Pour qui votera le fleuve?

Entre le "Yes We Kane" du candidat Kane Hamidou Baba et le "Ina Wona, Ina Wona " de ibrahima Sarr, le coeur du fleuve balance. Le député de Tékane chasse dans les mêmes domaines que le militant de Boghé.



Pour qui votera le fleuve?
Ne viennent-ils pas de rentrer à un jour d'intervalle à la suite des périples qui les conduiront à la rencontre des mauritaniens de l'étranger? Ne partagent-ils pas la même inspiration du slogan de Barack Obama, devenue en l'espace d'un automne, le cri de ralliement contre toutes les injustices?

Ne sont-ils pas tous deux, à leurs corps défendants, partisans de la rectification actuelle? N'ont-ils pas tous deux pris leurs distances avec des barons du FNDD, défenseurs aujourd'hui de la démocratie, muets hier? Bref, s'ils partagent les mêmes reférents culturels et les mêmes ressorts politiques (leur lecture de la situation interne de la Mauritanie, de la question nationale ne semblent pas différer), ils sont loin d'avoir la même méthode. Chez IMS, l'émotion instantanée l'emporte sur la stratégie.

Kane Hamidou fait montre en revanche d'une lucidité politique à toute épreuve. Quand le "Oui c'est possible" dérive chez Ibrahima Sarr pour se transformer en "Ina Wona, Ina Wona" chassant de surcroît (mais est-ce vrai?) tous les compatriotes ne comprenant pas le poular, le "Yes We Kane" de Kane Hamidou Baba enfle et élimine les barrières linguistiques en se refugiant dans un jeu de mot simple où l'anglais, langue de la mondialisation, pèse de toute sa symbolique.

Pourtant, Ibrahima Sarr ne milite pas pour le Ghetto. Il se défend du "délit" de vote ethnique contre ceux là même qui ne voteront pas pour lui pour ce qu'il est. Kane Hamidou peut être suspecté de tout, à condition de le dédouaner de la posture communautariste. Il est même le parfait mauritanien, parlant toutes les langues, ouvert sur toutes les cultures.

Son directoire de campagne où siègent deux anciens ministres de l'ère Taya montre si besoin est l'audace politique dont le fils de Tékane sait faire preuve. Même méthode utilisée par Ibrahima Sarr qui s'accomode des personnalités à l'ADN politique pour le moins différent du sien. Mais n'est-ce pas l'art du politique que de trouver le compromis?

Quand Kane Hamidou Baba vide le RFD de ses députés et maires, Ibrahima Sarr doit affronter une fronde interne vivace. L'un s'épanouit sous un printemps de ralliements. L'autre se revigore à la vue d'un arc en ciel annonciateur d'un hivernage, peut être abondant, mais lourd de sens.

Les deux devront se transcender pour échapper aux détracteurs de tout bord et surtout aux procès politiques fin prêts. Les deux ne sont qu'au début d'une longue bataille, à la conquête du fleuve. Pour qui sonnera donc le glas fu flux et du reflux de ce fleuve millénaire?

MS

Source: Cridem.org

Jeudi 21 Mai 2009
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