Tripoli aux mains des insurgés, fin de régne de Kadhafi ?



Tripoli aux mains des insurgés, fin de régne de Kadhafi ?
Les rebelles libyens ont pénétré, dimanche 21 août, dans la capitale du pays. Dans la nuit de dimanche à lundi, ils affirmaient tenir toute la ville, exceptée la résidence de Mouammar Kadhafi. •Les rebelles progressent dans Tripoli Des combattants rebelles ont atteint, dimanche 21 août, la Place verte au centre de la capitale libyenne. La télévision britannique Sky News a diffusé des images montrant une foule d'hommes en liesse, agitant des drapeaux rouge, noir et vert, aux couleurs de la rébellion, dansant, et scandant "Allah Akbar" ("Dieu est grand") tout en tirant en l'air La progression des opposants à Kadhafi, arrivés notamment par la mer, s'est accélérée à partir de samedi dans la région de Tripoli. Aux premières heures, lundi, ils affirmaient contrôler tout Tripoli à l'exception du complexe de Bab Al Azizah, résidence du "guide de la révolution". Dans la journée de dimanche, les rebelles ont pénétré dans les banlieues de Tripoli et se sont dirigés dans le centre-ville. Selon des journalistes sur place, ils n'ont recontré qu'une très faible résistance et ont été salués par les habitants de ces zones. Certains témoins ont évoqué des scènes de liesse. Dans la matinée, alors que les premiers rebelles atteignaient les faubourgs de la ville, le régime, reconnaissait des infiltrations "de groupes isolés". Les autorités avaient alors adressé des messages sur les téléphones portables appelant "le peuple à sortir dans toutes les villes pour éliminer les traîtres et les agents avec des armes et pour les piétiner". Plusieurs milliers de rebelles se trouvaient dans la soirée à 25 km à l'ouest de la ville, selon un correspondant de Reuters sur place. Ils se sont emparés d'une caserne de la brigade Khamis, unité d'élite réputée la mieux entraînée, commandée par l'un des fils de Kadhafi, auquel elle doit son nom. De violents affrontements ont lieu, dimanche après-midi, à proximité de l'hôtel Rixos qui abrite la presse étrangère dans le centre de Tripoli. Les membres de la direction de l'hôtel ainsi que son chef, de nationalité suisse, ont quitté l'établissement. Ce dernier a affirmé que les employés avaient reçu des appels téléphoniques de personnes menaçant de prendre d'assaut l'hôtel parce qu'il y héberge des officiels. •Saïf Al-Islam Kadhafi capturé. Le Conseil national de transition a assuré avoir fait prisonnier le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf Al-Islam, pressenti pour succéder à son père à la tête du régime. "Il est dans un lieu sûr sous garde renforcée en attendant qu'il soit déféré à la justice", a indiqué le chef des rebelles dans une interview à Benghazi à Al-Jazira. Une information qui a été confirmée par le procureur de la Cour pénale internationale. Son frère aîné, Mohammed, se serait quant à lui rendu aux rebelles. •"Il reste une semaine, au maximum 10 jours au régime" L'ancien numéro deux du régime libyen Abdessalem Jalloud, qui a fui Tripoli vendredi et se trouve en Italie, a estimé dimanche que le colonel Kadhafi n'avait plus de temps à sa disposition pour négocier son départ du pouvoir et risquait d'être tué. "Je crois qu'il reste une semaine, au maximum 10 jours au régime et peut-être moins", a estimé M. Jalloud dans une interview. Selon M. Jalloud, Kadhafi "n'a aucun moyen de quitter Tripoli. Toutes les routes sont bloquées. Il peut seulement partir sur la base d'un accord international et je pense que cette porte est fermée". Par ailleurs, la brigade chargée de la sécurité de Kadhafi s'est rendue, a annoncé Al Jazira. •Le porte-parole du régime appelle à cesser les combats et à négocier Le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, s'est exprimé à la télévision, dans la soirée de dimanche. Il a déploré que la bataille de Tripoli se soit soldée par un bilan humain qui est "au delà de l'imaginable", évoquant 1 300 morts dans les dernières 24 heures. Pour M. Ibrahim, Tripoli était une ville calme et sûre avant que les rebelles – des "gangs armés" – et l'OTAN ne la mette à feu et à sang. Il a exhorté les reblles à cesser le combat et à négocier, ce à quoi, a-t-il assuré, Kadhafi était disposé. •L'OTAN dit que c'est bientôt la fin Les puissances occidentales engagées en Libye ont assuré que l'issue était proche. "Il est clair d'après les scènes auxquelles nous assistons à Tripoli que la fin est proche pour Kadhafi", a déclaré dans un communiqué le bureau du premier ministre britannique, David Cameron. Pour la Maison Blanche, les jours du colonel Kadhafi en tant que dirigeant sont "comptés" tandis que Nicolas Sarkozy assure que "l'issue ne fait désormais plus de doute". Rome affirme que la "tragédie" du conflit "touche à sa fin". L'OTAN estime pour sa part que "ce à quoi nous sommes en train d'assister