A beau mentir qui vient de Belgique



A beau mentir qui vient de Belgique
Les 22 et 23 mai 2010 s’ouvrait, pour la première fois à Bruxelles, une table ronde des bailleurs de fonds de la Mauritanie. Le précédent groupe consultatif datait du 4 décembre 2007, à Paris, sous la co-présidence du Premier Ministre Zeïne Ould Zeïdane et de Louis Michel Commissaire européen au Développement. La communauté internationale récompensait alors

l’achèvement du processus d’élections démocratiques, après deux décennies de répression et de corruption.

Malgré les manifestations de réjouissance dites « spontanées » qui viennent d’accueillir l’annonce officielle du succès de la Mauritanie auprès de ses donateurs, une observation plus attentive de l’évènement révèle des enseignements pas toujours dignes d’enthousiasme. Déjà, l’on peut s’interroger sur la pertinence du lieu des assises mais aussi du moment ; en effet, lors d’un accord signé en mars 2010 avec le Fonds Monétaire International (FMI), la Mauritanie devait bénéficier, en juin courant, d’un groupe consultatif, à Paris. La date, l’intitulé et l’endroit furent révisés, en catastrophe, afin offrir, au Président Ould Abdel Aziz un tableau de chasse conséquent juste avant la tenue du Congrès de l’Union pour la République (UPR, au pouvoir), prévu le 9 juillet 2010. A son terme, de nombreuses têtes risquent de choir. Oui, il fallait prévenir, vite, l’imminent risque de disgrâce. Or, dans la précipitation, les documents destinées aux partenaires réunis à Bruxelles ne leur parviendront, à peine, que 3 semaines à la veille de l’échéance. Ainsi, les présentations et des chapitres, dans le texte, subiront des modifications, jusqu’au dernier jour, sans qu’aucune instance ne se réunisse, côté mauritanien, pour les valider ni rendre cohérentes avec l’ensemble du dispositif, déjà décliné auprès des invités. Un autre motif d’étonnement tient au faible degré de représentativité étrangère. Ici un économiste pour le Fonds Arabe de Développement Economique et Social (FADES), là un Français Directeur Afrique, plus loin d’autres seconds couteaux, aussi sages que subalternes ; au jour de l’inauguration, le Premier Ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf se retrouve à pérorer, nez-à-nez avec son homologue…un conseiller du Commissaire au Développement, lui, retenu à Ouagadougou. Le lendemain, à son retour, la réouverture de la séance donne lieu à un nouveau discours, solennel. Deux ouvertures des travaux de la réunion se succèdent, en moins de 24 heures. Côté partenaires, la Mauritanie semble tomber bien bas. En plus des puissances habituelles tutrices du Tiers-monde, l’on retrouve, pour la première fois au chevet du pays, la Tunisie, la Libye, le Maroc et même la Tchéquie !!! Le Représentant de la Jamahiriya, escorté et cornaqué par la ministre des affaires étrangères Naha Mint Moknass, est un personnage barbu et docile dont personne n’a pu déterminer le titre ni la fonction. Dans son plaidoyer, le secrétaire d’Etat de la monarchie chérifienne se livre à un vibrant appel en faveur de la Mauritanie dont il vante les atouts miniers et la stabilité. Son intervention suscitera un certain embarras parmi les autres délégations devant la tutelle tacite d’un pays sur son voisin. La gêne incline à l’inquiétude quant, à la page de son document officiel, il est dit que la Mauritanie est frontalière du Maroc ! La neutralité affichée dans le conflit du Sahara Occidental subit, alors, une entorse sérieuse. La discourtoisie et le manque de tact se répercutent aussi sur l’écriture ; à la page 11, l’on note que les richesses nationales échappent encore à « des convoitises internationales significatives » ! Manifestement, le mémoire a été rédigé et présenté sans passer par un comité de lecture, comme l’atteste, à la page 79, le total des concours mobilisés à Paris en décembre 2007 ; il s’élève à 2 milliards quatre millions de dollars ; sur le tableau dessous, la même somme atteint 2 milliards cent millions !!! En dépit du plafonnement des promesses de financements à un niveau comparable à celui de 2007 - dont d’importants montants se retrouvent justes réactualisés et confirmés à Bruxelles - l’Union pour la République (UPR, parti au pouvoir) s’est cru obligée de prévenir, la critique ou l’insatisfaction, par des mouvements de joie dans les rues de Nouakchott. Derrière la mauvaise foi et le réflexe de l’applaudissement hérité par le personnel recyclé de la dictature de Ould Taya, une autre réalité prospère. Le premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf et son ministre des affaires économiques et du développement Sidi Mohamed Ould Tah creusent, chacun, par intermédiaires et astuces, leurs propres niches affairistes qu’une discrétion toute maraboutique abrite des limiers les plus renifleurs. Il serait heureux que l’Inspection Générale de l’Etat (IGE) s’intéresse, par exemple, au suivi, en dehors des structures pérennes, des rapports commerciaux avec la République Populaire de Chine.

Source: http://www.initi.net

Vendredi 27 Août 2010
Boolumbal Boolumbal
Lu 216 fois



Recherche


Inscription à la newsletter