Va-t- on vers la fin de la longue errance politique des Peulhs de Mauritanie ?



Va-t- on vers la fin de la longue errance  politique des Peulhs de Mauritanie ?
Va-t- on vers la fin de la longue errance politique des Peulhs de Mauritanie ?
1-Détours historique colonial et poste colonial.
Depuis l'instauration de la IVe République française en 1946, la Mauritanie, qui était jusque-là associée au Sénégal, pouvait élire ses propres représentants à l'Assemblée nationale.
Les partis politiques se multiplièrent et, dès 1948, naquit l'Union progressiste mauritanienne (U.P.M.), parti proche de l'administration coloniale et apparenté au Rassemblement pour la France du général de Gaulle ; en 1950, l'Entente Mauritanienne (section de la S.F.I.O.), dirigée par Horma Ould Babana, élu député de Mauritanie à la première Assemblée nationale ; et, en 1955, l'Association de la jeunesse mauritanienne (A.J.M.), pro-arabe et influencée par le nassérisme.
Ces partis représentent surtout les populations beidanes (Maures blancs), alors que la création du Bloc démocratique du Gorgol, en 1957, ou l'Union des originaires de la Mauritanie du Sud, en 1958, avaient pour but la défense des intérêts des Noirs mauritaniens face à l'importance politique des Maures.
Ce foisonnement politique traduit ainsi les frictions et les antagonismes entre Nord et Sud, nomades et sédentaires, Maures et Noirs.
Cette affaire se soldera par le congré d’Aleg Le Congrès d’Aleg : Mythe et réalités

Avec l’entrée en vigueur de la loi-cadre, chaque Territoire peut élire sa propre Assemblée Territoriale et un Conseil de Gouvernement. En Mauritanie ses élections auront lieu en 1957.

Pour l’élection du Conseil de Gouvernement, l’UPM présente la candidature de Mokhtar Ould DADDAh. il est élu en mai 1957 Vice-président du Conseil de Gouvernement. Son élection symbolise la continuité des bonnes relations entre la France et sa tribu, celle de Cheikh Sidiya Baba (Oulad Biéri). Son mariage avec une française renforce cette idée. Dès lors, la France ne pouvait craindre de lui une attitude contestatrice.
Mokhtar Ould Daddah forma alors un Conseil de Gouvernement (premier gouvernement de Mauritanie) composé de huit membres : Cinq Maures, deux Français et un Noir : Amadou Diadié Samba Diom BA au portefeuille technique de Ministre des Travaux publics.

Désormais, avec la confiance de la France, Mokhtar Ould DADDAH est « programmé » pour prendre en mains la destinée de la future Mauritanie. Maitre à bord du navire Mauritanie, il place alors l’unité nationale au premier plan de ses préoccupations, forme une équipe gouvernementale ouverte aux anciens de l’Entente, appelle les Mauritaniens « à faire ensemble la patrie» et convoque un congrès de regroupement des forces politiques : c’est le très célèbre congrès se tiendra du 2 au 5 mai 1958 à Aleg dont les deux premiers jours seront marqués par d’après discussions sur l’orientation politique et la conception du type d’État en Mauritanie. Le Congrès d’Aleg verra la participation de tous les poids lourds de la période 1946/1958 et confirmera le poids politique de certains autres éléments du Sud comme Youssouf KOITA, Dah Ould TEISS, Gaye Silli SOUMARE, Petit BA, Hamath NGAIDE, et Yaya KANE.
A l’issue de ce congrès, les participants optent pour la participation à la Communauté Française avec option pour l’indépendance, créent un nouveau parti, unitaire : le Parti du Regroupement Mauritanien (P.R.M, qui deviendra Parti du Peuple Mauritanien) et désignent un comité paritaire, composé de 4 Noirs et 4 Maures, chargé de réfléchir sur la cohabitation. Ce comité était dirigé par Gaye Silli SOUMARE et Mohamed Ould CHEIKH. Mais ses conclusions resteront lettres mortes. Deux tendances se dégagent alors parmi les congressistes Noirs. L’une, autour du Dr Moussa Sao, Abdoul Aziz BA, Racine TOURE, Bocar Alpha BA, prône la Fédération. L’autre choisit de jouer la carte de la Mauritanie unitaire, « trait d’union entre l’Afrique méditerranéenne et l’Afrique noire ».

