Un premier ministre pyromane, un Président complaisant



Un premier ministre pyromane, un Président complaisant
Le jeudi 4 mars 2010, le premier ministre Moulaye Ould Mohamed Lagdhaf anime une conférence de presse, dans ses bureaux, à Nouakchott. Il se livre alors à un exergue en Arabe. Un journaliste se plaint de n’avoir pas compris le propos. L’orateur hésite un instant et lâche "Que voulez-vous ? Nous sommes en Mauritanie. C’est un pays arabe".

Ensuite il se lance dans un monologue décousu mais explicite qui ne tarde pas à réveiller les démons assoupis de l’identité : "le plus grand défi auquel fait face la langue arabe, est la propagation des langues locales et dialectes qui la suppléent et la langue de travail, ainsi que sa mise à l'écart en tant que vecteur de sciences (médecine, mathématiques, ingénierie et nouvelles technologies)... l'internet et la marge réduite laissée à l'arabe est un exemple de l'ampleur des défis".

Là, la machine de la discorde s’emballe et la polémique des années 1980 reprend de plus belle. La presse s’y met et extrait, de leur mutisme de naphtaline, des sommités idéologiques dont la mémoire des nouvelles générations se dépatouillait en douceur.

Le point d’orgue est atteint hier soir, sur la chaîne de télévision qatarie Aljazeera, lors d’un débat entre quelques intellectuels mauritaniens. Y participaient Maître Mohameden Ould Ichiddou, l’historien Hamahoullah Ould Salem, récipiendaire du prix Chinguetti en 2006, l’universitaire philosophe Seyid Ould Bah et le militant anti esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid.

Hamahoullah Ould Salem s’attaque à l’héritage politique du Président Mokhtar Ould Daddah, fondateur de la Mauritanie indépendante et accuse les Peulhs de s’opposer seuls à la langue Arabe. L’échange s’enflamme alors, entre lui et Ould Ichiddou ; l’avocat, avec des accents lyriques, conteste le constat : il qualifie le premier régime civil d’"âge d’or" pour la Mauritanie et se lance dans une rigoureuse démonstration des crimes racistes, commis sous Ould Taya, au prétexte de l’indépendance culturelle. Entre l’historien et Birame Ould Abeid, la discussion tournera vite à la confrontation.

Aujourd’hui, la plupart des sites arabophones mauritaniens se font l’écho contradictoire du débat et la violence des commentaires écrits révèle toute la vivacité de la contradiction ethnique en Mauritanie.

En 1989, à cause d’un conflit transfrontalier avec le Sénégal, suivis de massacres civils dans les deux pays, les autorités mauritaniennes entament une politique soutenue d’arabisation des rouages de l’Etat qui entraine l’exclusion rapide des cadres négro-africains, en majorité francophones.



Source: Taqadoumy

Dimanche 14 Mars 2010
Boolumbal Boolumbal
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