer et respecter les règles et critères d’attribution des marchés, en toute transparence et en toute justice, loin des considérations politiques.
Y a-t-il des personnalités qui vous auraient convaincu de rencontrer le président de la République ?
Personne n’est intervenu pour me convaincre de quoi que ce soit. Ce n’est, d’ailleurs, pas nécessaire, du moment que je me dis toujours favorable au dialogue. C’est une position constante chez moi. Je réaffirme que personne n’est intervenu auprès de moi à ce sujet, d’autant plus que je n’accepte jamais qu’on intervienne auprès de moi, dans ce genre de questions.
Source: http://www.lecalame.mr
El Vejr : Commençons par votre rencontre avec le président de la république. A l’issue de cette rencontre, le bureau exécutif de votre parti a rendu publique une déclaration que d’aucuns ont interprétée comme une reconnaissance tardive de la légitimité de Mohamed Ould Abdel Aziz. Pouvez-vous expliquer, franchement, à nos lecteurs, ce qui s’est réellement passé?
Ahmed Ould Daddah : Ce qui s’est passé, c’est que le président Mohamed Ould Abdel Aziz m’a invité, sur sa propre initiative, et je l’ai rencontré au rendez-vous fixé. Nous nous sommes entretenus sur des questions générales qui concernent le pays, sur les plans politique, sécuritaire, économique et même environnemental.
En réalité, nos discussions ont été franches mais je trouve, par principe, inapproprié de dévoiler le contenu de mes discussions avec les responsables, sauf lorsqu’il s’agit de points précis que j’estime nécessaire d’annoncer à l’opinion publique.
Pour ce qui est des interprétations ou des analyses faites, par les uns ou les autres, à l’issue de la rencontre, je pense qu’elles se sont basées sur l’expression «président de la République», mentionnée dans la déclaration du Bureau exécutif. En effet, on peut lire dans cette déclaration: «Le président du parti a été reçu par le président de la République». Cela est nouveau, dans le jargon du RFD.
Comme vous le savez, la position du parti, vis-à-vis de l’élection présidentielle, est connue, claire et fondée sur des bases également claires. Elle découle de la nature et de la réalité de ce qui s’est passé. Le RFD avait exprimé, en son temps, son rejet des résultats, affirmant, ainsi, qu’il ne reconnaissait ni la légitimité ni la crédibilité du scrutin. Je pense que c’est une attitude objective, démocratique et réaliste. Aujourd’hui, la situation est différente. Une année est passée, depuis les élections et Mohamed Ould Abdel Aziz se maintient au pouvoir. De plus, la Mauritanie connaît des conditions politiques, économiques et, surtout, de sécurité très particulières. Je considère, personnellement, que la Mauritanie doit, toujours, rester au dessus de toute autre considération. Lorsqu’il s’agit de l’intérêt supérieur de la Nation, toutes les autres considérations deviennent secondaires. Qu’il s’agisse de personnalités, de partis politiques, d’élections ou autres, quand l’intérêt supérieur du pays est en jeu, tout cela doit être relégué au second rang.
Cependant, c’est une position prise, démocratiquement, par le parti et je suis tenu de m’y soumettre. Seulement, je puis vous assurer que je n’ai pas promis, à Mohamed Ould Abdel Aziz, que le RFD reconnaîtra son régime. Je n’ai absolument pas abordé ce sujet durant notre entrevue car je garde, pour moi et pour le parti, la liberté et l’indépendance dans la prise de décision en la matière.
Je dois ajouter que je n'ai pas conclu une transaction quelconque, avec Ould Abdel Aziz. D’abord, je ne suis pas de ceux qui s’adonnent aux transactions politiques de ce genre et ce n’est pas le moment, non plus, des transactions. Il n’était donc pas dans mon agenda de conclure une quelconque transaction, avec le président, au cours de ma rencontre avec lui. L’important, pour moi, étant de préserver les intérêts du pays et son unité; de réaliser, autant que possible, la cohésion nationale et de rassembler tous les fils de notre patrie, aussi bien le gouvernement au pouvoir que les partis de l’opposition, autour des questions essentielles qui concernent leur devenir.
On parle de mains étrangères qui auraient préparé cette rencontre et œuvré pour sa tenue. Est-ce vrai?
