Mauritanie: de la prière de Kaédi à la marche de Nouakchott



La marche prévue ce mercredi à Nouakchott à l’appel du parti au pouvoir surprend plus d’un observateur par son timing et son caractère, semble-t-il, forcé. Dix ans après son arrivée au pouvoir, le président Mohamed Abdel Aziz, sur le départ, invite ses concitoyens à battre le pavé contre le discours haineux et le racisme avec un invisible doigt accusateur pointé vers de grandes figures de l’opposition qui dénoncent, elles, l’exclusion des négro-africains et des harratins de toutes les sphères de décision de l’Etat.

Aussi, cette marche sonne étrange aux yeux de beaucoup d’observateurs, habitués à dénoncer les dérives d’un pouvoir aux mains d’une seule communauté ainsi que le montre la composition du gouvernement et de l’armée. Le président Mohamed Abdel Aziz qui s’était illustré le 25 mars 2009 par la fameuse prière de pardon à Kaédi, ralliant à sa cause les victimes des années de braise, avant de changer de cap, peut-il réussir le temps d’une marche ce qu’il n’a jamais pu faire en dix ans: réconcilier les mauritaniens et faire taire les clivages? Le locataire du Palais Gris vient-il seulement de se rendre compte de l’immense fossé qui sépare les mauritaniens? Quelle serait donc sa part de responsabilité dans la situation? Qu’a donc fait le pouvoir pour réduire les inégalités criantes entre les différentes composantes de la Mauritanie? Quelles sont les mesures prises à l’endroit des Harratins et de tous les exclus, noirs comme blancs, qui vivent dans le dénuement?
Autant de questions qui font planer le doute sur une marche aux objectifs affichés nobles mais… Il est clair que les leaders charismatiques pour les droits des exclus, à l’instar de Birame Dah Ould Abeid, fraichement libéré ou de Samory Ould Boye, récemment mis à l’index, sont considérés, dans un pays où l’on s’habitue à considérer les choses à l’envers, comme les promoteurs de la haine. Un peu comme dans l’Amérique des années 60 où les défenseurs des droits civiques étaient eux aussi accusés de semer la haine, en Palestine où un certain Yasser Arafat était considéré comme terroriste ou en Afrique du Sud où un Mandela, vingt sept ans avant son Prix Nobel, était pris comme un dangereux terroriste.
Et si on marchait vraiment contre la discrimination?

Source:http://lesmauritanies.com


Mercredi 16 Janvier 2019
Boolumbal Boolumbal
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