Vice-président élu au Sénégal: le gouvernement n'entend pas céder au tollé

Plusieurs partis de l'opposition et des organisations de la société civile ont entrepris de former une coalition, avec pour slogan Touche pas à ma Constitution. Ils prévoient une série de manifestations pour s'opposer au projet de loi, contre lequel s'est aussi prononcé mardi le chanteur vedette Youssou Ndour: Nous n'avons pas le droit d'hypothéquer l'avenir de notre pays. Je ne vois aucune cause qui justifierait une telle forfaiture, a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé mardi soir.



Vice-président élu au Sénégal: le gouvernement n'entend pas céder au tollé
DAKAR - Le gouvernement sénégalais a affirmé mardi qu'il ne renoncerait pas à son projet de loi visant à élire simultanément à compter de 2012 un président et un vice-président, un texte actuellement examiné par le parlement et qui est dénoncé par l'opposition et la société civile.

Je ne vois pas pour quelle raison on irait dans l'autre sens en revenant (...) sur ce projet de loi adopté le 16 juin par le Conseil des ministres, a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Moustapha Guirassy, rejetant les multiples appels à renoncer au texte et les accusations de tripatouillage de la Constitution.

En dépit du tollé, le gouvernement n'abandonnera pas du tout, revenir là-dessus, ce serait ne pas être démocrate, ce serait cesser d'être démocrate que d'abandonner un projet qui vise à renforcer la démocratie au Sénégal, a ajouté M. Guirassy.

Selon lui, ce texte soumis à l'approbation des parlementaires à huit mois de l'élection présidentielle - février 2012 - est une vieille idée du chef de l'Etat Abdoulaye Wade et n'a qu'un seul but: le partage des pouvoirs.

Le projet de loi constitutionnelle instituant le ticket de l'élection simultanée, au suffrage universel, du président et du vice-président de la République est examiné depuis lundi par des commissions techniques de l'Assemblée nationale, avant une séance plénière jeudi. S'il est adopté par l'Assemblée, il doit être examiné par le Sénat. S'il est adopté par le Sénat, il doit être validé par les deux chambres réunies en congrès.

Le texte prévoit un minimum de 25% des suffrages exprimés, dit minimum bloquant. Le ticket ayant obtenu au premier tour le quart ou plus des voix l'emporte. En dessous de 25%, un second tour est organisé, d'après les explications du ministre.

Le projet envisage par ailleurs qu'en cas de démission, d'empêchement définitif ou de décès en cours de mandat, le président de la République est remplacé par le vice-président qui, en tant que nouveau président, pourra nommer et révoquer le nouveau vice-président.

Ces dispositions sont parmi les plus décriées par l'opposition et la société civile, mais aussi par des membres de la majorité présidentielle. Beaucoup soupçonnent le président Abdoulaye Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 2000 et candidat à sa propre succession, de vouloir se faire réélire, avec peu de suffrages, pour ensuite céder le fauteuil à son fils, Karim Wade, actuellement un de ses ministres.

Des allégations rejetées par le porte-parole du gouvernement selon qui le projet de loi apporte toutes les garanties constitutionnelles contre une dévolution monarchique du pouvoir.

Plusieurs partis de l'opposition et des organisations de la société civile ont entrepris de former une coalition, avec pour slogan Touche pas à ma Constitution. Ils prévoient une série de manifestations pour s'opposer au projet de loi, contre lequel s'est aussi prononcé mardi le chanteur vedette Youssou Ndour: Nous n'avons pas le droit d'hypothéquer l'avenir de notre pays. Je ne vois aucune cause qui justifierait une telle forfaiture, a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé mardi soir.

Mardi dans la journée, selon les médias locaux, un député de l'opposition, Cheikh Bamba Dièye, s'est enchaîné aux grilles du portail de l'Assemblée nationale, dans le cadre de la même protestation. Des forces de l'ordre sont intervenues pour le détacher et lui ont fait quitter les lieux.

La veille, lundi, de jeunes opposants avaient déjà manifesté sans crier gare contre le texte. Ils avaient été dispersés par la police. Entre quatre et cinq personnes, selon les sources, avaient été brièvement détenues.

Romandie

Mercredi 22 Juin 2011
Boolumbal Boolumbal
Lu 256 fois



Recherche


Inscription à la newsletter