Je vous affirme qu’il n’y a aucune main étrangère, de quelque nature que ce soit, derrière cette rencontre. Bien entendu, je ne nie pas que je sois allé, juste après cette entrevue, en visite en France, pour tenir des réunions politiques, avec certains partis de ce pays mais je n’ai absolument pas évoqué, lors de ces réunions, ce dont j’ai discuté avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Par principe, je n’accepte jamais de discuter, avec un étranger, de questions spécifiquement nationales. Je suis très jaloux pour ce qui est de la souveraineté nationale et très jaloux, aussi, par rapport à la liberté et à l’indépendance du parti. Cela est connu par l’ensemble des partenaires étrangers avec lesquels nous sommes en contact. Je ne fonde, jamais, une relation avec une partie quelconque, que sur la base du respect réciproque, notamment le respect de la spécificité nationale et la souveraineté de mon pays. Je ne le dirais jamais assez: la souveraineté et l’indépendance de la Mauritanie restent toujours, pour moi, au dessus de toute autre considération.
Certains observateurs font le lien entre la rencontre qui vous a réuni, avec le président de la République, et le raid mené par l’armée nationale, contre les bases d’AQMI. On pense que cette opération militaire aurait facilité ou, du moins, accéléré la rencontre, surtout que votre position, par rapport à l’attaque militaire, était différente de celles des autres partis de l’opposition, puisque vous soutenez les forces armées dans cette opération. Qu’en dites-vous? La rencontre était-t-elle, réellement, programmée ou c’est, plutôt, votre position par rapport à l’attaque qui en a facilité la tenue?
Premièrement, j’ai été invité bien avant l’opération militaire dont vous parlez. En ce qui concerne l’opération que l’armée nationale a menée récemment, j’ai une position de principe, constante. Je considère que l’armée est un symbole, parmi les symboles de la souveraineté nationale. Nous soutenons l’armée, en toutes circonstances, car nous estimons qu’il s’agit de nos fils qui défendent notre intégrité territoriale et qui ont pour mission de protéger la patrie. Mais l’armée est aussi un instrument, parmi d’autres, que le pouvoir en place utilise pour défendre la patrie. Quant je la soutiens, je ne fais que mon devoir national. Après tout, l’armée est constituée de nos fils et filles qui défendent notre patrie. Ils s’acquittent d’une mission nationale des plus nobles et il est de notre devoir, à tous, de les appuyer, en tant que forces armées de notre pays.
Pour ce qui est de la manière dont ces forces armées sont utilisées, le calendrier et les objectifs qui leur sont fixés, je considère que ce sont des questions politiques sur lesquelles nous pouvons être d’accord ou pas. Il s’agit, en fait, de décisions politiques, comme tant d’autres. Lorsqu’une décision de guerre est prise, ce sera une décision politique, du moment que c’est le gouvernement qui la prend. Nous, au niveau de l’opposition, nous avons le droit d’exprimer notre point de vue par rapport à cette décision. Mais lorsque les forces armées sont sur le front du combat, je trouve, personnellement, de notre devoir de les appuyer et de nous mobiliser derrière elles. C’est ce que requiert l’unité nationale.
Pour revenir au sujet de la reconnaissance du président, peut-on dire que le RFD a reconnu, officiellement, Mohamed Ould Abdel Aziz comme président de la République, malgré sa position sur l’élection de celui-ci?
Je voudrais d’abord préciser qu’il n’existe pas de contradiction entre les deux positions. L’élection présidentielle est passée et la position du parti était claire, là-dessus, comme je l’ai dit tantôt. Ce que nous avons dit, à ce propos, reflétait exactement la réalité de ce que nous avons vue et vécue. Nous avons dit, en son temps, ce que nous devions dire. Quant à la position actuelle, c’est celle d’une attitude, réaliste, par rapport à la réalité politique que nous vivons. Vous savez, «à chaque contexte, son vocabulaire», comme dit l’adage arabe…
Vous dites que vous avez évoqué, avec le président de la République, la question du dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition. Avez-vous discuté de l’objet et des axes de ce dialogue et, surtout de l’accord de Dakar, comme référence pour un tel dialogue?
