Cette fois-ci serait la bonne : Un remaniement ministériel est donné pour imminent. Une affaire de jours, même pas de semaines, selon ce qui se raconte dans les milieux du pouvoir. Et, dit-on, c’est un " supplice " pour la plupart des ministres actuels qui se voient sortir, par la petite porte, leur action à la tête de leurs départements n’ayant donné satisfaction ni aux populations ni au président Aziz lui-même.
Le remaniement dont on parle pourrait emporter 9 ministres, pas moins, pour faire de la place à de nouveaux arrivants essentiellement des partis Adil, de l’ex-Premier ministre Yahya Ould Ahmed Waghef, qui pourrait avoir dans leur cagnotte le ministère des Affaires étrangères et du développement (MAED) et de l’Environnement. On parle également de l’entrée dans la nouvelle équipe gouvernementale du PRDR (le PRDS " rénové ") qui pourrait voir l’un de ses ténors (Ghrini) qui devrait hériter du ministère des Affaires étrangères occupé aujourd’hui par un proche qui serait admis à faire valoir ses droits à la retraite. L’UDP (Union pour la démocratie et le progrès) dont la patronne Naha Mint Mouknass a été débarquée du MAEC, au moment où le colonel Kadhafi, dont elle était réputée très proche, faisait face à une insurrection armée, reviendrait dans les grâces présidentielles avec la récupération du portefeuille ministériel perdu. Les pronostiqueurs les plus sérieux évoquent la possible entrée dans le gouvernement du vice-président de l’UDP, Ousmane Sangott.
Parmi les ministres qui devront faire leurs valises, seraient aussi cité celui du tourisme, M. Bamba Ould Daramane. On lui reproche d’avoir été incapable de relever son secteur malgré les énormes moyens financiers mis à sa disposition et malgré toute la latitude et la liberté de gestion qui lui ont été accordées. Ses homologues de la sous-région, également touchés par la crise née des agissements de terroristes d’Al Qaïda, ont bénéficié de moins de moyens, et pourtant partout, le tourisme décolle. Autre ministre visé, celui de l’Environnement. Là aussi, il s’agit d’une question de gestion de fonds publics, ou plutôt de laxisme. Parce que le pari du président de la république et des bailleurs de fonds de faire de Nouakchott une ville protégée de l’avancée des sables a réussi, malgré toute la volonté affichée. Egalement visé, le ministre des affaires islamiques dont le conseiller chargé du " Haj " a été limogé hier mercredi. Le ministre également devrait tomber pour les mêmes raisons, lui qui a de nouveau pêché dans l’organisation du pèlerinage à la Mecque.
Occuper le peuple, diviser la classe politique
Mais un remaniement qui servirait de stimulus pour sortir le pays de l’immobilisme qui dure depuis l’élection de juillet 2009 n’a pas que des avantages pour le pouvoir actuel. Au niveau de la Majorité présidentielle, la cooptation de partis politiques dits d’envergure pourra frustrer ceux qui n’ont pas eu cette chance " historique ". L’on pense, dans ce cadre, à l’AJD/MR de Sarr Ibrahima, au MPR de Kane Hamidou Baba et à tous ces partis qui gravitent autour de l’Union pour la République (UPR) sans pouvoir tirer profit, de manière conséquente, de la proximité politique avec le pouvoir. Un pouvoir qui reste aujourd’hui l’affaire de cercles restreints, jouant plus sur la fibre économique et sécuritaire que sur la nécessaire assise politique qui permettrait au président Aziz de ne pas trop avoir d’inquiétude face aux critiques, de plus en plus acerbes de la Coordination de l’opposition démocratique (COD).
De plus, les partis d’oppositions qui ont pris part au dialogue avec le pouvoir, à savoir l’Alliance populaire progressiste (APP) du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, Al Wiam de Boidiel Ould Houmeid, Sawab et Hamam pourraient ne pas voir d’un bon œil une " ouverture " sur de nouvelles formations politiques qui ne tienne pas compte des nouveaux rapports de force. Car ce serait comme un signe de méfiance, de la part du pouvoir, que de ne pas impliquer ces nouveaux " partenaires ", à un niveau important de la gestion des affaires du pays. Surtout à la veille de la tenue d’élections municipales et législatives dont les enjeux dépassent de loin ceux des scrutins de 2006-2007 et de 2009. Parce qu’ils doivent fixer un rapport de force Majorité-Opposition qui n’est perturbé par une crise institutionnelle de l’envergure de celle qui a suivi la chute de Taya ou la " destitution " de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
Il faut pour ces diverses raisons, que le président Aziz agisse dans le cadre de la recherche de l’apaisement, pas de l’ajout de nouveaux problèmes aux problèmes déjà existants. L’idée qui veut que l’on tourne le dos à la crise, en choisissant de brouiller toutes les cartes, peut être porteuse de risque : celui de provoquer le départ de pans importants des soutiens du pouvoir, un peu à l’image de la sortie de la majorité présidentielle du parti Hatem, du député Saleh Ould Hannena, ancien chef des " Cavaliers du Changement ", premier mouvement armé à avoir ébranlé les assises du pouvoir de Maaouiya.
