La Mauritanie va fêter son cinquantenaire d’indépendance, le 28 novembre prochain sous haute surveillance de ses frontières avec un léger mieux sur le terrain des combats contre Al Qaïda du Maghreb Islamique et sur fond d’espoir pour les réfugiés du Sénégal qui continuent de rentrer chez eux.
Au-delà de cet évènement important, les observateurs y voient un enjeu politique, économique et social qui selon toute vraisemblance, est à l’origine de quelques succès des réformes entreprises par le président mauritanien Ould Aziz depuis juillet 2009 et d’un certain immobilisme au plan social notamment.
Dés son avènement au pouvoir en juillet 2009, le nouveau locataire de la Maison brune Ould Aziz a bouté à Nouakchott et hors de la capitale, l’image d’un « président des pauvres » et d’homme d’Etat capable de réconcilier les mauritaniens avec eux-mêmes. Et pour les mauritaniens de la diaspora, le président de tous les mauritaniens.
De voir ainsi les rideaux tomber sur les deux fléaux : la gabegie et la corruption qui ont longtemps gangrené la société mauritanienne d’une part et d’autre part sur l’une des tragédies humaines que le pays n’ait jamais connu, la déportation de plus de 80 000 négro-mauritaniens en avril 89 et l’assassinat de militaires essentiellement d’origine halpulaar, constituent un immense soulagement pour tous les patriotes mauritaniens et un espoir pour les milliers de réfugiés rentrés chez eux après 21 ans d’exil au Sénégal.
Sur le règlement de ce passif humanitaire rien ne doit se faire sans justice. Aujourd’hui la réalité est dure pour un mauritanien sur deux qui continue de vivre au seuil de la pauvreté avec 370 dollars par an soit près 53 841 ouguiya.
La large victoire de Ould Aziz aux présidentielles de 2009 réside en grande partie dans ces deux facteurs pour redresser l’économie du pays aggravée par la crise financière mondiale et booster la cohésion sociale. Pour ce faire, le nouvel homme fort n’a pas lésiné sur les moyens. Personne n’a été épargné dans le collimateur des sanctions à commencer du plus puissant homme d’affaire ou chef d’entreprise aux membres du gouvernement en passant par les cadres de l’administration et des sociétés d’économie mixte.
Mais entre temps, Al Qaïda en a décidé autrement en jouant la carte de déstabilisation avec ses prises d’otages et tentatives d’assassinat contre des ambassades occidentales à Nouakchott en particulier celle de la France qui soutient aujourd’hui ouvertement et militairement la Mauritanie qui devient un ennemi de plus dans la logique des islamistes.
La sécurité nationale, Ould Aziz en a fait sa priorité maintenant. D’ailleurs, la cour criminelle de Nouakchott n’a pas tergiversé dans son verdict en condamnant à mort récemment les trois djihadistes mauritaniens de l’Aqmi. L’initiative même d’organiser un forum sur le terrorisme à Nouakchott du 24 au 28 octobre pourrait impacter l’implication de la société civile, des partis politiques et de la classe politique dans la recherche d’un consensus national et la lutte contre ce phénomène et le crime organisé.
Même si aujourd’hui le numéro un mauritanien s’en sort sur le terrain des combats avec un léger mieux et sur le plan de la transparence, il n’ en demeure pas moins que les mauritaniens l’attendent plus sur le terrain de la fracture sociale.
La Mauritanie est l’un des pays qui a le plus souffert des dernières inondations, reconnaît même un rapport récent des Nations-Unies faisant des morts et des milliers de personnes sans abris sans compter les dégâts matériels. Pour nourrir les 2, 7 millions de personnes, le pays devrait produire 450 000 tonnes de céréales par an alors qu’on en dispose que 150 000, le reste étant couvert par les importations et l’aide internationale.
Ce sont les populations du Sud qui vont en souffrir le plus si le gouvernement de Ould Laghdaf ne révise pas sa politique agricole. L’insécurité alimentaire n’arrange pas la paix sociale. De même la paix sociale ne va pas sans la cohésion sociale.
Sur ce dossier brûlant, « le mea culpa » de Ould Aziz en 2008 à Kaédi était nécessaire mais pas suffisant un an après pour les milliers de réfugiés qui attendent toujours de recouvrer leurs droits et de résolutions fortes pour réintégrer la société mauritanienne après deux décennies d’errance au Sénégal.
Ce qui va peser lourdement dans la balance de l’ascenseur social en panne depuis 1960. Au premier chef, se trouvent de fortes disparités économiques entre ces populations rentrées au bercail et laissées pour compte qui comptent plus sur la solidarité internationale que des pouvoirs publics, les autres couches de la population essentiellement issues des haratins cantonnés dans les zones périphériques de Nouakchott et dont une minorité vit de petits boulots et le reste au chômage.
