Depuis la célébration de la journée de la langue arabe fin février 2010 et l’attitude du Premier Ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, le 4 mars dernier, refusant de faire en français l’économie d’un exposé préliminaire au motif que la Mauritanie est un pays arabe et demandant à un confrère francophone de se « débrouiller » , au cours d’une conférence de presse, la polémique à propos de l’utilisation des langues fait rage en Mauritanie. Le Premier Ministre a, depuis lors, tenté de rectifier le tir. Mais, incidents anodins, des étudiants négro africains ont vivement manifesté contre l’arabisation totale du système éducatif et de l’administration comme l’ont laissée entendre les propos du PM et de ceux de la ministre de la culture.
L’Université a failli être le théâtre d’affrontements entre éléments des syndicats des étudiants partisans de l’arabe et du français. Des étudiants à l’étranger (notamment àParis et à Dakar) ont également manifesté pour dire non à l’arabisation.
La dernière protestation en date a eu pour théâtre les rues de Nouakchott dans lesquelles les élèves négro africains des collèges et lycées ont défié des unités de police antiémeutes fortement armées le mardi 6 avril.
Cela donne l’image très moche d’un pays qui aspire à rentrer dans le processus de formation d’un creuset devant constituer une véritable nation, mais qui se retrouve menacé par des particularismes étriqués qui risquent de le désarticuler, perturber la paix sociale et gêner nuisiblement le fonctionnement de ses institutions par l’entretien d’un faux antagonisme. Cela en dépit des dispositions de la Constitution en la matière et de toutes les valeurs communes à l’ensemble des composantes du peuple mauritanien.
En fait, par rapport à cette épineuse question, la Mauritanie est divisée théoriquement en deux camps : les arabo-berbères favorables à la promotion de la langue arabe pour qu’elle puisse jouer pleinement son rôle de langue officielle, avec de solides arguments culturels et religieux, dont le fait que tous les mauritaniens sont musulmans. Et le camp des négro-mauritaniens, avec des cadres essentiellement formés en français et donc prêchant pour leur chapelle, manifestent en faveur du maintien de la langue de l’ancienne puissance coloniale.
La grande interrogation pour la Mauritanie, dont la réponse aura inévitablement une incidence déterminante sur l’avenir du pays est de savoir quel système éducatif devons- nous adopter dans la perspective de donner au jeune mauritanien, via l’éducation, toutes les chances de disposer des meilleurs ressorts mentaux, indispensables à la bataille pour le développement du pays.
Pour cela, il faut absolument éviter toute démarche pouvant découler de toute idée d’exclusion, ou menant à celle-ci. Pour cause, la constitution dans son esprit et dans sa lettre pose le principe de l’égalité de tous les citoyens et le respect des droits de chacun qu’il soit issu de la majorité ou de la minorité.
Quel contenu pour les Etats Généraux de l’Education ?
A l’occasion de sa dernière sortie publique dans le cadre du meeting d’Arafat, le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, a évoqué la perspective de la tenue prochaine des Etats Généraux de l’Education Nationale (EGEN).
Un forum qui devrait (même si le chef de l’état n’a pas donné de précision) réunir toutes les forces vives du pays : autorités gouvernementales, experts des sciences de l’éducation, parents d’élèves, classe politique, société civile pour la réflexion sur le modalités de la mise en place d’un enseignement pertinent et adéquat. Celle-ci doit notamment porter sur les moyens à mobiliser pour que le système éducatif puisse former un citoyen mauritanien armé des valeurs nationales et ouvert sur le monde.
En attendant, la Mauritanie devra trouver une formule qui tienne compte des besoins et des droits en termes d’emploi, des générations auxquelles l’état a proposé, tour à tour, au cours des dernières décennies, et à la faveur des réformes successives, des formations à dominante arabe ou français, selon le cas.
Autant la promotion et le développement de la langue arabe est un souci légitime et conforme aux réalités nationales, autant la suppression du français comme langue d’ouverture porterait un réel préjudice, sinon à l’ensemble de la communauté nationale, du moins aux cadres dont c’est la langue de formation qui ont, en tant que citoyens mauritaniens, les mêmes droits que les autres.
Dans tous les pays arabes l’anglais ou le français est utilisé comme langue d’ouverture à côté de la langue officielle.