Branle-bas de combat
Cela rappelle un peu le branle-bas de combat qui a suivi la chute de ce dernier avec les valses-hésitations d’un pouvoir militaire soucieux de mener à bien sa " révolution " démocratique mais aussi de s’en sortir, lui-même, à bon compte. La remobilisation des troupes qui ont permis au CMJD (divisé en pro Ely et pro Aziz) de réussir son pari, en organisant des élections municipales et législatives avant la tenue de la présidentielle de 2007, jouera-t-elle, aujourd’hui, en faveur d’un pouvoir qui a tout fait à rebours ? Même si, au départ, il avait donné l’impression de vouloir accélérer la roue de l’Histoire et permettre à la Mauritanie de rattraper le temps perdu, en faisant la jonction entre l’œuvre du " Père de la Nation ", feu Moctar Ould Daddah, et le projet " révolutionnaire " de Mohamed Ould Abdel Aziz.
Et si cette dernière option a souvent été mise en cause, dans le cheminement négatif d’un processus de recomposition de la scène politique nationale, c’est parce que, justement, les époques qu’on a cherché à enterrer (vivantes), celles comprises entre les différents régimes militaires de 1978 à 1992, et du régime " démocratisant " de Taya font de la résistance. Et même de la reconquête. A tel point que le président Aziz est en train de céder du terrain à des pratiques qu’il dit pourtant vouloir combattre par tous les moyens.
Sa volonté de ne pas mettre en avant les mêmes principes de partage du pouvoir entre les tribus et les régions n’est que de façade. La preuve est cette tendance à reconduire les visites à la Taya, de renommer les responsables qui compte, du point de vue tribal, aux postes de grande responsabilité, même s’il a, tout de même, refusé d’accorder trop d’importance aux accueils folkloriques qui émaillaient les visites de celui qu’il a chassé du pouvoir. Et si Ould Abdel Aziz veut vraiment reprendre la main, en s’engageant sur la voie de " rattrapage " du prestige perdu, il faut bien qu’il accepte que le gouvernement actuel est à l’origine de la déception qui commence à gagner les rangs du peuple, y compris de ceux qui l’avaient soutenu, malgré leur rejet du recours aux coups d’Etat comme moyen d’accession au pouvoir. Sans être menacé par une quelconque révolte populaire du genre de celles qui ont emporté les régimes de Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, Ould Abdel Aziz doit comprendre, maintenant, que les populations exigent les vrais changements, pas les raccommodements qu’on tente de réaliser, sous forme d’OPA politique, dans ces pays où les " révolutions arabes " ont éclaté et ouvert la voie à des risques de propagation allant au-delà même de leur sphère naturelle pour gagner des pays africains à configuration socioéconomique semblable.
Sneiba Mohamed
Lauthentic.info
Le remaniement dont on parle pourrait emporter 9 ministres, pas moins, pour faire de la place à de nouveaux arrivants essentiellement des partis Adil, de l’ex-Premier ministre Yahya Ould Ahmed Waghef, qui pourrait avoir dans leur cagnotte le ministère des Affaires étrangères et du développement (MAED) et de l’Environnement. On parle également de l’entrée dans la nouvelle équipe gouvernementale du PRDR (le PRDS " rénové ") qui pourrait voir l’un de ses ténors (Ghrini) qui devrait hériter du ministère des Affaires étrangères occupé aujourd’hui par un proche qui serait admis à faire valoir ses droits à la retraite. L’UDP (Union pour la démocratie et le progrès) dont la patronne Naha Mint Mouknass a été débarquée du MAEC, au moment où le colonel Kadhafi, dont elle était réputée très proche, faisait face à une insurrection armée, reviendrait dans les grâces présidentielles avec la récupération du portefeuille ministériel perdu. Les pronostiqueurs les plus sérieux évoquent la possible entrée dans le gouvernement du vice-président de l’UDP, Ousmane Sangott.
Parmi les ministres qui devront faire leurs valises, seraient aussi cité celui du tourisme, M. Bamba Ould Daramane. On lui reproche d’avoir été incapable de relever son secteur malgré les énormes moyens financiers mis à sa disposition et malgré toute la latitude et la liberté de gestion qui lui ont été accordées. Ses homologues de la sous-région, également touchés par la crise née des agissements de terroristes d’Al Qaïda, ont bénéficié de moins de moyens, et pourtant partout, le tourisme décolle. Autre ministre visé, celui de l’Environnement. Là aussi, il s’agit d’une question de gestion de fonds publics, ou plutôt de laxisme. Parce que le pari du président de la république et des bailleurs de fonds de faire de Nouakchott une ville protégée de l’avancée des sables a réussi, malgré toute la volonté affichée. Egalement visé, le ministre des affaires islamiques dont le conseiller chargé du " Haj " a été limogé hier mercredi. Le ministre également devrait tomber pour les mêmes raisons, lui qui a de nouveau pêché dans l’organisation du pèlerinage à la Mecque.