Non, pas du tout. Nous n’avons pas évoqué l’accord de Dakar, ni l’objet du dialogue et encore moins de sa formule ou de ses axes. En réalité, j’ai rencontré le président en ma qualité de chef de file de l’opposition et en tant que président du RFD. Je ne suis pas venu le voir comme représentant des autres partis de l’opposition et je n’ai donc pas évoqué, avec lui, l’objet du dialogue ou l’accord de Dakar. Ce sont des questions communes que nous partageons avec nos autres camarades de l’opposition et que nous ne pouvons pas traiter à nous seuls.
Je vous affirme que nous n’avons, absolument pas, abordé le sujet de l’accord de Dakar, car je partage, tout-à-fait, la position des autres partis de l’opposition, par rapport à cet accord. C’est pourquoi je n’ai pas voulu évoquer ce sujet en leur absence.
Ce dialogue doit donc, selon vous, commencer sur la base de l’accord de Dakar?
Oui. Je considère que l’accord de Dakar est une référence fondamentale, pour l’engagement éventuel de tout dialogue. En général, quand deux parties veulent s’entendre, il leur faut un point de départ commun et, cela, l’accord de Dakar nous le garantit. Cet accord comporte beaucoup de points qui constituent les étapes devant suivre l’élection présidentielle, y compris le statut de l’institution militaire. Ce sont des questions qui doivent être intégrées dans le dialogue. Je tiens ici à préciser qu’il ne faut pas faire d’amalgame, entre la position d’un parti par rapport à la légitimité d’un quelconque responsable, et des questions nationales ou des revendications générales urgentes qui doivent être évoquées. C’est pourquoi nous sommes sur la même ligne que nos camarades de la COD et défendons les mêmes principes, sachant qu’ils nous ont, tous, devancés, en matière de reconnaissance du pouvoir en place. Le RFD était la seule formation politique à refuser cette reconnaissance mais nous avons, aujourd’hui, la même position vis-à-vis de ce pouvoir.
Le président a-t-il accepté d’engager un dialogue avec l’opposition? Avez-vous évoqué, avec lui, une date?
Ce je peux vous affirmer, c’est que j’ai abordé ce point avec lui et que je lui ai dit toute notre disposition pour le dialogue. Quant à sa position à lui, je ne suis pas son porte-parole et je ne suis pas en mesure d’apprécier s’il est prêt ou non pour le dialogue.
Que s’est-il passé, lors de votre rencontre avec Boydiel Ould Houmeid, après celui que vous avez eu avec le président de la République?
Je l’ai rencontré pour lui rendre compte, en sa qualité de président de la coordination des partis de l’opposition, des entretiens que j’ai eus avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Il a jugé utile de convoquer le bureau de la COD, ce que j’ai apprécié, et j’ai donc fait, à tous, le compte-rendu, tout en répondant aux questions que certains d’entre eux m’ont posées, au sujet de mon entrevue avec le président.
Pourtant on entend dire, parallèlement, que certains partis de l’opposition n’étaient pas satisfaits de cette rencontre. Qu’en est-il?
Je n’en ai jamais été informé et je n’ai pas ressenti cela chez les représentants des partis de l’opposition, lors de la réunion où je leur ai fait part du contenu de mes entretiens avec le président.
Dans un passage de la déclaration de votre parti, il est mentionné que le RFD tient à coordonner son action, avec le reste des partis de l’opposition, mais à condition que cela ne soit pas en contradiction avec ses orientations. N’est-ce pas là une manière intelligente de vous désengager, peu à peu, de la COD?
Comme dit l’adage, «l’expression peut embellir comme elle peut ternir». Cette déclaration a été rendue publique par le bureau exécutif et, de ce fait, elle m’engage. Il est tout-à-fait normal que le parti ne dialogue qu’à partir de sa position et conformément à ses objectifs, principes et orientations générales. C’est, d’ailleurs, le cas de tout autre parti politique. Mais le plus important, dans le paragraphe auquel vous vous référez, c’est, surtout, l’insistance sur la nécessité de la coordination, totale, entre les partis de l’opposition, au sujet des questions d’intérêt commun.
On dit que vous tentez, à travers ce rapprochement avec le pouvoir ou, plutôt, votre nouvelle politique vis-à-vis de celui-ci, à barrer la route devant des personnalités du parti qui avaient saisi la rupture entre vous et le pouvoir, pour se rapprocher de ce dernier. Qu’en est-il?
Je voudrais, d’abord, rectifier un terme utilisé dans votre question pour dire qu’il n’y a pas encore de rapprochement entre le pouvoir et nous. Ce qui s’est passé n’est autre qu’une reconnaissance.
