Le Rénovateur Quotidien - Encore une saisie spectaculaire, encore des kilos de cocaïne, de cannabis ou de psychotropes interceptés. Et toujours le même scénario : de la drogue en grande quantité, des arrestations de subalternes, des communiqués d’autosatisfaction… mais aucun réseau démantelé, aucun grand nom cité. En Mauritanie, le trafic de drogues persiste. Il s’enracine, s’organise et défie les institutions.
À chaque affaire, les autorités promettent d’aller « jusqu’au bout », de frapper « sans complaisance, fut-il un haut gradé », comme l’a récemment déclaré un chef d’enquête. Des propos attendus, rassurants, et sans doute sincères.
L’opinion publique, elle, a eu droit à des stocks de drogue exposés devant les caméras, à des déclarations fermes, à des procès d’apparence. Mais jamais aucun nom influent, aucun financier, aucun donneur d’ordre présumé n’a été montré du doigt, ni même évoqué publiquement.
Ce décalage nourrit une inquiétude croissante. Comment expliquer que depuis plus de vingt ans, malgré la répétition des saisies, aucune enquête ne soit parvenue à identifier les véritables têtes du trafic ? S'agit-il d’un manque de moyens, d’un déficit de coordination entre services, ou de pressions paralysantes ? Le doute s’installe, et avec lui, une perte de confiance dans la parole officielle.
Parler de complicité de l’État serait un raccourci. Mais l’absence de résultats tangibles, la récurrence des mêmes scénarios, et l’impunité systématique des acteurs majeurs interrogent. À défaut d’être complice, l’État apparaît au mieux dépassé, au pire affaibli face à un système opaque où se croisent intérêts privés, réseaux informels et zones d’ombre.
Dans ce climat trouble, un autre phénomène renforce les soupçons : l’émergence, ces dernières années, d’une classe de nouveaux riches, surgis de nulle part. Villas cossues dans des quartiers autrefois modestes, chantiers immobiliers colossaux, acquisition de terres et de biens de luxe, multiplication des véhicules haut de gamme… Le paysage urbain change, mais les sources de richesse restent floues. À quel prix, et grâce à quelles activités ces fortunes ont-elles été bâties ?
Dans un pays où les opportunités économiques restent limitées pour la majorité, cette ascension rapide de fortunes opaques alimente toutes les rumeurs. Et lorsqu’on la met en parallèle avec l’intensification du trafic de drogue et l’incapacité persistante à en démanteler les circuits, les interrogations deviennent légitimes. Ce n’est plus simplement un soupçon : c’est un appel urgent à la transparence.
La drogue n’est pas qu’une affaire de police. Elle est aussi une affaire de gouvernance, de justice, de volonté politique. Tant que les circuits de blanchiment de l’argent sale ne seront pas identifiés, tant que les mécanismes d’enrichissement douteux ne seront pas scrutés, le pays restera vulnérable à la criminalité organisée.
La Mauritanie ne pourra pas se contenter indéfiniment de promesses. Il faut des enquêtes indépendantes, des mécanismes de contrôle du patrimoine, des procès exemplaires, et un message clair : nul n’est au-dessus des lois. Seuls les actes rétabliront la confiance.
Car tant que les barons demeureront hors d’atteinte, les saisies ne seront que de la poudre aux yeux. Et chaque villa surgie du sable, chaque fortune inexplicable, rappellera cruellement les silences de l’État.
La rédaction
Source: https://le-renovateur.net
À chaque affaire, les autorités promettent d’aller « jusqu’au bout », de frapper « sans complaisance, fut-il un haut gradé », comme l’a récemment déclaré un chef d’enquête. Des propos attendus, rassurants, et sans doute sincères.
L’opinion publique, elle, a eu droit à des stocks de drogue exposés devant les caméras, à des déclarations fermes, à des procès d’apparence. Mais jamais aucun nom influent, aucun financier, aucun donneur d’ordre présumé n’a été montré du doigt, ni même évoqué publiquement.
Ce décalage nourrit une inquiétude croissante. Comment expliquer que depuis plus de vingt ans, malgré la répétition des saisies, aucune enquête ne soit parvenue à identifier les véritables têtes du trafic ? S'agit-il d’un manque de moyens, d’un déficit de coordination entre services, ou de pressions paralysantes ? Le doute s’installe, et avec lui, une perte de confiance dans la parole officielle.
Parler de complicité de l’État serait un raccourci. Mais l’absence de résultats tangibles, la récurrence des mêmes scénarios, et l’impunité systématique des acteurs majeurs interrogent. À défaut d’être complice, l’État apparaît au mieux dépassé, au pire affaibli face à un système opaque où se croisent intérêts privés, réseaux informels et zones d’ombre.
Dans ce climat trouble, un autre phénomène renforce les soupçons : l’émergence, ces dernières années, d’une classe de nouveaux riches, surgis de nulle part. Villas cossues dans des quartiers autrefois modestes, chantiers immobiliers colossaux, acquisition de terres et de biens de luxe, multiplication des véhicules haut de gamme… Le paysage urbain change, mais les sources de richesse restent floues. À quel prix, et grâce à quelles activités ces fortunes ont-elles été bâties ?
Dans un pays où les opportunités économiques restent limitées pour la majorité, cette ascension rapide de fortunes opaques alimente toutes les rumeurs. Et lorsqu’on la met en parallèle avec l’intensification du trafic de drogue et l’incapacité persistante à en démanteler les circuits, les interrogations deviennent légitimes. Ce n’est plus simplement un soupçon : c’est un appel urgent à la transparence.
La drogue n’est pas qu’une affaire de police. Elle est aussi une affaire de gouvernance, de justice, de volonté politique. Tant que les circuits de blanchiment de l’argent sale ne seront pas identifiés, tant que les mécanismes d’enrichissement douteux ne seront pas scrutés, le pays restera vulnérable à la criminalité organisée.
La Mauritanie ne pourra pas se contenter indéfiniment de promesses. Il faut des enquêtes indépendantes, des mécanismes de contrôle du patrimoine, des procès exemplaires, et un message clair : nul n’est au-dessus des lois. Seuls les actes rétabliront la confiance.
Car tant que les barons demeureront hors d’atteinte, les saisies ne seront que de la poudre aux yeux. Et chaque villa surgie du sable, chaque fortune inexplicable, rappellera cruellement les silences de l’État.
La rédaction
Source: https://le-renovateur.net