A moins que l’élite au pouvoir qui, elle, a les moyens d’envoyer ses enfants étudier dans de bonnes écoles à l’étranger ne soit tentée d’utiliser encore une option purement populiste pour continuer à maintenir le peuple dans la misère et sous sa domination éternelle.
Cheikh Sidya
Source : Biladi
L’Université a failli être le théâtre d’affrontements entre éléments des syndicats des étudiants partisans de l’arabe et du français. Des étudiants à l’étranger (notamment àParis et à Dakar) ont également manifesté pour dire non à l’arabisation.
La dernière protestation en date a eu pour théâtre les rues de Nouakchott dans lesquelles les élèves négro africains des collèges et lycées ont défié des unités de police antiémeutes fortement armées le mardi 6 avril.
Cela donne l’image très moche d’un pays qui aspire à rentrer dans le processus de formation d’un creuset devant constituer une véritable nation, mais qui se retrouve menacé par des particularismes étriqués qui risquent de le désarticuler, perturber la paix sociale et gêner nuisiblement le fonctionnement de ses institutions par l’entretien d’un faux antagonisme. Cela en dépit des dispositions de la Constitution en la matière et de toutes les valeurs communes à l’ensemble des composantes du peuple mauritanien.
En fait, par rapport à cette épineuse question, la Mauritanie est divisée théoriquement en deux camps : les arabo-berbères favorables à la promotion de la langue arabe pour qu’elle puisse jouer pleinement son rôle de langue officielle, avec de solides arguments culturels et religieux, dont le fait que tous les mauritaniens sont musulmans. Et le camp des négro-mauritaniens, avec des cadres essentiellement formés en français et donc prêchant pour leur chapelle, manifestent en faveur du maintien de la langue de l’ancienne puissance coloniale.
La grande interrogation pour la Mauritanie, dont la réponse aura inévitablement une incidence déterminante sur l’avenir du pays est de savoir quel système éducatif devons- nous adopter dans la perspective de donner au jeune mauritanien, via l’éducation, toutes les chances de disposer des meilleurs ressorts mentaux, indispensables à la bataille pour le développement du pays.
Pour cela, il faut absolument éviter toute démarche pouvant découler de toute idée d’exclusion, ou menant à celle-ci. Pour cause, la constitution dans son esprit et dans sa lettre pose le principe de l’égalité de tous les citoyens et le respect des droits de chacun qu’il soit issu de la majorité ou de la minorité.
Quel contenu pour les Etats Généraux de l’Education ?
A l’occasion de sa dernière sortie publique dans le cadre du meeting d’Arafat, le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, a évoqué la perspective de la tenue prochaine des Etats Généraux de l’Education Nationale (EGEN).
Un forum qui devrait (même si le chef de l’état n’a pas donné de précision) réunir toutes les forces vives du pays : autorités gouvernementales, experts des sciences de l’éducation, parents d’élèves, classe politique, société civile pour la réflexion sur le modalités de la mise en place d’un enseignement pertinent et adéquat. Celle-ci doit notamment porter sur les moyens à mobiliser pour que le système éducatif puisse former un citoyen mauritanien armé des valeurs nationales et ouvert sur le monde.
En attendant, la Mauritanie devra trouver une formule qui tienne compte des besoins et des droits en termes d’emploi, des générations auxquelles l’état a proposé, tour à tour, au cours des dernières décennies, et à la faveur des réformes successives, des formations à dominante arabe ou français, selon le cas.
Autant la promotion et le développement de la langue arabe est un souci légitime et conforme aux réalités nationales, autant la suppression du français comme langue d’ouverture porterait un réel préjudice, sinon à l’ensemble de la communauté nationale, du moins aux cadres dont c’est la langue de formation qui ont, en tant que citoyens mauritaniens, les mêmes droits que les autres.
Dans tous les pays arabes l’anglais ou le français est utilisé comme langue d’ouverture à côté de la langue officielle.
A moins que l’élite au pouvoir qui, elle, a les moyens d’envoyer ses enfants étudier dans de bonnes écoles à l’étranger ne soit tentée d’utiliser encore une option purement populiste pour continuer à maintenir le peuple dans la misère et sous sa domination éternelle.
Cheikh Sidya
Source : Biladi
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