Pour ce qui est des personnalités auxquelles vous faites allusion, je précise que nous respectons l’opinion de chacun. Qu’il soit au parti ou en dehors de celui-ci. Tous ceux et celles qui sont restés avec nous sont bien parmi les leurs. Nous avons besoin d’eux et comptons sur eux. Quant à ceux qui nous ont quittés, nous respectons leurs choix et les remercions pour les services qu’ils ont rendus au parti.
Quel est l’état actuel de l’institution du chef de file de l’opposition? En d’autres termes, quelle est la place des autres partis de la C.O.D, dans cette institution?
L’institution de l’opposition est une institution commune entre des partis politiques. C’et une institution indépendante qui dispose d’une plateforme signée, qui fixe les réunions périodiques qui se tiennent sur convocation du chef de l’institution. Il existe une concertation, permanente, entre les partis de l’opposition, sur l’ensemble des questions concernant cette institution. Je voudrais souligner, ici, que toutes les décisions que nous prenons bénéficient, toujours, de l’unanimité des partis membre de la COD. Cela nous réconforte beaucoup. Il y a, bien entendu, des sujets qu’on évoque, parfois, et pour lesquels nous ne réussissons à dégager l’unanimité. Nous les reportons, en vue d’approfondir le débat là-dessus, de manière franche, ouverte et transparente. Puis, louange à Allah, nous arrivons, souvent, à dégager un consensus qui satisfait tout le monde.
Lors de la mise en place de l’institution de l’opposition, beaucoup de problèmes ont surgi. Certains estimaient que la forme retenue ne tenait pas assez compte de l’expérience accumulée par des pays qui nous ont précédé dans ce domaine. On constate, en outre, que les textes régissant l’institution sont restés lettre morte, notamment en ce concerne les rencontres, obligatoires et régulières, entre le président de la République et le chef de file de l’opposition. Qu’en pensez-vous?
En ce qui concerne les rencontres avec le président de la République, j’ai déjà affiché ma disposition au dialogue. Quant on y est disposé, on répond, évidemment, à toute invitation en ce sens. Quant à l’institution de l’opposition, je trouve, effectivement, qu’elle a besoin d’être réactivée afin de définir ses tâches et son mode de fonctionnement.
Pourtant vous avez bien été invité pour assister à des cérémonies officielles, mais vous avez décliné ces invitations. Pourquoi ?
Personnellement, je ne suis pas de ceux qui aiment assister à n’importe quelle cérémonie. Cependant, je réponds souvent présent, quand il s’agit de questions nationales majeures au sujet desquelles je reçois une invitation.
Vous dites que la situation politique et sécuritaire actuelle du pays exige une certaine souplesse et une position plus ou moins consensuelle. Etes-vous prêts à participer à un éventuel gouvernement d’union nationale par exemple?
D’abord et en ce qui me concerne, je pense qu’avant de parler d’un gouvernement d’union nationale ou de coalition, il faut qu’il y ait un dialogue, franc et constructif, entre le gouvernement et l’opposition, autour des questions essentielles qui concerne l’intérêt de notre pays. C’est un préalable à la moindre évocation de la formation de tel ou tel gouvernement. Nous nous regardions, l’opposition et le pouvoir, en chiens de faïence et je trouve, par conséquent, que le dialogue entre les deux parties constitue, aujourd’hui, une urgence absolue. Cela nous permettrait de nous entendre, dans le respect réciproque des opinions des uns et des autres et loin de tout préjugé. Avec un tel dialogue, nous pourrons fonder les conditions politiques propices à des résultats concrets. Pour le moment, je ne suis pas en mesure d’anticiper les événements pour vous dire qu’elle serait notre position, par rapport à un éventuel gouvernement de coalition. L’important pour nous, à l’heure actuelle, c’est le dialogue, base de toute entente. Il y a, certes, des questions sur lesquelles nos positions convergent avec celles du gouvernement, comme l’unité nationale et la préservation de l’intégrité territoriale du pays, par exemple.
Le gouvernement Ould Mohamed Laghdaf a réussi, au cours de la récente table ronde de Bruxelles, à obtenir d’importants financements pour la réalisation de plusieurs projets. En tant qu’économiste, comment jugez-vous l’impact de ces financements sur les conditions de vie des populations?