ce soir est l'effondrement du régime". •Kadhafi appelle à libérer Tripoli. Dans un message audio diffusé sur la télévision d'Etat, tard dans la soirée de dimanche, Mouammar Kadhafi a invité les Libyens à "sauver Tripoli". "Il s'agit d'une obligation pour tous les Libyens. C'est une question de vie ou de mort", a-t-il dit dans ce troisième enregistrement en deux jours. Plus tôt dans la journée, Kadhafi avait affirmé qu'il ne se rendrait pas et sortirait "victorieux" de la bataille de Tripoli. "Nous ne nous rendrons pas. Nous n'abandonnerons pas Tripoli aux occupants et à leurs agents. Je suis avec vous dans cette bataille", a martelé Kadhafi. "Nous ne nous rendrons jamais et grâce à Dieu nous sortirons victorieux". Les rebelles dans Tripoli, célébrations de joie dans les rues Les combattants rebelles ont déferlé dimanche soir sur Tripoli, la capitale libyenne, où des milliers d'habitants sont descendus dans les rues désertées par les forces de Mouammar Kadhafi qui n'ont semblé opposer que peu de résistance aux insurgés. "La situation est très fluide. On peut voir le régime s'effriter et, plus tôt Kadhafi réalisera qu'il ne peut pas gagner cette guerre contre son propre peuple, mieux ce sera", a déclaré tard dimanche une porte-parole de l'Otan. Les insurgés contrôlent désormais tous les quartiers de la capitale à l'exception du complexe de Bab al Aziziah où se trouve la résidence de Mouammar Kadhafi, selon la chaîne de télévision Al Djazira. Des images montrant des milliers de personnes rassemblées dans le centre de la capitale et déchirant des portraits de Kadhafi ont par ailleurs été diffusées sur l'antenne d'Al Arabya. Le fils aîné du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Mohammed Kadhafi, s'est rendu aux forces rebelles, a déclaré à Reuters Adel Dabbechi, coordinateur du Conseil national de transition (CNT), organe politique des insurgés. Il a également confirmé la capture de Saïf al Islam, le plus jeune fils du colonel libyen, qui avait été annoncée un peu plus tôt par le chef de file du CNT. Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo, a lui aussi confirmé à Reuters l'arrestation de Saïf al Islam Kadhafi, à l'encontre duquel il a émis en juin un mandat d'arrêt après l'avoir inculpé de crimes contre l'humanité, en même temps que son père et que le chef des services secrets libyens. DEUX MESSAGES SONORES DE KADHAFI A Tripoli, les rebelles ont atteint la place Verte dans le centre, où ils ont agité des drapeaux de l'opposition en signe de victoire, selon des images diffusées par la télévision britannique Sky tôt lundi. Des clameurs de joie ont retenti sur cette place du centre de la capitale qui était jusque là réservée aux rassemblement des partisans du régime. Alors que les forces rebelles progressaient vers le centre de la capitale, Mouammar Kadhafi a une nouvelle fois invité les Libyens à "sauver Tripoli" dans un message sonore diffusé dimanche par la télévision publique. "Il s'agit d'une obligation pour tous les Libyens. C'est une question de vie ou de mort", dit-il dans ce deuxième enregistrement de la journée. "Je crains que si nous n'agissons pas, ils brûlent Tripoli", a indiqué Kadhafi qui règne sans partage depuis 42 ans dans le pays. "Il n'y aura plus d'eau, de nourriture, d'électricité et de liberté." Son porte-parole, Moussa Ibrahim, a mis en garde contre un réglement de comptes des rebelles. "Un massacre va être commis à Tripoli si l'un des deux camps l'emporte parce que les rebelles viennent emplis de haine. Que notre dirigeant parte ou démissionne, il y aura dans tous les cas un massacre." Le "guide" libyen est prêt à négocier en personne avec le chef de file des rebelles, a précisé Moussa Ibrahim, faisant état de 1.300 morts dans la capitale ce dimanche. TRANSITION PACIFIQUE ET IMMÉDIATE Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a appelé à une transition pacifique et immédiate en Libye et s'est dit prêt, pour y parvenir, à travailler avec les rebelles qui combattent depuis mi-février les forces kadhafistes. "L'Otan est prête à travailler avec le peuple libyen et avec le Conseil national de transition (des rebelles)", indique-t-il dans un communiqué. "(Les rebelles) doivent s'assurer que la transition est pacifique et complète, que le pays reste uni et que l'avenir soit fondé sur la réconciliation et le respect des droits de l'homme." L'Otan a annoncé dimanche qu'elle continuerait à protéger la population civile en Libye. L'aviation de l'Otan mène des raids quasi quotidiens sur la Libye depuis le 31 mars dans le cadre de la résolution 1793 du Conseil de sécurité de l'Onu adoptée le 17 mars qui autorise les Etats membres à prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger les populations civiles.
LeMonde.fr


Source : Calame

Lundi 22 Août 2011
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