Mauritanie : recherche aide désespérément



Mauritanie : recherche aide désespérément
Le Groupe de contact international sur la Mauritanie était de retour à Nouakchott, en fin de semaine, alors que le pays fait face à une crise économique aigüe faisant passer au second plan les profondes divergences politiques entre la Majorité disparate du nouveau président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, et l'opposition plus que jamais divisée sur la façon de faire face à la nouvelle situation.

Alors que plusieurs observateurs s'attendaient à ce que le débat politique soit relancé, pour faire accepter à l'opposition la " victoire " de Ould Abdel Aziz et pousser ce dernier à s'ouvrir au FNDD et au RFD, dans ce que les Accords de Dakar appellent " le dialogue inclusif ", le GCIM a surtout plaidé la cause du pouvoir mauritanien en demandant à la communauté internationale de lui octroyer une aide conséquente.

Bien qu'une telle compassion soit dans l'intérêt de la Mauritanie et des Mauritaniens, il est difficile de ne pas voir dans cette attitude commune des membres du GCIM une consécration définitive pour le pouvoir issue de l'élection présidentielle du 18 juillet dernier. Un parti-pris évident, diront certains, pensant que le fait de solliciter " une aide financière et économique conséquente pour consolider les acquis accomplis ", 36 jours seulement après l'investiture du nouveau président de la Mauritanie, ne tient nullement compte de la situation politique tendue et de la nécessité de trouver d'abord un terrain d'entente entre le nouveau pouvoir et une opposition qui a l'impression d'avoir été laissée en rade.

Cette nouvelle rencontre à laquelle tous les pays qui comptent pour la Mauritanie, du point de vue géostratégique, étaient présents, ne semble pas avoir tenu compte de la position affichée de l'opposition mauritanienne qui continue de réclamer une enquête sur la présidentielle du 18 juillet 2009, qui a été, selon elle, entachée de " fraudes massives ". Le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'union africaine, Ramdane Lamamra, la Libye, membre africain au conseil de sécurité des Nations Unies, assurant la présidence tournante de l'Union africaine, la Chine, les Etats-Unis d'Amérique, la France, la Russie, le Mali (assurant la présidence du conseil de paix et de sécurité pour le mois de septembre 2009), et le Sénégal (qui prend part à la réunion en sa qualité de facilitateur du dialogue politique entre les trois pôles politiques mauritaniens) l'Organisation internationale de la francophonie, les Nations Unies, l'organisation de la conférence islamique, la ligue arabe et l'union européenne semblent être au même diapason de la situation du pays.

Pourtant, la Mauritanie est loin d'avoir laissé la crise derrière elle ! L'élection présidentielle du 18 juillet dernier a certes permis de réinstaller le pays dans un semblant de démocratie mais les conséquences économiques et financières du coup d'Etat du 8 août 2008 se font encore ressentir à tous les niveaux. Pour entrer effectivement dans une nouvelle phase de redynamisation de son économie, la Mauritanie a peut-être besoin d'autre chose que l'importante aide financière que le Groupe de Contact International pour la Mauritanie chargé du suivi des Accords de Dakar demande aux bailleurs d'apporter au nouveau pouvoir.

Sans tarder, le président Mohamed Ould Abdel Aziz doit envisager une perspective qui s'inscrit dans une nouvelle politique de gouvernance, basée sur une maîtrise de l'inflation, se départir de cette Bipolarité qui empêche la Mauritanie de profiter de l'expertise d'une bonne partie de ses fils et engager un changement véritable.

Les problèmes, à tous les niveaux (délestages, flambée des prix, inondations, insécurité) sont en train d'entamer, sérieusement, les préjugés favorables dont jouissait le Président Aziz avant et pendant la crise institutionnelle. Le fait d'avoir mis en avant les questions de bonne gouvernance, en " populisant " la lutte contre la gabegie l'empêche aujourd'hui de revoir à la baisse ses promesses de placer la Mauritanie dans le cercle des pays à l'économie florissante. Aide économique ou pas, le " président des pauvres " doit aller au même pas de charge pour ne pas retomber en deçà des bonnes performances affichées par le pays, réussissant un taux d'inflation de 7,4 % en 2008 qui pouvait être porté à 6,4 % en 2009. Difficile à réaliser quand on sait qu'une telle perspective n'a pas bénéficié de politiques monétaires prudentes et efficaces devant permettre de mieux régulariser l'évolution du marché. Même si des projets allant dans le sens de mieux arrimer l'ouguiya sont à l'étude. Répétant souvent à qui veut l'entendre que la Mauritanie est un pays riche pouvant se suffire de " l'Existant ", Ould Abdel Aziz doit faire preuve de fermeté dans la gestion et de perspicacité dans le choix des hommes. C'est la seule manière pour lui de tirer profit de vérités économiques encore à l'état de théories.

En effet, la Mauritanie dispose de l'une des côtes les plus poissonneuses du monde. Une position géographique dont elle ne semble pas encore bénéficier si l'on sait que la part de la pêche ne représente que 5% du Produit intérieur brut (PIB). Une situation due à une faible exploitation des ressources halieutiques et aggravée par l'absence d'infrastructures de qualité aux normes occidentales. Toutefois, ces manquements ne limitent pas le taux de croissance du PIB qui se situait à 5,2 % en 2008. Une performance motivée par une redynamisation du secteur minier avec l'exploitation du fer, du cuivre et de l'or.

Il y a aussi dans ce registre l'immense espoir entretenu par l'exploitation du pétrole depuis 2006. Un véritable enjeu pour les Mauritaniens, persuadés que la Mauritanie peut emprunter la voie du développement avec cette richesse noire.

Mais toujours est-il que la transparence est totalement recommandée dans la gestion de ces revenus pétroliers. Une exigence qui avait motivé l'adhésion du pays à l'initiative de Johannesburg imposant une réglementation harmonisée dans la gestion des ressources pétrolières.

Ces méthodes de bonne gouvernance auront particulièrement attiré l'attention des investisseurs, d'autant plus que les probables découvertes pétrolières de Chinguetti et d'autres localités, s'annoncent très prometteuses en 2010. C'est au " président des pauvres " de répondre aux attentes de tous ceux qui ont soutenu son mouvement de " Rectification " et l'ont fait passer, au premier tour de l'élection présidentielle, avec un confortable score de 52,54%. C'est le plus dur à réaliser.


Source: l'authentique

Lundi 14 Septembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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