Bien qu’il soit difficile de répondre à une telle question, je n’ai pas ressenti, encore, d’impact positif de ces financements, non pas en tant qu’économiste, mais en tant que citoyen.
Les prix n’ont pas baissé, il n’y a aucun investissement ni emploi nouveau. En guise d’exemple, les partis politiques n’ont, jusqu’ici, perçu aucune ouguiya, sur le budget qui leur est alloué. Cela prouve que les choses ne se sont pas encore améliorées.
La guerre contre le terrorisme préoccupe l’opinion publique nationale, pour le danger qu’elle fait planer sur la sécurité et l’avenir du pays. Soutenez-vous la solution militaire, pour venir à bout de ce phénomène, ou pensez- vous, plutôt, qu’il existe d’autres moyens de le combattre, comme, par exemple, l’ouverture d’un dialogue avec les groupes dits terroristes?
D’abord, Je ne soutiens pas les solutions imposées par la guerre. La guerre est toujours catastrophique, tant pour le vainqueur que pour le vaincu. La cautérisation constitue l’ultime remède, comme on dit. D’après les informations dont nous disposons, la plupart des combattants qui se trouve dans le Grand Sahara sont des Mauritaniens et s’il y aura guerre, ce sera, en fin de compte, entre Mauritaniens. Celui qui y perd sa vie est un compatriote de celui qui lui donne la mort. Partant de ce principe, je ne considère pas que la guerre soit une solution. Nous devons, plutôt, chercher l’origine de cet extrémisme, pour essayer de l’endiguer. Si nous n’offrons pas, aux jeunes, surtout les diplômés, des opportunités d’emploi et si nous ne garantissons pas leur insertion dans la vie active, ils se trouveront, tout naturellement, exposés à l’extrémisme. J’ai, personnellement et plus d’une fois, proposé la mise en œuvre de nombreux programmes, pour absorber la jeunesse mauritanienne et l’insérer dans les activités sociales. Les statistiques que j’ai obtenues, il y a un an, montrent que plus de 75% des mauritaniens ont moins de 29 ans. Ceci explique bien que notre population est jeune. Il faut, donc, trouver des programmes bien étudiés et bien conçus pour établir des emplois permettant d’absorber l’énergie des jeunes et de les insérer, davantage, dans la société, au lieu de les laisser à la merci de l’extrémisme et du terrorisme. Quand la jeunesse se trouve désoeuvrée, elle perd tout espoir et risque de ne plus croire en sa patrie. Ce qui l’expose aux dangers de tous bords, y compris celui de l’extrémisme.
Partant de ce constat, je trouve que la guerre n’est pas la solution idéale pour le problème de l’extrémisme. Et même à supposer que la guerre, contre les groupes extrémistes, devienne inévitable, je pense qu’un pays comme le nôtre, peu organisé et non unifié, à l’intérieur, ne serait pas en mesure de la remporter. J’insiste, donc, sur la nécessité de rétablir l’ordre; d’assainir, d’abord, la situation interne, par l’ouverture d’un dialogue, inclusif et ouvert, entre toutes les parties politiques, avant d’entrer en confrontation avec autrui. Je continue à insister sur le fait que la solution réside dans la mise en place de politiques bien conçues, en vue de susciter des emplois au profit des jeunes, mais aussi de les réhabiliter, pour mieux les intégrer dans la société. Ces politiques doivent englober tous les volets intéressant la jeunesse, notamment la culture, les sports, etc.
Je tiens à préciser que, malgré le nombre élevé de jeunes chômeurs que nous enregistrons, notre pays absorbe, actuellement, des dizaines de milliers d’étrangers qui travaillent dans différents secteurs. Je ne suis pas contre la présence des étrangers dans notre pays, notamment ceux qui viennent de pays frères et amis, mais je vois qu’on leur offre des emplois, tandis que le citoyen, à qui ceux-ci reviennent de droit, reste au chômage. Aucune morale ni aucune logique ne peut tolérer une telle situation.
Vous savez que la guerre contre le terrorisme et ses conséquences ont conduit à une montée de tension entre notre pays et un Etat voisin. Quel jugement en faites-vous?