Occuper le peuple, diviser la classe politique
Mais un remaniement qui servirait de stimulus pour sortir le pays de l’immobilisme qui dure depuis l’élection de juillet 2009 n’a pas que des avantages pour le pouvoir actuel. Au niveau de la Majorité présidentielle, la cooptation de partis politiques dits d’envergure pourra frustrer ceux qui n’ont pas eu cette chance " historique ". L’on pense, dans ce cadre, à l’AJD/MR de Sarr Ibrahima, au MPR de Kane Hamidou Baba et à tous ces partis qui gravitent autour de l’Union pour la République (UPR) sans pouvoir tirer profit, de manière conséquente, de la proximité politique avec le pouvoir. Un pouvoir qui reste aujourd’hui l’affaire de cercles restreints, jouant plus sur la fibre économique et sécuritaire que sur la nécessaire assise politique qui permettrait au président Aziz de ne pas trop avoir d’inquiétude face aux critiques, de plus en plus acerbes de la Coordination de l’opposition démocratique (COD).
De plus, les partis d’oppositions qui ont pris part au dialogue avec le pouvoir, à savoir l’Alliance populaire progressiste (APP) du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, Al Wiam de Boidiel Ould Houmeid, Sawab et Hamam pourraient ne pas voir d’un bon œil une " ouverture " sur de nouvelles formations politiques qui ne tienne pas compte des nouveaux rapports de force. Car ce serait comme un signe de méfiance, de la part du pouvoir, que de ne pas impliquer ces nouveaux " partenaires ", à un niveau important de la gestion des affaires du pays. Surtout à la veille de la tenue d’élections municipales et législatives dont les enjeux dépassent de loin ceux des scrutins de 2006-2007 et de 2009. Parce qu’ils doivent fixer un rapport de force Majorité-Opposition qui n’est perturbé par une crise institutionnelle de l’envergure de celle qui a suivi la chute de Taya ou la " destitution " de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
Il faut pour ces diverses raisons, que le président Aziz agisse dans le cadre de la recherche de l’apaisement, pas de l’ajout de nouveaux problèmes aux problèmes déjà existants. L’idée qui veut que l’on tourne le dos à la crise, en choisissant de brouiller toutes les cartes, peut être porteuse de risque : celui de provoquer le départ de pans importants des soutiens du pouvoir, un peu à l’image de la sortie de la majorité présidentielle du parti Hatem, du député Saleh Ould Hannena, ancien chef des " Cavaliers du Changement ", premier mouvement armé à avoir ébranlé les assises du pouvoir de Maaouiya.
Branle-bas de combat
Cela rappelle un peu le branle-bas de combat qui a suivi la chute de ce dernier avec les valses-hésitations d’un pouvoir militaire soucieux de mener à bien sa " révolution " démocratique mais aussi de s’en sortir, lui-même, à bon compte. La remobilisation des troupes qui ont permis au CMJD (divisé en pro Ely et pro Aziz) de réussir son pari, en organisant des élections municipales et législatives avant la tenue de la présidentielle de 2007, jouera-t-elle, aujourd’hui, en faveur d’un pouvoir qui a tout fait à rebours ? Même si, au départ, il avait donné l’impression de vouloir accélérer la roue de l’Histoire et permettre à la Mauritanie de rattraper le temps perdu, en faisant la jonction entre l’œuvre du " Père de la Nation ", feu Moctar Ould Daddah, et le projet " révolutionnaire " de Mohamed Ould Abdel Aziz.
Et si cette dernière option a souvent été mise en cause, dans le cheminement négatif d’un processus de recomposition de la scène politique nationale, c’est parce que, justement, les époques qu’on a cherché à enterrer (vivantes), celles comprises entre les différents régimes militaires de 1978 à 1992, et du régime " démocratisant " de Taya font de la résistance. Et même de la reconquête. A tel point que le président Aziz est en train de céder du terrain à des pratiques qu’il dit pourtant vouloir combattre par tous les moyens.
Sa volonté de ne pas mettre en avant les mêmes principes de partage du pouvoir entre les tribus et les régions n’est que de façade. La preuve est cette tendance à reconduire les visites à la Taya, de renommer les responsables qui compte, du point de vue tribal, aux postes de grande responsabilité, même s’il a, tout de même, refusé d’accorder trop d’importance aux accueils folkloriques qui émaillaient les visites de celui qu’il a chassé du pouvoir. Et si Ould Abdel Aziz veut vraiment reprendre la main, en s’engageant sur la voie de " rattrapage " du prestige perdu, il faut bien qu’il accepte que le gouvernement actuel est à l’origine de la déception qui commence à gagner les rangs du peuple, y compris de ceux qui l’avaient soutenu, malgré leur rejet du recours aux coups d’Etat comme moyen d’accession au pouvoir. Sans être menacé par une quelconque révolte populaire du genre de celles qui ont emporté les régimes de Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, Ould Abdel Aziz doit comprendre, maintenant, que les populations exigent les vrais changements, pas les raccommodements qu’on tente de réaliser, sous forme d’OPA politique, dans ces pays où les " révolutions arabes " ont éclaté et ouvert la voie à des risques de propagation allant au-delà même de leur sphère naturelle pour gagner des pays africains à configuration socioéconomique semblable.
Sneiba Mohamed
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