Thérapie de l’Ira pour le dialogue politique : Soigner le mal à la racine



Thérapie de l’Ira pour le dialogue politique : Soigner le mal à la racine
L’Ira-Mauritanie vient d’élaborer un document de 5 pages, qu’elle a adressé sous forme de plateforme aux acteurs politiques en conclave, pour faire connaître les solutions que cette organisation juge indispensables à l’avènement d’un dialogue politique constructif véritable qui place le pays sur des nouveaux rails sains de justice, d’égalité et d’unité nationale.
Abordant d’emblée le problème qui se dresse au lancement de cette concertation, l’Ira rappelle avoir invité, à l’occasion du « dialogue » initié par le pouvoir, tous les protagonistes, à placer, au centre de leur conclave « les défis qui minent l’ancrage de la démocratie, compromettent le développement durable, agitent la société et menacent la paix civile », soulignant qu’elle « s’élèvera contre toute ruse rhétorique ou conceptuelle qui différerait ou tenterait de diluer, dans l’ordre des urgences nationales, le scandale, passé et actuel, des pratiques multiformes de l’esclavage, des discriminations induites et de la ségrégation raciale, entretenues, avec le concours actif ou la complicité de l’Etat, contre les populations noires de Mauritanie », ajoutant qu’un peuple, ne saurait omettre, ni esquiver, non plus, les passifs lourds, notamment les devoirs de vérité et de justice sur le projet de génocide qui a endeuillé les négro-africains de Mauritanie ; dont les auteurs rappelle-t-elle « quoique identifiés, bénéficient, toujours de l’immunité de positions d’influence et de récompense sous le pouvoir ». Au menu des solutions, l’Ira cite en premier la nécessité impérieuse d’éradiquer définitivement le phénomène et d’enrayer ses séquelles, rappelant à ce propos son combat contre ce phénomène sur toute l’étendue du territoire national, déplorant vivement le déni apporté publiquement par le chef de l’Etat de l’existence de l’esclavage en Mauritanie. L’organisation évoque aussi la nécessité d’appliquer l’ensemble des dispositions de la loi 0048-2007 incriminant et sanctionnant les pratiques de l’esclavage, notamment, l’article 12 qui stipule d’emprisonner et d’amender les walis, hakems, chefs d'arrondissements, officiers ou agents de police judiciaire ne donnant pas suite aux dénonciations portées à leurs connaissance. L’organisation propose également la création, comme prévu lors de la promulgation de loi 0048-2007, d’un office national, parmi d’autres mesures d’accompagnements suggérées, pour assister les victimes, les prendre en charge, leur accorder des formations professionnelles et les subventionner, aux fins de l’autonomie individuelle ainsi que la déconstruction de la tenure tribale et féodale de la terre « vecteur de faiblesse de l’autorité publique où s’ancre l’hégémonie sur les populations serviles Hratin, privées, alors, de la jouissance de la propriété, l’un des droits fondamentaux de l’Homme » dit l’Ong, s’étonnant du fait que « les bâtisseurs et artisans manuels de la Mauritanie, ne possèdent pas de champ en propre ». Et d’ajouter qu’il « y a lieu, absolument, si l’on souhaite mettre un terme rapide aux diverses formes d’exclusion dont la société mauritanienne est porteuse, de casser, par une norme constitutionnelle, toute prétention lignagère à s’accaparer la terre sans la mettre en valeur », précisant que le paysan Hartani mérite, déjà à titre rétroactif, une préemption de droit sur les périmètres qu’il féconde de son labeur, indiquant que « le projet, certes ambitieux, passe, au premier stade, par l’abolition de toute propriété sur le no man’s land ». L’Ong dit par ailleurs que le règlement de tous les dossiers d’esclavage soumis à la juridiction nationale s’impose, comme démonstration de la rupture, citant nommément ces cas très connus par l’opinion en raison des grands élans de solidarité de mobilisation qu’ils avaient suscités. L’Ira exige aussi la libération de son militant Boulkheir Cheikh Dieng, appelant à revoir « avec les associations crédibles d’assistance aux victimes, le Programme pour l’Eradication des Séquelles de l’Esclavage d’un budget de 250 millions de dollars américains, pour éviter qu’il ne serve - cruelle ironie - à l’enrichissement des maîtres » ainsi qu’à organiser une campagne médiatique sur les lois réprimant les pratiques esclavagistes, avec une formation annuelle, à tous les niveaux de