De façon générale, je considère les pays voisins comme des proches, des parents. On ne peut pas mettre fin aux rapports avec eux car il s’agit de liens éternels, en dépit de tout ce qui peut les entacher, de temps à autre. C’et pourquoi je pense que les relations avec les pays voisins doivent être fondées sur des bases de respect mutuel, de souplesse, de franchise et de sincérité. Cependant, ceci ne doit, en aucun cas, se faire aux dépens de l’intérêt suprême de la Nation. Si, par exemple, la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays sont mises en cause, on ne peut rester indifférent, quelque soit la proximité du pays impliqué. Mais, en général, le dialogue et les attitudes amicales, entre voisins, demeurent la meilleure voie de solution pour dépasser les divergences et préserver les liens de bon voisinage. Il faut, toujours, trouver un moyen d’entente avec les pays voisins. Le destin nous l’impose.
Le président de la République vous a-t-il demandé d’informer les partis politiques du contenu de vos entretiens avec lui?
Jamais. Absolument pas. Le président ne m’a pas demandé de contacter un quelconque parti politique et je n’ai pas évoqué cela avec lui.
Avez-vous rencontré Messaoud Ould Boulkheir, après votre entrevue avec le président?
Non. Je n’ai pas rencontré le président Messaoud, après mon entrevue avec le président, mais son parti était parmi ceux de la C.O.D auxquels j’ai fait le point des entretiens que j’ai eus avec Mohamed Ould Abdel Aziz.
Il a été dit, au départ, que Boydiel n’a convoqué que le bureau exécutif de son parti. Qu’en est-il?
Non. Ce n’est pas vrai. Il a convoqué le bureau de la Coordination. Pas celui de son parti.
A la lumière de ces données, participerez-vous aux prochaines élections communales et législatives?
Nous sommes un parti politique et il est tout-à-fait normal que nous participions à toute élection qui se déroule dans le pays. Nous avons, cependant, posé un certain nombre de points que nous voulons discuter, dans le cadre du dialogue. Ces points visent à garantir la transparence et la régularité de toute élection.
C’est donc un des sujets à traiter, lors du dialogue que vous prônez?
Nous avons, au niveau du RFD, constitué une commission restreinte qui a préparé et élaboré un certain nombre de points que nous jugeons essentiels, voire nécessaires, pour engager le dialogue…
Quels sont ces points?
Il est prématuré de vous les citer mais je puis vous assurer que nous les avons, effectivement, élaborés. Nous entendons les soumettre à la C.O.D, pour étude élargie, et nous souhaitons dégager un accord, commun, autour de ces points, afin d’en faire la base du dialogue.
Y’a-t-il un délai précis pour engager ce dialogue?
Je n’en sais pas plus que vous. En tous cas, l’opposition y est disposée et le recherche. Au président, maintenant, de le convoquer, personnellement, car l’initiative du dialogue doit émaner du président lui-même.
Qu’elle est votre position par rapport à la présence, sur le territoire national, de forces étrangères?
Comme je vous l’ai déjà dit, je suis, par principe, contre toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures du pays et contre, surtout, la présence de forces étrangères sur son territoire. Cependant, il est des moments et des circonstances qui imposent, à l’Etat, de solliciter l’appui de pays amis disposant de plus de moyens et d’expériences, dans des domaines précis. Je ne suis pas contre le fait de voir notre pays bénéficier de ce genre de compétences, en matière de formations, d’entraînement et d’assistance, par exemple. Ce sont les circonstances qui nous imposent de faire appel, parfois, à certains pays amis pour assurer, ou renforcer, la sécurité de notre pays. Seulement, je ne comprends pas le pourquoi de tout ce silence, de la part des autorités nationales, autour de tels sujets. Ce que nous ne pouvons pas tolérer, c’est le fait de traiter de telles questions de manière opaque, loin de l’opinion publique et du Parlement. Celui-ci doit être saisi, pour dire son mot par rapport à de telles questions. Nous exigeons du gouvernement de soumettre, éventuellement, toute décision de ce genre au Parlement, en vue de l’examiner avant de la voter, pour qu’elle devienne légale.
On rapporte que vous avez parlé, avec le président de la République, des richesses nationales. Pouvez-vous nous éclairer sur ce que vous vous êtes dit, à ce propos?
