La monnaie nationale traverse une zone de turbulences silencieuses. Depuis plusieurs mois, l’ouguiya mauritanienne enregistre une forte dégradation de sa valeur sur le marché parallèle des changes, en particulier face au franc CFA. Cette évolution contraste avec le discours officiel de stabilité porté par la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) et soulève de sérieuses interrogations sur la soutenabilité du régime de change actuel.
Une perte de valeur marquée face au CFA
Sur le marché informel, l’ouguiya aurait perdu plusieurs points , près de 65 % de sa valeur relative face au franc CFA, selon les opérateurs. Cette situation est d’autant plus préoccupante que le CFA bénéficie d’un ancrage institutionnel à l’euro, lui conférant une stabilité et une prévisibilité appréciées par les agents économiques.
À l’inverse, l’ouguiya évolue dans un cadre de flottement administré, fortement dépendant de l’intervention de la banque centrale. Or, la rareté des devises, conjuguée à une demande structurellement élevée (importations, transferts, thésaurisation), accentue la pression sur la monnaie nationale et alimente la dichotomie entre taux officiel et taux réel.
Le marché noir comme indicateur de défiance
Le marché parallèle agit comme un révélateur de la perte de confiance des agents économiques. En l’absence d’un accès fluide au marché officiel des changes, les opérateurs se tournent vers des circuits informels, où les taux reflètent davantage les anticipations négatives que les fondamentaux affichés.
Cette situation favorise la spéculation, les comportements d’arbitrage et une dollarisation rampante de l’économie. Les cambistes et revendeurs informels profitent de la volatilité, tandis que les entreprises et les ménages subissent une augmentation des coûts de transaction et une érosion du pouvoir d’achat.
Pressions inflationnistes et transmission monétaire affaiblie
La dépréciation de l’ouguiya sur le marché noir a des effets directs sur les prix intérieurs. Dans une économie fortement dépendante des importations, la baisse de la monnaie nationale se traduit par une inflation importée, particulièrement visible sur les produits de première nécessité et les intrants stratégiques.
Par ailleurs, l’écart persistant entre les deux marchés affaiblit la transmission de la politique monétaire. Les taux directeurs et les instruments conventionnels perdent en efficacité lorsque les prix de référence sont déterminés en dehors du cadre réglementé.
Une régulation devenue urgente
Face à cette situation, la crédibilité de la politique de change est en jeu. Sans une intervention plus active de la BCM — qu’il s’agisse d’un ajustement du taux de change, d’une meilleure allocation des devises ou d’un renforcement du contrôle du marché informel — le risque est celui d’un enracinement durable de la dualité monétaire.
À moyen terme, cette dynamique pourrait conduire à une perte de confiance accrue dans l’ouguiya, une accélération de la fuite vers les devises étrangères et une détérioration du climat des affaires.
Une dépréciation qui ne dit pas son nom ?
Si les indicateurs macroéconomiques officiels restent globalement sous contrôle, le marché parallèle envoie un signal clair : celui d’un déséquilibre latent du marché des changes. Ignorer ces signaux reviendrait à sous-estimer la profondeur du malaise monétaire.
Dans ce contexte, la question n’est plus de savoir si l’ouguiya est sous pression, mais combien de temps encore la divergence entre le discours institutionnel et la réalité du marché pourra être contenue.
MAGAZINE LE RENOVATEUR ÉCONOMIQUE (MAURITANIE)
Source: https://le-renovateur.net
Une perte de valeur marquée face au CFA
Sur le marché informel, l’ouguiya aurait perdu plusieurs points , près de 65 % de sa valeur relative face au franc CFA, selon les opérateurs. Cette situation est d’autant plus préoccupante que le CFA bénéficie d’un ancrage institutionnel à l’euro, lui conférant une stabilité et une prévisibilité appréciées par les agents économiques.
À l’inverse, l’ouguiya évolue dans un cadre de flottement administré, fortement dépendant de l’intervention de la banque centrale. Or, la rareté des devises, conjuguée à une demande structurellement élevée (importations, transferts, thésaurisation), accentue la pression sur la monnaie nationale et alimente la dichotomie entre taux officiel et taux réel.
Le marché noir comme indicateur de défiance
Le marché parallèle agit comme un révélateur de la perte de confiance des agents économiques. En l’absence d’un accès fluide au marché officiel des changes, les opérateurs se tournent vers des circuits informels, où les taux reflètent davantage les anticipations négatives que les fondamentaux affichés.
Cette situation favorise la spéculation, les comportements d’arbitrage et une dollarisation rampante de l’économie. Les cambistes et revendeurs informels profitent de la volatilité, tandis que les entreprises et les ménages subissent une augmentation des coûts de transaction et une érosion du pouvoir d’achat.
Pressions inflationnistes et transmission monétaire affaiblie
La dépréciation de l’ouguiya sur le marché noir a des effets directs sur les prix intérieurs. Dans une économie fortement dépendante des importations, la baisse de la monnaie nationale se traduit par une inflation importée, particulièrement visible sur les produits de première nécessité et les intrants stratégiques.
Par ailleurs, l’écart persistant entre les deux marchés affaiblit la transmission de la politique monétaire. Les taux directeurs et les instruments conventionnels perdent en efficacité lorsque les prix de référence sont déterminés en dehors du cadre réglementé.
Une régulation devenue urgente
Face à cette situation, la crédibilité de la politique de change est en jeu. Sans une intervention plus active de la BCM — qu’il s’agisse d’un ajustement du taux de change, d’une meilleure allocation des devises ou d’un renforcement du contrôle du marché informel — le risque est celui d’un enracinement durable de la dualité monétaire.
À moyen terme, cette dynamique pourrait conduire à une perte de confiance accrue dans l’ouguiya, une accélération de la fuite vers les devises étrangères et une détérioration du climat des affaires.
Une dépréciation qui ne dit pas son nom ?
Si les indicateurs macroéconomiques officiels restent globalement sous contrôle, le marché parallèle envoie un signal clair : celui d’un déséquilibre latent du marché des changes. Ignorer ces signaux reviendrait à sous-estimer la profondeur du malaise monétaire.
Dans ce contexte, la question n’est plus de savoir si l’ouguiya est sous pression, mais combien de temps encore la divergence entre le discours institutionnel et la réalité du marché pourra être contenue.
MAGAZINE LE RENOVATEUR ÉCONOMIQUE (MAURITANIE)
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