Saison sociale à risques:Manœuvres du gouvernement



Saison sociale à risques:Manœuvres du gouvernement
Quatre centrales syndicales et trois syndicats professionnels parmi lesquels l’Union des Travailleurs de Mauritanie (UTM), la Centrale Libre des Travailleurs de Mauritanie (CLTM), la Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM) , ... ont lancé un préavis de grève générale des fonctionnaires et agents de l’état pour les journées des 15,16 et 17 mars 2010. Négligé au départ par le gouvernement, celui-ci cherche désormais à rattraper les événements et semble disposé à tout faire pour torpiller le mouvement. Il a exercé toutes les pressions sur les syndicats de l’enseignement fondamental. Et croit avoir réussi dans sa manœuvre.
La forte et un peu inattendue réaction du monde syndical s’inscrit dans le cadre du rejet du mode de calcul et de mise en œuvre des indemnités de transport et de logement dont la première tranche (transport) figure déjà sur les bulletins de paie depuis la fin du mois de février, alors que le reliquat (logement) est attendu pour la fin du mois de juillet 2010.
Après avoir longtemps adopté la tactique de la sourde oreille face aux revendications des syndicats, le gouvernement vient d’ adopter, depuis quelques jours, une nouvelle démarche à travers laquelle il tente de faire face à une menace de grève de plus en plus pressante.
Ainsi, le Premier Ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, a reçu la semaine dernière un certain nombre de représentants de syndicats. Mais curieusement, il s’est agi, en l’occurrence, d’illustres inconnus, investis de mandats d’organisations tout aussi inconnues aux bataillons qu’eux-mêmes (du moins, comparativement aux organisations syndicales à l’origine du présent mot d’ordre de grève).
Cependant, la bombe n’a pas encore été désamorcée, donnant à la première tentative gouvernementale l’effet d’un simple coup d’épée dans l’eau.
La « récidive » des autorités est tombée le dimanche 7 mars 2010, avec une nouvelle audience du PM accordée aux responsables d’une coordination dénommée « Coordination Générale des Syndicats de l’Enseignant Mauritanien (CGSEM) ». Une audience largement médiatisée par les organes de presse de l’état (TVM, Radio Mauritanie et AMI). Objectif du gouvernement : se servir de la nouvelle coordination pour amener les enseignants, écrasante majorité des effectifs de la fonction publique, à une attitude plus conciliante. Ce grand monde des enseignants du Fondamental a la particularité de s’étendre sur l’ensemble du territoire national. Dans chaque coin du pays, on constate au moins la présence d’un maître d’école. C’est dire le degré de leur importance dans les effectifs de la fonction publique. La dernière fois que ce monde scolaire particulier est allé en grève remonte aux années 1970, à l’époque connue de contestation provoquée par le mouvement des kadihines. Et même si en ce temps, le mouvement de grève n’était pas largement suivi, il avait quand même provoqué une grande perturbation des cours sur l’ensemble du territoire national. Et c’est bien cela qui est redouté aujourd’hui par le gouvernement de Ould Mohamed Laghdaf, déjà assis sur une véritable bombe.


Menaces sur le mot d’ordre de Grève ?
Le gouvernement a rectifié rapidement le tir et est allé dans le bon sens en décidant de traiter et à un très haut niveau avec les représentants syndicaux jusqu’ici crédibles dans le milieu de l’enseignement primaire. Dans ce cadre, le premier ministre s’était donc réuni avec les dirigeants syndicaux qui paraissaient avoir la capacité de mobiliser les troupes.
Le site d’informations en ligne « Al Akhbar » donne les résultats «encourageants » de cette audience en citant les responsables de la Coordination des Syndicats de l’Enseignement. Ces derniers affirment avoir trouvé une oreille attentive chez le chef du gouvernement «qui s’est montré sensible aux revendications des enseignants relativement aux différentes réformes indispensables au redressement du Secteur et à la nécessité d’améliorer les conditions de vie des enseignants ».
D’où la décision d’une mise en œuvre immédiate de certaines revendications et la création d’une nouvelle structure tripartite comprenant les responsables de l’enseignement fondamental, du ministère de la fonction publique et de la coordination syndicale dont les représentants ont été reçus en audience dimanche 7 mars par Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.
Les représentants des enseignants évoquent par ailleurs le fait que le gouvernement serait en train de concevoir rapidement un projet englobant toutes les grandes réformes dans le cadre d’une stratégie globale en vue de l’amélioration des conditions des enseignants.
Pour le moment, le résultat n’est encore qu’une multitude de promesses : terrains avec moyens de viabilisation pour tous, indemnités réglées mensuellement avec les salaires contrairement à la situation actuelle qui fait que ces parties des émoluments dus aux enseignants ne sont payées que trimestriellement et même parfois, annuellement.
La Coordination ayant rencontré le PM dimanche dernier ne faisait pas partie des organisations syndicales qui avaient lancé le mot d’ordre de grève générale. Reste à savoir si elle dispose d’un réel contrôle de la troupe pour aller à l’encontre de la volonté des principales Centrales Syndicales du pays au point de faire échec au mot d’ordre de grève lancé par celles-ci, en jouant sur le nombre majoritaire des enseignants dans les effectifs de la fonction publique?
L’autre question, non moins importante, est de savoir si les engagements pris par le Premier Ministre vont être réellement respectés ou bien s’agissait-il tout simplement d’une manœuvre tactique visant à étouffer l’ardeur des travailleurs et à briser la volonté des vrais syndicats… en attendant des jours meilleurs ?

Cheikh Sidya

Source : Biladi

Mercredi 10 Mars 2010
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