J’ai évoqué, avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz, une question de très grande importance. C’est celle de l’Environnement, dans ses volets maritime et terrestre. J’entends toujours parler de pollution à grande échelle, au niveau de la mer. Elle serait causée par des quantités d’hydrocarbures et autres produits polluants que déversent les navires, en haute mer et sur les côtes. Vous n’êtes pas sans connaître les risques, évidents, d’une telle situation, sur les richesses halieutiques de notre pays et sur l’équilibre biologique, en général. Je tiens à préciser que je me soucie, beaucoup, des ressources renouvelables: halieutiques, animales, agricoles. Ce sont des ressources qui se renouvellent, contrairement aux mines, au pétrole, au cuivre et au diamant.
J’ai, donc, expliqué au président la nécessité de trouver, par nos propres moyens, insuffisants, certes, mais, aussi, à travers la coopération avec l’ONU et les pays voisins, une formule nous permettant d’observer et de contrôler ces navires qui sillonnent et polluent nos eaux territoriales. Il est, bien entendu, de notre devoir de préserver les ressources halieutiques dont nous disposons.
Toujours à propos de la mer, j’ai abordé, avec le président, le sujet de l’exploitation du pétrole en off-shore. Je lui ai dit que je ne suis pas pour l’extraction du pétrole à partir de la mer, surtout après ce qui vient de se produire dans le golfe du Mexique. Je lui ai suggéré l’arrêt des opérations d’exploitation en off-shore, pour laisser cette ressource aux générations futures, quand les recherches scientifiques en cours auront permis, peut-être, de mettre au point des méthodes plus sécurisées, en la matière. Vous savez que la cause principale de la catastrophe du golfe du Mexique est l’exploitation pétrolière. Et, en dépit des progrès technologiques réalisés par les Etats-Unis, les dégâts provoqués par cette catastrophe sont très importants. C’est, en fait, une calamité nationale, aux Etats-Unis, voire au-delà des frontières de ce pays.
D’autre part, les gisements pétroliers de la zone côtière ne recèlent pas des quantités importantes. Nous devons, en revanche, axer notre effort sur l’on-shore, d’autant plus que les résultats des recherches, dans le bassin de Taoudenni, pourraient mener à d’importantes découvertes pétrolières et gazières.
J’ai mis l’accent sur cette question de l’environnement, au cours de mes entretiens avec le président de la République, par ce qu’il est de notre devoir, à tous, d’assumer nos responsabilités, dans la préservation de notre pays contre toute pollution de l’environnement.
Est-ce vrai que vos entretiens, avec le président, ont, également, porté sur les nominations dans les fonctions de l’Etat?
Oui. Nous avons parlé de cela. Nous avons, précisément, abordé deux aspects essentiels, à savoir les nominations des fonctionnaires et l’attribution des marchés publics. En effet, tout mauritanien qui répond aux critères et qualités requises, a le droit aux mêmes opportunités, tant pour ce qui est des nominations publiques qu’au niveau de des attributions des marchés de l’Etat. Je prône, donc, et je l’ai bien dit au président, l’égalité des chances entre tous les Mauritaniens. Des concours, transparents et objectifs, doivent être organisés, pour sélectionner les fonctionnaires et agents de la Fonction publique. Les différents départements, administration ou services publics, doivent exprimer, publiquement, leurs besoins en cadres et fonctionnaires. Nous voulons que ces concours soient organisés dans des conditions de clarté et de transparence totales, et qu’ils soient ouverts à tous ceux qui s’y intéressent, nonobstant leur appartenance politique ou sociale.
Pour ce qui est des marchés publics, je lui ai expliqué la nécessité de les attribuer à chances égales. Toutes les personnes, physiques ou morales, qui désirent se présenter pour un marché public, doivent jouir des mêmes chances d’entrer en concurrence avec les autres. Le marché pourra, ensuite, être adjugé, suivant la meilleure soumission. Il faut instaurer et respecter les règles et critères d’attribution des marchés, en toute transparence et en toute justice, loin des considérations politiques.
Y a-t-il des personnalités qui vous auraient convaincu de rencontrer le président de la République ?
Personne n’est intervenu pour me convaincre de quoi que ce soit. Ce n’est, d’ailleurs, pas nécessaire, du moment que je me dis toujours favorable au dialogue. C’est une position constante chez moi. Je réaffirme que personne n’est intervenu auprès de moi à ce sujet, d’autant plus que je n’accepte jamais qu’on intervienne auprès de moi, dans ce genre de questions.
Source: http://www.lecalame.mr
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