Sèno Boussobé : Nuit cauchemardesque et se réveil sous le choc



Sèno Boussobé : Nuit cauchemardesque et se réveil sous le choc
13 personnes dont 12 femmes, sont mortes noyée à Sénoboussoubé. Au-delà du drame, se pose le problème de la protection civile en Mauritanie. (Voir liste page 08)
Mardi 06 avril, aux environs de 15 heures de l’après-midi, un groupe de 16 personnes a quitté le village de Sèno Boussobé (commune d’Aéré M’Bar) dans le département de Bababé pour se rendre de l’autre côté de la rive du fleuve Sénégal à la recherche du bois de chauffe.

Une fois arrivées sur les berges du fleuve, elles (les victimes) contraignirent Dembaye, un piroguier Sénégalais à les transporter dans sa pirogue pour les faire traverser le fleuve à en croire la version de ce dernier. Une fois embarquées dans la pirogue et arrivées au milieu des eaux du fleuve, une rafale de vent provoque soudain une panique chez les passagers entraînant par la suite un déséquilibre de la pirogue. L’embarcation chavirera vers 16 heures dans un endroit presque inhabité a rapporté monsieur Dembaye qui aurait hésité à les transporter dans sa pirogue. Dans la mêlée, il réussit à sauver deux femmes. Les populations des villages riverains alertées par les rescapés (le piroguier et les deux femmes) se précipitèrent sur les lieux pour tenter de sauver en vain les personnes noyées. Les sauveteurs réussissent malgré les moyens rudimentaires à leur disposition à repêcher tous les corps, soit 13 au total mais sans vie. Parmi les 13 personnes mortes noyées, il y a un jeune garçon qui s’appelle Djibi Sy, quatre femmes mariées qui ont laissé des enfants derrière elles.
Le dernier corps noyé a été repêché vers 22 heures du soir. Les autorités de la région, madame le Wali en tête, les forces de sécurité, les autorités médicales, le procureur et les élus municipaux se sont retrouvés hier soir à Sèno Boussobé, situé à 1km presque du fleuve. L’inhumation des victimes s’est achevée tard dans la soirée. Dans toutes les maisons du village, on n’entend que des pleures et des cris de profonde détresse. Les populations ne parviennent pas à se remettre de cette nuit cauchemardesque. L’atmosphère est encore intenable dans ce village qui vit sans doute le drame le plus macabre de son histoire. La région du Brakna, le Lao en particulier et la Mauritanie toute entière sont endeuillés par ce drame et compatissent à la douleur des parents et proches des victimes de cette catastrophe humaine.
Au-delà de cette catastrophe qui a coûté tant de vies humaines, il importe de poser la question de la sécurité de la navigation fluviale.
Dans le cas présent, les victimes ont emprunté une pirogue surchargée. Ne sachant pas nager, elles ont semble-t-il coulé comme des pierres. Les gillets de sauvetage et autres accessoires…dans ces milieux, c’est radicalement inconnu.
Autres questions : pourquoi, ces braves femmes ont-elles pris ce risque ? Pour échapper probablement à l’ire de ces époux qui les surmènent de travaux ménagers. Femmes traitées comme des vassales pendant que les époux passent une grande partie de leurs temps à baver sous des arbres ou des hangars entrain de jouer à la belotte ou à la dame. Dans les villages comme Sénoboussoubé, la corvée d’eau, de bois…c’est le lot des femmes.
Et après 50 ans d’indépendance, l’Etat ne dispose toujours pas d’une politique de protection civile adéquate. Dans les différents points de passage frontaliers sur le fleuve, aucune pirogue n’est équipée de gilets de sauvetage. Les piroguiers ne sont pas formés ni outillés en matière de protection civile pour faire face à d’éventuels dangers. Rosso, reste le plus grand et le plus dense point de passage frontalier. Vous ne verrez jamais une personne traversant la frontière porter un gilet de sauvetage. Le 04 Avril dernier, des autorités Mauritaniennes ont traversé sans porter des gilets de sauvetage la frontière pour aller à la fête de l’Indépendance au Sénégal. Simplement parce que le poste frontalier de Lixeîba ne dispose pas de gilets de sauvetage. C’est au retour que les Sapeurs pompiers Sénégalais ont apporté des gilets de sauvetage aux Mauritaniens en escortant même les pirogues par des vedettes de sauvetage. Chaque année, dans la vallée du fleuve Sénégal, les inondations provoquent d’énormes dégâts et des enclavements. On n’a jamais vu des équipes de secours ni de sauvetage porter secours aux sinistrés. Il ne suffit pas de faire un grand tapage médiatique autour de la création de nouveaux postes frontaliers de passage. Il faut plutôt orienter les efforts du gouvernement vers la mise en place d’une force de protection civile équipée de tous les moyens et qui soit en mesure d’intervenir à temps partout où le besoin se fera sentir.
Thièrno Souleymane cp Brakna

Catastrophe de Seeno Busooɓe : messages de condoléances
Nous venons d’apprendre avec une très grande tristesse le décès par noyade d’un groupe de jeunes filles à Bababé (Wilaya du Brakna).
En cette douloureuse occasion, le Pacte National pour la Démocratie et le Développement(ADIL) présente ses condoléances les plus attristées au peuple mauritanien tout entier et à aux habitants éplorés de Bababé, priant Allah le Tout-puissant d’accueillir les défuntes en son Saint Paradis et d’inspirer courage et consolation aux leurs.
Inna lillahi, Wa Inna Ileyhi Rajioune.

ADIL
Nous avons appris avec beaucoup de tristesse la catastrophe qui a endeuillé le village de Seeno Busooɓe, en particulier les familles des disparus. Au nom de l’UFP et en mon nom personnel je vous prie de recevoir, en cette circonstance douloureuse toute notre compassion et nos condoléances les plus émues. Qu’Allah accueille les défunts en son Saint Paradis. Innaa Lil Laahi wa innaa ileyhi raaji’uun. Aamiin
Le président de l’UFP

Liste des personnes mortes noyées dans le fleuve à Sèno Boussobé le Mercredi, 06 Avril 2010 entre 15 heures et 16 heures.
01- Binta Guèye.
02- Haby Guèye
03- Aîssata Guèye
04- Aîssata Souleye Guèye
05- Farmata Dieng,
06- Ramata Guèye,
07- Rouguiyata N’daw
08- Fatimata Ball,
09- Aîssata Diallo
10- Aîssata Niane (Sénégalaise de Cas cas)
11- Djibi Sy
12- Aminata M’Baye
13- Désa Thiam fille
14- Alassane Demba N’diaye

Rescapés :
01- Oumou Guèye
02- Diérélé Diallo


Source : le quotidien nouakchott.

Jeudi 8 Avril 2010
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