Tensions estudiantines : Jouer au pompier et non au pyromane !



Tensions estudiantines : Jouer au pompier et non au pyromane !
L’université de Nouakchott a été la semaine dernière le théâtre d’accrochages entre des syndicats estudiantins.Des heurts provoqués par des élections entachées d’irrégularités.Les représentants des étudiants au conseil ont fait monter les enchères sur fond de malaise politique.Certains milieux politiques extrémistes sont tentés d’exploiter cette situation pour déformer les faits en vue d’inciter à la haine.Ce que les mauritaniens épris de paix doivent vivement condamner avec la dernière énergie.

Plusieurs partis politiques et syndicats ont dénoncé ces violences et invité à la retenue. Le contraire serait préjudiciable à l’unité et la quiétude. L’Etat doit prendre ses responsabilités pour arrêter ces actes et sanctionner tous c eux qui seraient tentés de véhiculer des messages à caractère racial et haineux. L’Université de Nouakchott va observer un arrêt de cours d’une semaine à dater du dimanche 24 avril. La décision, qui est tombée hier, cherche à juguler d’éventuels affrontements entre étudiants des différentes centrales syndicales estudiantines. Les récents affrontements qui ont eu lieu sur le campus, sont consécutifs aux élections organisées pour élire les membres du bureau des étudiants. Avril 2011, les différents syndicats d’étudiants sont à pied d’œuvre pour réaliser un bon score à l’issue des élections organisées pour choisir les membres qui doivent siéger dans le bureau des étudiants. La campagne se déroule relativement bien. On espérait que tout se passerait dans le calme. Mais le mercredi 20 avril les élections ont pris une tournure marquée par la violence. Ce jour-là sur le campus on a vu des étudiants crient à la tricherie. Le coupable à leurs yeux n’était autre que l’UNEM. Que lui reprochent-ils ? «Les listes d’étudiants sont répartis en deux catégories. Il y a une liste pour les étudiants qui suivent le cursus instauré par la réforme. Et une autre pour ceux qui suivent le cursus mis en place par l’ancien système. Mais certains étudiants sont inscrits sur les deux listes, partant ils ont deux numéros de matricule et donc ont la possibilité de voter par deux fois. Les partisans de l’UNEM ont saisi cette possibilité pour frauder», dit un partisan du SNEM. Convaincu que l’UNEM a triché, le SNEM s’est mis à tirer sur la corde. Résultat, la faculté s’est empêtrée dans une violence intercommunautaire, le mercredi 20 avril. Pendant tout ce temps, les autorités ont brillé par leur silence. Par rapport aux affrontements du campus, aucune décision n’a été prise lors conseil de ministre tenu jeudi dernier. La question n’a même pas été abordée, au cours de ce conseil. Et ce n’est pas la première fois que les autorités brillent pas leur mutisme. Faudrait-il le rappeler, lors des affrontements entre étudiants, consécutifs à l’idée d’arabiser l’administration, aucun officiel n’est monté au créneau pour désamorcer la bombe. Les autorités ne doivent pas se contenter d’envoyer la police mater les étudiants et a décréter un arrêt de cours. Elles doivent travailler en vue de dépasser les clivages qui existent entre noirs et blancs sur le campus, et au-delà travailler pour rapprocher les différentes composantes du pays.

Heurts unanimement condamnés

Tous les partis politiques, les centrales et Ong ont condamné ces violences. L’AJD/MR a déploré cette dangereuse dérive et condamné avec la plus grande énergie tous les actes de vandalisme ayant abouti à des saccages de biens publics et privés quelles qu'en soient les motivations, condamnant également le caractère sélectif de la répression opérée et appelant tous les étudiants « de tous bords pour qu’ils fassent preuve de retenue en évitant d'être les instruments de forces poursuivant des objectifs autres que les intérêts estudiantins ».
De son côté Tawassoul a rappelé à la communauté estudiantine, en particulier, et à la société mauritanienne dans son communiqué publié à cette occasion que la patrie et à son identité islamique unificatrice « invite toutes les personnes sages et les consciences nationales vives à agir rapidement pour éviter toute évolution négative, tant à l'intérieur qu’à l'extérieur de l'université » soulignant la nécessité pour les pouvoirs publics de faire face à leurs responsabilités afin d’assurer la sécurité et d’empêcher tout désordre et condamnant toute attaque contre les propriétés publiques ou privées quelque en soit le motif invoqué. Pour leur part, les centrales syndicales (CGTM, CLTM, CNTM), réagissant à ces heurts regrettables ont exprimé leur profonde désapprobation et leur condamnation totale « du recours à la force pour le règlement des contradictions interuniversitaires » appelant « les étudiants de tout bord à se ressaisir rapidement afin de trouver la solution de leurs problèmes dans des cadres de dialogue apaisé et pacifique ». . L’Intersyndicale dit également regretter « que la gestion de ce contentieux électoral de la part des autorités universitaires et des pouvoirs publics ait pu engendrer des batailles rangées qui n’apportent rien aux souffrances déjà importantes auxquelles toutes les couches de notre population sont confrontées et que des mesures rectificatives soient prises afin d’éviter des drames similaires ». Enfin, l’Ufp a publié un communiqué dans lequel il a déclaré combien ces troubles de l’Université de Nouakchott « ont montré l’ampleur du danger qui continue de menacer l’unité nationale et la paix sociale », se posant la question « à qui profite l’exacerbation des tentions ethniques en ce moment précis, et pourquoi l’université en devient le théâtre ? ». L’Ufp va jusqu’à accuser certains milieux d’avoir profité de la pression généralement présente en pareil cas (élections) pour exacerber les clivages ethniques entre les étudiants, dénonçant l’attaque du siège central de « Tawassoul », ce qui dénote de la présence de visées politiques et de mains cachées derrière ces événements.

Amadou Diaara et Samba Camara

Source: Renovateur

Dimanche 24 Avril 2011
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