Et de l’autre côté les nantis, grands propriétaires fonciers, cadres et hauts fonctionnaires qui vivent dans l’opulence dans les villas les plus huppées de la capitale dont certains se livrent à des spéculations immobilières honteuses et font du problème de relogement des sans abris un fonds de commerce fructueux.
Et les mauritaniens ne comprennent toujours pas qu’après 50 ans d’indépendance qu’ils soient loin de partager les richesses du pays : le poisson dont les recettes qui résultent de l’octroi de licences de pêche , a permis aux différents régimes de construire des routes et d’engranger de l’argent.
Le fer dont la production va augmenter malgré la crise et estimée à 12 millions de tonnes en 2011. Et maintenant le pétrole, un enjeu important pour les années à venir avec la découverte récente de gisements par le groupe français énergéticien International Total dont le premier baril issu du Bassin de Taoudenni pourrait être produit en 2014 voire 2015.
Ce fossé grandissant entre les riches et les pauvres explique toute la difficulté d’un dialogue social dans un pays qui a été fortement dirigé jusqu’ici par des dictatures militaires dont le seul objectif est de réussir à museler les syndicats nationaux en tuant dans l’oeuf les revendications populaires par exemple sur le renchérissement des prix des denrées de première nécessité, l’augmentation du Smig ou les conditions rudes de travail des ouvriers comme en témoignent les répressions cette année du gouvernement de Ould Laghdaf contre les grèves des Dockers à Nouakchott ou le capotage d’autres mouvements sociaux dans les régions.
Dernier pari à gagner pour le chef de l’Etat mauritanien qui souhaiterait faire de son quinquennat un passage utile avec la libéralisation de l’audiovisuel que le parlement a entériné cette année, clé de voûte de la bonne gouvernance démocratique. Après 50 ans d’indépendance Ould Aziz vient de mettre fin ainsi la mainmise du monopole de l’Etat sur les ondes.
Une situation qu’il était le seul à vivre avec la Guinée de l’espace ouest-africain. Un début de levée de la chape de plomb qui devra permettre une ouverture des médias publics à l’opposition toute tendance confondue et l’émergence de médias privés pour une saine concurrence ou émulation.
Pour cela, encourager le professionnalisme, la formation et le perfectionnement, l’amélioration des conditions des journalistes , contribuerait de manière efficace à la gouvernance démocratique. Autant de paris que le président mauritanien devra gagner pour souffler sans problèmes , le 28 novembre prochain les 50 bougies.
Source: Baba Kane
Au-delà de cet évènement important, les observateurs y voient un enjeu politique, économique et social qui selon toute vraisemblance, est à l’origine de quelques succès des réformes entreprises par le président mauritanien Ould Aziz depuis juillet 2009 et d’un certain immobilisme au plan social notamment.
Dés son avènement au pouvoir en juillet 2009, le nouveau locataire de la Maison brune Ould Aziz a bouté à Nouakchott et hors de la capitale, l’image d’un « président des pauvres » et d’homme d’Etat capable de réconcilier les mauritaniens avec eux-mêmes. Et pour les mauritaniens de la diaspora, le président de tous les mauritaniens.
De voir ainsi les rideaux tomber sur les deux fléaux : la gabegie et la corruption qui ont longtemps gangrené la société mauritanienne d’une part et d’autre part sur l’une des tragédies humaines que le pays n’ait jamais connu, la déportation de plus de 80 000 négro-mauritaniens en avril 89 et l’assassinat de militaires essentiellement d’origine halpulaar, constituent un immense soulagement pour tous les patriotes mauritaniens et un espoir pour les milliers de réfugiés rentrés chez eux après 21 ans d’exil au Sénégal.
Sur le règlement de ce passif humanitaire rien ne doit se faire sans justice. Aujourd’hui la réalité est dure pour un mauritanien sur deux qui continue de vivre au seuil de la pauvreté avec 370 dollars par an soit près 53 841 ouguiya.
La large victoire de Ould Aziz aux présidentielles de 2009 réside en grande partie dans ces deux facteurs pour redresser l’économie du pays aggravée par la crise financière mondiale et booster la cohésion sociale. Pour ce faire, le nouvel homme fort n’a pas lésiné sur les moyens. Personne n’a été épargné dans le collimateur des sanctions à commencer du plus puissant homme d’affaire ou chef d’entreprise aux membres du gouvernement en passant par les cadres de l’administration et des sociétés d’économie mixte.
Mais entre temps, Al Qaïda en a décidé autrement en jouant la carte de déstabilisation avec ses prises d’otages et tentatives d’assassinat contre des ambassades occidentales à Nouakchott en particulier celle de la France qui soutient aujourd’hui ouvertement et militairement la Mauritanie qui devient un ennemi de plus dans la logique des islamistes.