Le 28 Septembre 1958, les Mauritaniens adhèrent par référendum à la Communauté et se dotent d’une Constitution le 22 Mars 1959 puis d’un deuxième Gouvernement de 10 membres, élargi à d’anciens militants de l’entente Mauritanienne. La représentativité des Noirs semble être fixée à un sur cinq. Ils sont deux : Amadou Diadié et Mamoudou Samba Boli BA qui occupe le portefeuille de l’urbanisme et de l’habitat.
Les revendications des noirs du Sud vont passer de la représentativité proportionnelle à la mise en cause de la cohabitation. Cette règle va se confirmer dans le 29 Septembre 1961 avec la nomination du troisième Gouvernement : Sur onze membres, seuls deux sont noirs, il s’agit de Bocar Alpha BA qui fait son entrée à la santé et Mamoudou Samba Boli BA aux finances.
L’évolution politique du pays va continuer à susciter des contestations qui ont conduit à la création des deux nouveaux partis, à assise régionale.
D’un côté, l’Union Nationale Mauritanienne (U.N.M) créée en Juillet 1959 visait à « préserver les liens historiques avec la Fédération du Mali (Sénégal et Mali). Ses principaux animateurs étaient des mécontents du congrès d’Aleg :Ould KHATTRI , Abdoul Aziz BA, Tène Youssouf GUEYE et Yaya KANE.
De l’autre, l’Union Socialiste des Musulmans Mauritaniens (U.S.M.M) créée à Atar en 1960. Mal connue, l’USMM exprimerait avant tout un particularisme régional de l’Adrar. Ce regain de régionalisme marque le climat politique de notre pays à la vieille de son accession à la souveraineté internationale. Plus tard, en 1963, avec l’Union Générale des Originaires de la Mauritanie du Sud (UGOMS) puis en 1966 avec le Manifeste des 19, des cadres de la Vallée réclamaient toujours une plus grande place pour les Noirs.
Jusque là les haratines ne sont pas encore pris comme une entité autonome et indépendante mais assimilés et comptés parmi les maures, histoire de grossir le rang avec la naissance du mouvement EL HOR en 1978, mais aussi avec l’IRA de BIRAM DAH ABEID aujourd’hui.
2-Période poste coloniale
Depuis l’indépendance de la Mauritanie le 28 Novembre 1960, les communautés négro-Mauritaniennes sont toujours restées cloitrés au second plan dans la course à la présidence du pays.
De 1960 jusqu’à 1997, aucun négros Mauritanien, n’a été à la tête d’un grand parti politique moins encore candidat à la présidence de la République.
On se souviendra de la candidature «d’homme de paille » de Kane Amadou Moktar (le premier Négro-africain candidat à des élections présidentielles en Mauritanie, en 1997) adversaire unique face au Président sortant de l’époque Ould Taya.
Le second acte de la tragédie des négro-Mauritaniens se jouera sous l’ère du Colonel Taya, revenons sur cette épouvantable période qui s’étale du 12/12/1984 au 5 /08/2005
3- L’ère Mouaouiya ould Sidi Ahmed Taya
12 décembre 1984 : Le colonel Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya, ancien Premier ministre et ministre de la défense, alors chef d’État major des armées et président du Comité militaire de salut national, profite d’un voyage de Mohamed Khouna Ould Haïdallah pour faire un coup d’État, sans effusion de sang, aidé logistiquement par des officiers halpularen en autres Anne Amadou Baaba Ly et YALL Abdoulaye paix à son âme.
La lune de miel durera 2 ans, pendant lesquels, les officiers négro-Mauritaniens n’avançaient pas de grade au sein de l’armée et les négro-Mauritaniens marginalisés, réduits à des citoyens de seconde zones au détriment des nouveaux alliés, les haratines massivement enrôlés dans l’armée, mais aussi la coalition avec les nasséristes nationalistes arabes et les baâthistes pro Irakiens, le m »contentement de la communauté grandi et se traduisit par une action politique, lourde de conséquences.
