Un commando de l'armée nationale s'est accaparé de mon village natal (Lettre ouverte)



Salndé une situation préoccupante comme l'a dit Amadou Clédor que je remercie au passage est vraiment préoccupante.

En fait, depuis bientôt trois ans dans la commune de Tékane, plus précisément Salndé, c'est une famine qui y sévit. Il ne s’agit pas d'une conjoncture ou d’un aléa climatique, c'est une famine qui provient d'une main humaine parce que c’est l’Etat qui en est responsable et qui nous l'impose. Il y’a bientôt trois ans, un bataillon du génie militaire est venu un bon matin placer des sentinelles ; accaparer, tenez-vous bien 2000 hectares de terres.

Dans ce village, quelques années auparavant un périmètre aménagé par les mains, les pelles et les pioches est attribué à une seule personne installée à la faveur des évènements. Les habitant se retrouvent aujourd'hui manœuvres dans leur propre terre.

La vie des paysans de la localité et des riverains tels que : Niakwar, Koléyla, Mleyga, Sima, Gourel Thiangaye, Dara Salam est soumise à une rude épreuve, mettant ainsi en péril notre patrimoine agro-sylvo-pastoral, culturel et touristique. Notre existence, grosso modo. On ne sait jusqu'ici pour le compte de qui nos terres sont enlevées. Ceux qui savent le pourquoi dans tout le département de R'kiz, restent muets.

Cette superficie investie, à ce jour aucune agriculture n'est entamée mais les villageois ont commencé à souffrir dès le premier jour de son implantation. Beaucoup de pistes pour accéder à la route nationale bitumée sont fermées. Il faut contourner le grillage sur quatre kilomètres au lieu d’un kilomètre et demi auparavant.

Actuellement, nous n'avons plus de perspective agricole en perdant cette superficie, notre élevage est en péril et les autorités ne se rendent pas compte à quel point ça fait mal en s’accaparant de cette étendue de terre. Le désastre qu’ils causent sur le patrimoine de la localité. Un mètre de terre accaparé, c'est un pan entier de patrimoine économique et culturel qui disparaît.

Parce que chaque arbre compte, chaque sillon où ruisselle une quantité d'eau tant soit peu compte ; la savane de Gaabar, Ngafghai, le bras du fleuve Galouwol puisant sa source à partir de Ndiawane Gallé Mbaila autre fois où étaient forgés les dabas et toute sortes d’outils entrants dans les activités champêtres du village nous a été arraché. Nous n'arrivons pas à digérer l'accaparement de nos terres, la marine nationale est venue enfoncer le clou en arraisonnant toutes les pirogues du village et des villages environnants au nom de la lutte contre l'immigration clandestine compromettant sérieusement notre existence.

Dans cette localité, l’Etat n'a jamais posé une seule brique. En immobilisant aujourd’hui nos pirogues, l’Etat nous interdit de pêcher sur les eaux du fleuve Sénégal qui est un don de Dieu. Notre alimentation en dépend, en grande partie. C’est notre sève nourricière. Nous sommes coincés de partout ; de haut et en bas et par le grillage du génie militaire et par le fleuve Sénégal qu’on ne peut plus franchir, faute de pirogues.

Aucune activité nous permettant de survivre par la sueur de notre front ne nous est permise. Au moment où je vous parle, c’est une politique qui ressemble à celle appliquée par l’Etat Juif en Israël, celle de nous spolier de nos terres qui est mise en place dans le but de nous faire déguerpir de la localité. C’est incompréhensible. Mon village Salndé est en train de couler au vu et au su de tout l'Arrondissement. Par cette présente lettre, j'appelle à l'aide.

J’ai le regard rivé sur les cadres, notables, autorités municipales pour se souder comme un seul homme et combattre cette injustice dans le département de R'kiz. Salndé est en train de disparaitre de la carte si rien n’est fait.

Hamédine N’Diongue,

Agent chef au Lycée Théodore Monod de Nouakchott


Source: Terroir Journal (Mauritanie) via Cridem

Dimanche 18 Novembre 2018
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