Règlement partiel du passif humanitaire: Fin de la phase I



Règlement partiel du passif humanitaire: Fin de la phase I
Engagé depuis avril 2009, le règlement partiel du passif humanitaire, objet d’un accord scellé entre le Collectif des Orphelins, des Veuves de la Répression des Evènements 89-91 (COVIRE) et le gouvernement du général Mohamed Ould Abdel Aziz, alors président du Haut Conseil d’Etat (HCE), vient d’achever sa première phase. Pour marquer l’évènement, le COVIRE, qui rassemble six organisations, a organisé un grand rassemblement, à l’ancienne maison des jeunes, le mardi 17 novembre. Devant tout un parterre de personnalités du gouvernement, d’ambassadeurs et de membres de la société civile, des ayant-droits et des rescapés, le président du COVIRE, Sy Abou Bocar, officier rescapé de son état, a prononcé un important discours dans lequel il a fait le bilan des actes posés, depuis le discours historique du général Abdel Aziz, au Gorgol, le 25 mars 2009, et évoqué les prochains chantiers de son organisation. Le président du COVIRE a indiqué que le présent rassemblement marque la fin de la première étape dans «la quête de la réduction de la fracture sociale» qui prévaut dans notre pays. Une fracture qui résulte, comme on l’imagine, des douloureux évènements ayant marqué l’histoire de la Mauritanie, entre 1989 et 1991, et dont les conséquences ont été dramatiques: des centaines de militaires négro-mauritaniens, massacrés dans différentes casernes militaires; les assassins impunis, tout un cortège de malheurs sur les rescapés et les familles des victimes, pire: l’Assemblée nationale du pouvoir d’Ould Taya décréta une amnistie à la sauvette, pour couper l’herbe sous les pieds des ayant-droits, des rescapés et des organisations des droits de l’Homme qui se battaient pour faire reconnaître, par l’Etat, les préjudices subis. Le dossier restera quasiment clos, jusqu’en 2007 date à laquelle Sidi Ould Cheikh Abdallahi a accepté, pour la première fois, d’évoquer un des aspects du problème, c'est-à-dire les déportés qui se battaient pour la «survie», depuis plus de 20 ans, hors de leur pays, sous des tentes, au Sénégal. L’accord, qui prévoyait la reconnaissance des faits par l’Etat et la réparation, a suscité l’indignation des autres organisations des droits de l’Homme, mises sur la touche.

Enfin, surgit un Juste
Le retour des déportés, un des volets du passif humanitaire commence, sous le régime de Sidoca, avant de s’accélérer, sous le HCE qui s’est emparé du pouvoir, le 6 août 20008. Pour Sy Abou Bocar, l’arrivée du général a transformé «le rêve des victimes de la répression des années noires, en réalité. […] Car», poursuit-il, «cet homme juste a eu le courage et l’honnêteté de reconnaître le tort porté, par le pouvoir de l’époque, à la communauté négro-mauritanienne avant de prendre l’engagement de soulager les souffrances des victimes». C’est pourquoi le COVIRE a décidé de s’engager avec lui. «Pour beaucoup», explique le président du COVIRE, «cet engagement du général n’était qu’une propagande électoraliste, voire populiste, mais les faits sont là».
Aussitôt après son retour de Kaédi, le processus de réparations/indemnisations est enclenché. Il concerne, d’abord, les militaires massacrés. Leurs ayant-droits ont perçu, de la commission présidée par le colonel Dia Adama: pour un officier, 2 millions d’ouguiyas; 1,8 millions, pour un sous-officier, et 1,6 millions, pour un homme de troupe. Des montants jugés dérisoires par les autres organisations humanitaires. Il ne s’agit pas de la diya, précise-t-on à la présidence, parce qu’on ne peut «payer une vie», mais d’un geste pour soulager les victimes qui attendent, depuis plus de 20 ans, au moins un réconfort moral. Actuellement, il reste à pourvoir 53 dossiers de militaires identifiés. C’est en bonne voie, suivie, directement, par la présidence, indique-t-on au COVIRE.
Par ailleurs, l’opération «attribution de terrains en zone résidentielle» a démarré depuis le 15 novembre, poursuit Sy Abou Bocar. Les ayant-droits ont reçu leur permis d’occuper. Il s’agit de lots de 600, 690, 700 et 720 m2, situés sur la route de Nouadhibou. L’Etat prend en charge tous les frais de bornage. Entre temps, le retour des déportés se poursuit, à un rythme accéléré, et la réintégration de 144 enseignants, radiés en 1989, suit son cours, normalement. Abordant les chantiers futurs de son organisation, Sy Abou Bocar affiche son optimisme: «demain, suivront les réhabilitations des fonctionnaires et autres laissés-pour-compte, victimes de sanctions pour de supposées accointances avec des courants politiques qui n’étaient pas, à l’époque, en odeur de sainteté.»
En dépit de tous ces acquis, ajoute Sy, des problèmes demeurent. Il s’agit de terres spoliées à restituer, des rescapés militaires, de fonctionnaires de police, de pères de familles toujours au chômage… Des souffrances persistent, reconnaît le président du COVIRE, il ne s’agit pas, seulement, d’épauler les rescapés, d’accompagner les orphelins, de briser l’isolement et la solitude des veuves et ayant-droits. Pour le COVIRE, une réparation totale relève de la gageure, compte-tenu de la complexité des problèmes, mais le président de la République est déterminé à rétablir le droit, quoiqu’il puisse en coûter, parce qu’il est conscient que l’unité nationale n’est durable que si elle est bâtie sur le terreau de l’équité. S’engager avec cet homme, c’est parier sur une Mauritanie de paix, de stabilité.
Après avoir remercié les oulémas ayant validé l’accord, le président du COVIRE a invité toutes les organisations qui luttent pour l’avènement d’une véritable justice sociale, en Mauritanie, à se joindre au processus de règlement du Passif Humanitaire, déjà sur les rails. En terminant son propos, Sy Abou a renouvelé son entière confiance au président Mohamed Ould Abdel Aziz et la détermination de son organisation à l’accompagner dans son œuvre d’édification d’une Mauritanie unie dans sa diversité.
Signalons que la présidente des veuves, madame Faty Mamadou Barry, a, quant à elle, exprimé le souhait de ses consœurs de bénéficier de pensions des survivants, de bourses scolaires et universitaires, aux orphelins, de la prise en charge, permanente, des veuves et orphelins, dans le domaine de la santé et de l’éducation et de financements pour des activités génératrices des revenus.
Selon nos informations, le recensement, encore en cours, a permis d’identifier, déjà, plus d’un millier de rescapés militaires.
DL


Source: Le Calame

Mercredi 25 Novembre 2009
Boolumbal Boolumbal
Lu 286 fois



Recherche


Inscription à la newsletter