
Ce n’est plus un événement, quand un coup d’Etat intervient en Afrique, la France suit de près ce qui se passe dans le pays en question. Elle en fait même une priorité à tel point qu’elle menace souvent de couper les vivres au régime qui est venu mettre fin au processus démocratique. Après le coup de force qui a porté le capitaine Moussa Dadis Camara au pouvoir, on n’a pas hésité, dans l’Hexagone, à demander au nouvel homme fort de la Guinée de remettre le pays sur les rails de la démocratie.
Un appel qu’il n’a pas balayé du revers de la main si la Communauté internationale aidait le pays financièrement dans ce sens. Pour la France, il n’y avait pas d’inconvénient à cela, et c’était une façon d’amadouer la junte pour l’amener à tenir ses engagements. On sait quelle suite le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) a réservée à cette promesse : désormais, les élections n’auront plus lieu en 2009, mais en 2010 dans le meilleur des cas. Cinq mois, ce n’est pas loin, et en attendant de mettre les moyens à la disposition de la commission électorale nationale indépendante (CENI), le président autoproclamé menace ouvertement de se lancer dans la course à la magistrature suprême, en prenant comme modèle le général putschiste de la Mauritanie Ould Abdel Aziz, qui s’est présenté à la présidentielle et dont l’élection a été « validée » par la communauté internationale.
Soufflant le chaud et le froid et usant parfois de chantage, Dadis ne fait plus mystère de ses intentions. Avant qu’il ne laisse tomber le masque, les Guinéens ne se faisaient pas d’illusion sur ses ambitions. Changement donc de ton à Paris après la tentative de séduction du secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, qui avait demandé à la junte de « respecter » ses engagements, avant le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevalier, qui l’a récemment réitéré.
Une position qui honore l’Hexagone, patrie des droits de l’homme, comme on le sait. Plus est, sous le règne de Nicolas Sarkozy, qui a annoncé la couleur depuis son arrivée à l’Elysée, puisqu’il s’est piqué de dépoussiérer les relations franco-africaines, souvent empreintes de complaisance et de condescendance. On sait ce qu’il est advenu de la rupture sarkosienne, qui a très vite montré ses limites à l’épreuve du marigot politique africain. Car, au-delà des bonnes déclarations, c’est souvent une France inconsistante championne du monde de la marche à reculons qu’il nous a été donné de voir.
Comme ce fut le cas récemment avec le Niger, au sujet duquel après avoir pris clairement position contre le coup d’Etat constitutionnel de Tandja, l’Elysée a fini par « prendre acte » du passage en force à la 6e République. Il est vrai qu’entre-temps, les menaces à peine voilées de Niamey quant à sa possibilité de se tourner vers les Chinois sur le Coq gaulois ne s’arrêtait pas de caqueter. Il y a eu le cas mauritanien où la France a mis de l’eau dans son vin. Elle soutient également de nombreux pouvoirs illégitimes dont la seule ambition est de battre le record de longévité (suivez notre regard).
Par conséquent, le cas guinéen n’échappera pas à cette règle. Sarkozy, comme à son habitude, va professer les grands principes. Mais, après ces gesticulations politico-diplomatiques, il finira pas rentrer dans les rangs face à Dadis. Qu’il s’arrête de s’époumoner ou de nous pomper l’air si c’est juste pour, à la fin, « prendre acte » de l’élection de Dadis. Quand le moment sera venu, cette France ne fera plus peur à grand-monde.
Par Justin Daboné
Source: Paalga
Un appel qu’il n’a pas balayé du revers de la main si la Communauté internationale aidait le pays financièrement dans ce sens. Pour la France, il n’y avait pas d’inconvénient à cela, et c’était une façon d’amadouer la junte pour l’amener à tenir ses engagements. On sait quelle suite le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) a réservée à cette promesse : désormais, les élections n’auront plus lieu en 2009, mais en 2010 dans le meilleur des cas. Cinq mois, ce n’est pas loin, et en attendant de mettre les moyens à la disposition de la commission électorale nationale indépendante (CENI), le président autoproclamé menace ouvertement de se lancer dans la course à la magistrature suprême, en prenant comme modèle le général putschiste de la Mauritanie Ould Abdel Aziz, qui s’est présenté à la présidentielle et dont l’élection a été « validée » par la communauté internationale.
Soufflant le chaud et le froid et usant parfois de chantage, Dadis ne fait plus mystère de ses intentions. Avant qu’il ne laisse tomber le masque, les Guinéens ne se faisaient pas d’illusion sur ses ambitions. Changement donc de ton à Paris après la tentative de séduction du secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, qui avait demandé à la junte de « respecter » ses engagements, avant le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevalier, qui l’a récemment réitéré.
Une position qui honore l’Hexagone, patrie des droits de l’homme, comme on le sait. Plus est, sous le règne de Nicolas Sarkozy, qui a annoncé la couleur depuis son arrivée à l’Elysée, puisqu’il s’est piqué de dépoussiérer les relations franco-africaines, souvent empreintes de complaisance et de condescendance. On sait ce qu’il est advenu de la rupture sarkosienne, qui a très vite montré ses limites à l’épreuve du marigot politique africain. Car, au-delà des bonnes déclarations, c’est souvent une France inconsistante championne du monde de la marche à reculons qu’il nous a été donné de voir.
Comme ce fut le cas récemment avec le Niger, au sujet duquel après avoir pris clairement position contre le coup d’Etat constitutionnel de Tandja, l’Elysée a fini par « prendre acte » du passage en force à la 6e République. Il est vrai qu’entre-temps, les menaces à peine voilées de Niamey quant à sa possibilité de se tourner vers les Chinois sur le Coq gaulois ne s’arrêtait pas de caqueter. Il y a eu le cas mauritanien où la France a mis de l’eau dans son vin. Elle soutient également de nombreux pouvoirs illégitimes dont la seule ambition est de battre le record de longévité (suivez notre regard).
Par conséquent, le cas guinéen n’échappera pas à cette règle. Sarkozy, comme à son habitude, va professer les grands principes. Mais, après ces gesticulations politico-diplomatiques, il finira pas rentrer dans les rangs face à Dadis. Qu’il s’arrête de s’époumoner ou de nous pomper l’air si c’est juste pour, à la fin, « prendre acte » de l’élection de Dadis. Quand le moment sera venu, cette France ne fera plus peur à grand-monde.
Par Justin Daboné
Source: Paalga