La sécurité nationale, Ould Aziz en a fait sa priorité maintenant. D’ailleurs, la cour criminelle de Nouakchott n’a pas tergiversé dans son verdict en condamnant à mort récemment les trois djihadistes mauritaniens de l’Aqmi. L’initiative même d’organiser un forum sur le terrorisme à Nouakchott du 24 au 28 octobre pourrait impacter l’implication de la société civile, des partis politiques et de la classe politique dans la recherche d’un consensus national et la lutte contre ce phénomène et le crime organisé.
Même si aujourd’hui le numéro un mauritanien s’en sort sur le terrain des combats avec un léger mieux et sur le plan de la transparence, il n’ en demeure pas moins que les mauritaniens l’attendent plus sur le terrain de la fracture sociale.
La Mauritanie est l’un des pays qui a le plus souffert des dernières inondations, reconnaît même un rapport récent des Nations-Unies faisant des morts et des milliers de personnes sans abris sans compter les dégâts matériels. Pour nourrir les 2, 7 millions de personnes, le pays devrait produire 450 000 tonnes de céréales par an alors qu’on en dispose que 150 000, le reste étant couvert par les importations et l’aide internationale.
Ce sont les populations du Sud qui vont en souffrir le plus si le gouvernement de Ould Laghdaf ne révise pas sa politique agricole. L’insécurité alimentaire n’arrange pas la paix sociale. De même la paix sociale ne va pas sans la cohésion sociale.
Sur ce dossier brûlant, « le mea culpa » de Ould Aziz en 2008 à Kaédi était nécessaire mais pas suffisant un an après pour les milliers de réfugiés qui attendent toujours de recouvrer leurs droits et de résolutions fortes pour réintégrer la société mauritanienne après deux décennies d’errance au Sénégal.
Ce qui va peser lourdement dans la balance de l’ascenseur social en panne depuis 1960. Au premier chef, se trouvent de fortes disparités économiques entre ces populations rentrées au bercail et laissées pour compte qui comptent plus sur la solidarité internationale que des pouvoirs publics, les autres couches de la population essentiellement issues des haratins cantonnés dans les zones périphériques de Nouakchott et dont une minorité vit de petits boulots et le reste au chômage.
Et de l’autre côté les nantis, grands propriétaires fonciers, cadres et hauts fonctionnaires qui vivent dans l’opulence dans les villas les plus huppées de la capitale dont certains se livrent à des spéculations immobilières honteuses et font du problème de relogement des sans abris un fonds de commerce fructueux.
Et les mauritaniens ne comprennent toujours pas qu’après 50 ans d’indépendance qu’ils soient loin de partager les richesses du pays : le poisson dont les recettes qui résultent de l’octroi de licences de pêche , a permis aux différents régimes de construire des routes et d’engranger de l’argent.
Le fer dont la production va augmenter malgré la crise et estimée à 12 millions de tonnes en 2011. Et maintenant le pétrole, un enjeu important pour les années à venir avec la découverte récente de gisements par le groupe français énergéticien International Total dont le premier baril issu du Bassin de Taoudenni pourrait être produit en 2014 voire 2015.
Ce fossé grandissant entre les riches et les pauvres explique toute la difficulté d’un dialogue social dans un pays qui a été fortement dirigé jusqu’ici par des dictatures militaires dont le seul objectif est de réussir à museler les syndicats nationaux en tuant dans l’oeuf les revendications populaires par exemple sur le renchérissement des prix des denrées de première nécessité, l’augmentation du Smig ou les conditions rudes de travail des ouvriers comme en témoignent les répressions cette année du gouvernement de Ould Laghdaf contre les grèves des Dockers à Nouakchott ou le capotage d’autres mouvements sociaux dans les régions.
Dernier pari à gagner pour le chef de l’Etat mauritanien qui souhaiterait faire de son quinquennat un passage utile avec la libéralisation de l’audiovisuel que le parlement a entériné cette année, clé de voûte de la bonne gouvernance démocratique. Après 50 ans d’indépendance Ould Aziz vient de mettre fin ainsi la mainmise du monopole de l’Etat sur les ondes.
Une situation qu’il était le seul à vivre avec la Guinée de l’espace ouest-africain. Un début de levée de la chape de plomb qui devra permettre une ouverture des médias publics à l’opposition toute tendance confondue et l’émergence de médias privés pour une saine concurrence ou émulation.
Pour cela, encourager le professionnalisme, la formation et le perfectionnement, l’amélioration des conditions des journalistes , contribuerait de manière efficace à la gouvernance démocratique. Autant de paris que le président mauritanien devra gagner pour souffler sans problèmes , le 28 novembre prochain les 50 bougies.
Source: Baba Kane
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