l’enseignement primaire et secondaire, sanctionnée par des prix et autres gratifications substantielles, de nature à nourrir, dans la société, la sève du volontarisme et une meilleure conscience de la valeur humaine. (…). L’organisation abolitionniste estime qu’il faut aussi instituer, pendant une décennie, une caravane nationale de la paix et de la réconciliation qui sillonnera l’ensemble du territoire, le long de l’année scolaire, pour informer, expliquer et persuader autour de l’argument « plus jamais ça », comme outil de veille et de prévention de toute récidive, qu’il y a lieu d’indemniser les victimes et les rescapés, d’assurer le versement, aux veuves et orphelins, de pension indexées sur l’inflation et le renchérissement du coût de la vie, recommandant la tenue des journées de mémoire, de prière et de recueillement périodique à Inal, Jreida, Azlatt et tout autres lieux symboles de la barbarie à l’œuvre et y associer, avec surcroît de couverture médiatique, la contribution (en guise de droit de mémoire), des survivants, ainsi qu’à déclarer la journée du 27 novembre, journée nationale du martyr. A propos du renforcement de l’unité, l’Ira estime que la restauration et l’affermissement de la cohésion exigent des mesures sérieuses et concrètes qui rassurent tous les citoyens mauritaniens, abstraction faite de leurs couleurs et/ou langues. Selon elle, il importe de faire preuve d’équité dans la répartition des richesses nationales entre les composantes de la communauté de destin pour mieux bannir les privilèges, inavoués mais structurels que nourrit l’esprit de corps, tels le népotisme, le régionalisme, le tribalisme, la race ou la naissance. L’organisation estime qu’il faut aussi restructurer les organes de l’Etat, notamment le corps des magistrats lequel ne reflète, aujourd’hui, que le visage hideux de l’oppression et le fardeau d’une histoire inique dont est arrivé le temps de se défaire ; la redistribution équilibrée et méticuleuse des postes de décision et d’influence et de toutes les positions de responsabilité publique, dans les secteurs civils, les forces armées et de sécurité, relève de la thérapie de la dernière chance, sur une société multiraciale et multiculturelle, aujourd’hui malade, quasi agonisante d’avoir reculé, esquivé et fui le diagnostic mortel de sa corruption. Evoquant le recensement, l’Ira appelle au sursois des opérations d’enrôlement exclusivistes en cours pour redéfinir les critères rationnels et objectifs de l’identification, indiquant qu’il est urgent de concevoir une nouvelle fiche standard dont la teneur porte l’avis consensuel des partis politiques et la société civile où « le formulaire reconnaîtra, aux Hratin, le champ d’une composante nationale, à part, compte tenu de son histoire et de ses origines dont la combinaison débouche sur une spécificité objectivement établie durant des siècles ». L’Ira évoque aussi la nécessité de promouvoir les valeurs citoyennes seul moyen fondamental pour l’ancrage de la démocratie, à partir du postulat révolutionnaire « un homme, une voix » ; de garantir, à tous les citoyens mauritaniens sans distinction de race ni de couleur, le droit à la détention des pièces d’Etat-civil et à la nationalité multiple, d’améliorer les conditions de vie des populations carcérales de plus en plus soumises aux affres de la promiscuité, en violation des instruments de protection des détenus, signés et ratifiés par la Mauritanie. En conclusion de la présentation de cette thérapie pour sauver le dialogue politique et le bâtir sur du béton, l’organisation recommande l’ouverture de toutes les instances de l’enseignement public, sans discrimination aucune, à tous les fils de la Mauritanie et réviser, alors, la mauvaise image de l’Ecole Militaire, des collège et lycée d’excellence, l’Ecole Nationale d’Administration (ENA), devenus chasse gardée, presque exclusive, d’une communauté de nantis et d’aristocrates, fils et petits fils d’exploiteurs, sans cesse sous la protection du système et usufruitiers, en viager, de ses dérogations ainsi que la mise sur pied des commissions de contrôle des concours de la fonction publique et de l’adjudication des marchés de l’Etat, représentatives de la diversité nationale, de manière à décourager toutes les manœuvres obliques de stigmatisation et d’exclusion.
Avec Ira_com



Jeudi 8 Septembre 2011
Boolumbal Boolumbal
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