Pétrole à Taoudenni : Un autre mirage ?



Pétrole à Taoudenni : Un autre mirage ?
Les Mauritaniens se mettent encore à rêver. Après l'enthousiasme suscité en 2001 par la découverte du pétrole en offshore par la compagnie australienne Woodside, on reparle du pétrole en Mauritanie ces jours-ci, à l'occasion du premier forage de Total dans le Nord-Est du pays, plus précisément dans le bassin de Taoudenni. Le groupe pétrolier français, qui prospecte depuis 2002 en Mauritanie, croit avoir découvert un gisement pétrolifère important.

Bien sûr, pensent les milieux pétroliers, il faut attendre plusieurs mois encore avant de savoir si ce forage est ou non positif. Mais cette perspective fait renaître l'espoir chez des populations qui rêvent de voir leur pays, qui pompe aujourd'hui 10.000 barils/jour, au lieu des 75.000 prévus au niveau du puits Chinguitti, redynamiser un secteur clé de son économie.

Les milieux économiques restent persuadés que le rôle du secteur du pétrole dans la nouvelle politique de développement en Mauritanie sera déterminant, notamment si la découverte de nouveaux gisements à l'est du pays, se confirme. Lors de sa dernière déclaration de politique générale, le Premier ministre, Moulay Ould Mohamed Laghdaf, avait déjà, évoqué cette situation. Conséquemment, le document de base, préparé par le ministre du Pétrole et de l'Energie à l'époque de la " Rectification ", avait été utilisé comme Plan d'Action par le Haut Conseil d'Etat. Celui-ci tourne autour de cinq grands thèmes (amélioration du climat des affaires dans le secteur des hydrocarbures, gestion efficiente des ressources, couverture du territoire national en électricité urbaine et rurale, renforcement des capacités institutionnelles, promotion du secteur).

Le développement des activités pétrolières doit en effet faire l'objet d'une attention particulière dans la mesure où le secteur contribue à l'amélioration des conditions de vie des citoyens à travers des recettes importantes versées à l'Etat.

Dans cette optique, le Département du Pétrole avait décidé de poursuivre ses activités de supervision des opérateurs, notamment à travers le démarrage des procédures de certification des réserves dans le bassin côtier, le suivi des premiers forages dans le bassin de Taoudenni (Total et Repsol) et des activités des autres opérateurs pétroliers.

La société Total, dont les responsables viennent d'annoncer la bonne nouvelle, avait engagé les travaux de sa campagne de forage avec une bonne dose d'optimisme au début de l'année 2009.

En outre, l'évaluation en cours des réserves du champ de Banda (un forage positif début 2008) devait permettre de finaliser les études en cours de valorisation du gaz par la construction, si les réserves le permettent, d'une centrale électrique de 750 MW permettant de couvrir les besoins nationaux et d'exporter vers la sous région. Un gigantesque projet qui devrait mettre fin aux déboires présents et futurs de la SOMELEC !


Espoir et désespoir

La société Total n'a pas encore évalué les réserves en pétrole et en gaz, qui se trouveraient dans le bassin Taoudenni. L'espoir est toutefois gigantesque de trouver sur ce territoire des " réserves incommensurables ", remarque-t-on dans les milieux scientifiques qui indiquent que les premiers forages devraient confirmer les données des prospections jusque-là menées sur ce territoire vaste de plus de 200.000 kilomètres carrés. Si un tel état de fait venait à se confirmer, la Mauritanie devrait mettre fin à l'importation de ses besoins pétroliers et, même, entamer l'exportation de produits pétroliers vers des pays d'Afrique et d'Europe. L'opération sera d'autant plus rentable qu'elle ne nécessitera pas de grands moyens comme ceux utilisés dans l'exploitation du puits Chinguity. Ici, les forages seront effectués sur la terre pleine et les produits acheminés soit par camions, soit par pipelines. Un problème majeur, pourrait se poser toutefois à l'exploitation des ressources de Taoudenni si celles-ci étaient effectives : le prolongement de la nappe cible des deux côtés du pays en Algérie et au Mali. En effet, si la roche contenant le pétrole et le gaz dérive, notamment de Hassi Messoud (situé à l'est de ce pays et au nord de la Mauritanie), la Mauritanie pourrait être amenée à signer des accords d'exploitation commune de ses richesses avec ses voisins immédiats.