Septembre 1986 : La parution d’un Manifeste du négro-africain opprimé dénonçant un «apartheid» entre Maures et Négro-Mauritaniens suscite des troubles ethniques. Accusés «d’atteinte à l’unité nationale», plusieurs dizaines de personnes dans les milieux négro-africains sont arrêtés.
Comme disait le journaliste Algérien tahar djaout « si tu dis tu meurs, si tu ne dis pas tu meurs, donc dis et meurs ».
Les intellectuels Négro-Mauritaniens dirons ce qu’il ne fallait pas dire selon le régime de l’époque.
Octobre1987: Les autorités dénoncent un complot d’officiers noirs du FLAM (Forces de libération des africains en Mauritanie) sans commencement d’exécution, juste un projet de complot mais les peines seront exemplaires, comparées à d’autres complot similaires.
51 personnes seront inculpées, trois officiers seront condamnés à mort et exécutés, 18 recevront une peine de travaux forcés à perpétuité. C’est la dernière fois que la peine de mort sera d’ailleurs appliquée en Mauritanie.
La tension monte et atteint son paroxysme, il fallait trouver un alibi pour aller jusqu’au bout de la logique d’élimination de cette communauté belliqueuse et téméraire, qui veut pas se soumettre au diktat de la communauté arabe et arabisante de la Mauritanie.
1989-1991 : En février, à la suite d’un incident à la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, de violents affrontements éclatent entre Mauritaniens et Sénégalais, mais aussi entre nationaux maures ou négro-africains. De violentes émeutes anti-mauritaniennes ont lieu à Dakar, à l’image des répressions anti-sénégalaises qui ont lieu côté mauritanien, provoquant l’exode et l’expulsion de dizaine de milliers de personnes. Selon les organisations des droits de l’homme, plusieurs centaines de personnes trouvent la mort, et notamment dans les rangs de l’armée, qui exerce entre 1990 et 1991 une sanglante répression contre ses éléments négro-mauritaniens.
La rupture des relations entre Nouakchott et Dakar, symbolisée par la fermeture de la frontière, durera jusqu’en 1992.
20 juillet 1991 : Une nouvelle Constitution instaure le multipartisme (à l’exception des partis islamistes) et la liberté de la presse.
Une opportunité donnée au Négro-Mauritanien pour ressusciter de ses restes, ils raterons le coche en s’alliant avec les haratines de Messaoud ould Boulkheirleader de l’émancipation des haratines et du candidat maure venu de la banque Mondiale, donné gagnant et frère de moktar ould daddah père de l’indépendance.
Mais c’est sans compter sur la détermination du dictateur Taya à l’instar des autres dictateurs Africains contraint au multipartisme par la conférence de la Baule, sous le commandement de François Mitterrand.
24 janvier 1992 : Maaouiya Ould Taya est élu président avec 62% des suffrages; son parti, le Parti républicain démocratique et social (PRDS) remporte les législatives. Des élections à la régularité contestée par l’opposition.
Ce qui est déterminent c’est que ce parti fut soutenu par l’aristocratie halpulaaren, dans le souci de préserver son statut mais aussi pour accéder à un poste administratif.
Ce qui nous ramène à notre sujet, le 29 Mai 1993, ces mêmes aristocrates vont initier une loi d'amnistie qui sera votée par les parlementaires Mauritaniens.
Rappelons que le un parlement était essentiellement formé de députés du PRDS (parti au pouvoir de l –époque et peut être aujourd’hui encore) pour faire table rase des exactions commises envers et contre les halpulaar de Mauritanie.

