Mauritanie: C’est quand les élections ?

L’année 2012 ne sera sans doute pas celle des élections municipales et législatives tant attendues. Rien ne permet aujourd’hui de penser que le Gouvernement du Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf pense, sérieusement, à donner un coup d’accélérateur à une année qui n’a pas commencé sur les chapeaux de roues. En tout cas pas en ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie des populations mais, surtout, d’une sortie de crise capable de faire taire les revendications d’une Coordination de l’opposition démocratique (COD) qui surfe, depuis plusieurs mois, sur les difficultés économiques et sociales d’un pouvoir qui manque de ressources. Mais la question qui revient de plus en plus dans les esprits est sans doute celle liée à l’organisation future des élections municipales et législatives. On s’interroge ainsi : Quand ? Comment ? Et avec qui ?



Mauritanie: C’est quand les élections ?
D’aucuns pensent que la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) ne parle pas sérieusement quand elle exige du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz l’organisation, ici et maintenant, des élections municipales et législatives. Tout au plus, par le truchement du jeu politique en cours depuis le déclenchement de la crise, suite à l’élection présidentielle de juillet 2009, la COD cherche à faire endosser la responsabilité d’un tel retard au gouvernement du Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf. Selon l’avis d’un expert, l’opposition radicale sait pertinemment qu’aucun scrutin jouissant d’un minimum de transparence ne peut être organisé dans les conditions actuelles. Dans un tel contexte, on peut espérer, tout au plus, que l’examen des amendements constitutionnels, en cours depuis dimanche dernier, permette d’avancer sur le chemin de leur mise en œuvre avant la fin de l’année 2012. A deux ans de la fin du quinquennat d’Aziz, les mauritaniens estiment, de plus en plus, très probable l’étalement sur deux mandats de l’actuel législature des députés et conseillers municipaux majoritairement acquis au pouvoir du président Aziz.

C’est dire qu’avec la stratégie des petits pas, aussi bien pour la validation des résultats du dialogue (au niveau du Parlement et du Conseil Constitutionnel) que pour leur mise en œuvre prochaine, la pouvoir se donne la latitude de repousser ce scrutin jusqu’à la fin du mandat d’Aziz, c’est-à-dire 2014 où il pourra alors, si le rythme de l’enrôlement des populations continue, avoir un état-civil garantissant la fiabilité requise pour l’organisation d’élections générales. Mais bien avant, il faudra bien que l’opposition " participationniste " (APP, Al Wiam, Sawab) soit rassurée par des mesures allant dans le sens de l’urgence d’une mise en œuvre de la CENI (Commission électorale nationale indépendante, la désignation des membres de celle-ci et l’entame véritable du nouveau processus électoral permettent aux protagonistes du dialogue de mettre en branle un agenda susceptible de convaincre les mauritaniens que l’approche était bonne.

Commencer et voir venir

Tout dépend, en réalité, de l’opportunité qui sera offerte à la nouvelle CENI de prouver que les pouvoirs censés consacrer sa gestion autonome et transparente des futures élections municipales et législatives ne sont pas ce que les partis de la COD considèrent comme de la " poudre aux yeux ". Le parallélisme établi par cette dernière entre la CENI et la nouvelle direction générale des élections créée au sein du ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation n’est pas sans raison, quand on sait que c’est l’un des meilleurs moyens dont dispose le pouvoir pour continuer à avoir la haute main sur un processus électoral de nature à redessiner le paysage politique mauritanien.

On sait, cependant, que les partis d’opposition qui ont pris part au dialogue (APP, Al Wiam, Sawab et Hamam) ne sont pas dupes et que toutes interprétations abusives des résultats du dialogue risquent de provoquer un clash politique dont le premier perdant sera le pouvoir lui-même. Des signes précurseurs de cette volonté de " détourner " le dialogue de son cours normal ont été perceptibles ; il y a quelques mois, quand de hauts responsables de l’Union pour la République (UPR), parti au pouvoir, certainement pris au dépourvu par ce qu’ils considèrent comme des " arrangements " n’allant pas forcément dans le sens de son emprise sur les structures du pouvoir, ont voulu s’inscrire en porte-à-faux avec le processus en cours. Mais les rencontres périodiques entre le président Aziz et les deux chefs de file de l’opposition " participationniste " (Messaoud Ould Boulkheir et Boidiel Ould Houmeid) ont vite fait de dissiper le doute : Le dialogue est irréversible.

Ce qui compte le plus aujourd’hui pour le gouvernement - et pour le président Ould Abdel Aziz - c’est de trouver la solution aux problèmes économiques et sociaux qui taraudent l’esprit de la majorité des mauritaniens.

La mise en œuvre d’un plan d’urgence destiné à amoindrir l’impact d’une année de sécheresse sur les populations rurales du pays a mis du temps avant de dépasser les échos du vote d’un budget colossal de 45 milliards d’ouguiyas destinés à alimenter les caisses de l’opération " Espoir 2012 ". C’est le renforcement de ce plan d’urgence par l’ouverture de la " foire aux produits alimentaires ", destinée aux bourses moyennes, qui a permis de relancer une opération partie pour continuer sur la même impression d’échec qu’on a aujourd’hui du programme " Solidarité 2011 " sévèrement critiqué par une opposition (toutes tendances confondues) qui ne manque pas d’arguments pour fustiger le mode de gestion de ces fonds et son inégale répartition entre les villes et la " Mauritanie profonde ".

Sneiba Mohamed.


authentic

Mercredi 11 Avril 2012
Boolumbal Boolumbal
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