Un budget qui sent

le pétrole

En attendant que ce nouveau filon vienne augmenter les ressources financières de la Mauritanie, les recettes versées au budget de l'Etat pour l'exercice 2007 se sont élevées à près de 39 milliards UM, au titre des revenus tirés du compte pétrolier (FNRH). Mais dans l'esprit du citoyen lambda, l'existence du pétrole en Mauritanie, même en quantités insuffisantes, devrait permettre au pays de se servir d'abord ! Personne ne comprend que le pays soit encore totalement dépendant de l'extérieur pour ses besoins en produits pétroliers. Et personne ne comprend pourquoi l'approvisionnement du pays soit encore assuré par un fournisseur - recruté tous les deux ans - par la voie d'un appel d'offres international.

La consommation nationale en produits pétroliers est de 547.775 TM (tonnes/métriques), pour une facture, très salée pour un pays comme la Mauritanie, de 350.629.191 $US (environ 91.163.540.000 UM). La part du gaz butane s'élève à 29.489 TM pour une valeur de 22.073.331 $US.

En 2007, la facture pétrolière de la SOMELEC s'est élevée à 34.683.725$US pour une quantité de 66.530 TM, celle de la SNIM à 62.672.328 $US pour 119.080 TM.

Les installations de réception, de transfert et de stockage de la raffinerie de Nouadhibou constituaient l'unique point de réception optimale des produits. La globalité des importations en produits pétroliers de la Mauritanie était déposée à Nouadhibou. Une situation qui met le pays tout entier à la merci du moindre incident. Surtout quand on sait que les installations de la raffinerie sont dans un état de dégradation avancée.

La sécurisation des approvisionnements de la zone Sud à travers la réalisation d'infrastructures de réception et de stockage de produits pétroliers dans la zone protégée du Port de l'Amitié (Dépôt de 60.000 m3) avait constitué l'objectif prioritaire pour le court terme.

Par ailleurs des études ont été engagées pour faire un diagnostic critique du réseau des stations service pour élaborer un schéma directeur permettant d'assurer une disponibilité du service de l'approvisionnement dans les différentes localités du pays et élaborer des textes d'application des ordonnances 2002-05 et 84.136 portant règlement des établissements classés insalubres et incommodes pour encadrer le sous secteur de la distribution.


L'existant et le virtuel


Les objectifs de développement du secteur des produits pétroliers s'appuient sur la Déclaration de Politique pour le Développement des Secteurs de l'Eau et de l'Energie adoptée en 1998 et la Stratégie Nationale Energie et Réduction de la Pauvreté adoptée en 2004.

La stratégie repose sur le retrait progressif de l'Etat de toutes les activités productives qu'il exerce encore - ou auxquelles il participe indirectement - ainsi que sur le recentrage de ses activités sur la formulation des politiques et la régulation des activités.

En matière d'énergie domestique, l'objectif est, entre autres, d'assurer la couverture des besoins des ménages, de favoriser l'utilisation du GPL et de protéger les ressources forestières nationales.

Au ministère du Pétrole et de l'Energie, l'on pense que la mise en œuvre d'une telle stratégie permettra d'améliorer les performances du secteur par la libéralisation des activités d'importation, de stockage et de distribution des produits pétroliers en encourageant la concurrence entre tous les acteurs de la filière, la liberté d'intervention des importateurs agréés sur le marché international, l'établissement progressif des prix internes et le renforcement de la capacité de l'Etat en matière de régulation du secteur.

Mais malgré toutes ces bonnes nouvelles, l'autonomie énergétique n'est pas pour demain. Le projet de raffinerie de pétrole de Chavez est encore une simple vision de l'esprit, même si le mémorandum d'accord entre les deux parties a été signé et la restructuration de la SOMIR (Société mauritanienne des industries du raffinage), destinée à être vendue, il n'y a pas longtemps encore, est de nouveau à l'ordre du jour puisque le dernier Conseil des Ministres a adopté un Projet de décret portant modification des dispositions de l'article 5 du décret 88-117 en date du 31 Août 1988 concernant cet établissement public à caractère industriel et commercial. En attendant la pluie de pétrodollars que la découverte de l'or dans le bassin de Taoudenni fait naître chez les Mauritaniens, le gouvernement ne doit tabler, lui, que sur " l'Existant ".


source: l'authentique



Mercredi 7 Octobre 2009
Boolumbal Boolumbal
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