QUE CONTENAIT CETTE LOI D’AMNISTIE ?

La loi interdit toute poursuite à l'encontre « des membres des forces armées et de sécurité auteurs de délits qui ont rapport avec les évènements qui se sont déroulés au sein de celles ci et qui ont entraîné des opérations armées et des actes de violence pour la période allant du 1er Avril 1989 au 18 Avril 1992 ».
La loi accorde aussi l'amnistie pleine et entière aux citoyens mauritaniens auteurs d'infractions suite aux actions armées et à des actes de violence et d'intimidation entrepris durant la même période..... « Toute plainte sera classée sans suite ».

Rideau judiciaire sur ce que l'on qualifie poliment de « passif humanitaire », rideau sur les morts, les exécutés, les actes de torture, les disparitions, les viols, les destructions, les chasses à l'homme, les purges au sein de la Grande Muette et de la Fonction Publique. Rideau sur les années de braise qui ont vu toute une frange de la Mauritanie, la communauté négro-mauritanienne, être accusée de tous les crimes. Des centaines de morts, des centaines d'hommes torturés à Inal, Jreïda...., des centaines de fosses communes, des cadavres jetés à la mer, des hommes rendus à leurs familles estropiés, des centaines d'orphelins, des centaines, des milliers de déportés, des centaines de militaires arrêtés à leur travail, embarqués de force, emprisonnés, soumis à des actes de barbarie, à l'innommable.... Des hommes émasculés, des hommes écartelés entre des jeeps, des hommes pendus, des hommes battus, des hommes brûlés, écorchés, tabassés, massacrés....
Cette loi d’amnistie a fait l’objet d’une marche initiée par le parti politique AJD/MR dirigé par Ibrahima SARR, arrivé en troisième position lors des dernières élections présidentielles, avec un score mémorable de 17% des suffrages exprimés, sachant que ses élections sont contestées par l’opposition qui accuse le président sortant qui fut une grande réussite.


Ce qu’il faut noter c’est que la marche a été une réussite grâce à ce jeune leader politique nommé Abdoul Birane Wane coordinateur du mouvement « TOUCHE PAS A MA NATIONALITE » , un mouvement né de la contestation du recensement qui avait débuté en Mai 2011 en Mauritanie, et qui n’ avait d’autres objectifs que la privation de certains négro-Mauritaniens de leurs nationalité Mauritanienne, selon le collectif.
Abdoul Birane a su mobiliser ses troupes au grand complet, su trouver les mots justes pour réconcilier ses deux aînés et surtout accepter d'être en retrait, devant ses aînés, pour la bonne marche de la manifestation.
Que faut-il mettre sur le compte d’Abdoul Birane Wane dans cette réussite ? Sans doute celui d’avoir réussi pour une fois à fédérer des leaders Halpulaars qui ne s’échangeaient aucun mot autre que le bonjour, le merci et l’au revoir, à savoir Ba Mamadou Alassanne président du PLEJ et Ibrahima Moktar président du AJD/MR.
C’est une façon de fédérer les force vives des halpulaar de Mauritanie contre la domination et l’oppression dont ils font objet depuis un certain temps, cela à du mérite, surtout quand on sait que l’IRA, mouvement abolitionniste Haratine est en phase de se muer en parti politique, comme l’a annoncé dernièrement son leader Biram Dah Abeid, qui va plus loin en disant aux haratines de ne plus mettre un bulletin dans une urne en faveur d’un maure, le message ne peut être plus clair, c’est le retour au communautarisme, cette politique qui avait permis à Taya d’asseoir sont régime pendant Vingt ans.
Assiste t- on à la fin de la longue errance politique des peulhs de Mauritanie?
L 'avenir nous le dira !

ABDOUL BA LOBBO

Mercredi 13 Février 2013
Boolumbal Boolumbal
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