Malaise au sein de la Majorité : Un gouvernement qui ne plaît pas



Malaise au sein de la Majorité : Un gouvernement qui ne plaît pas
Poids politique, représentativité régionale, degré d'engagement en faveur du candidat vainqueur de la dernière présidentielle… Un mois après sa mise en place, le premier gouvernement du Premier ministre Ould Mohamed Laghdaf continue toujours de susciter des interrogations quand aux raisons profondes qui ont guidé à sa naissance. Une situation politique délétère entretenant la première crise qui couve au sein de la majorité présidentielle.

On se demandait si Moulaye Ould Mohamed Laghdaf allait être débarqué de son strapontin de Premier ministre ou reconduit, après une année très sabbatique passée à se casser les doigts, si l'on exclut la gestion de la crise politique sur le plan extérieure.

Finalement, les événements se sont précipités. Ould Abdel Aziz a renouvelé sa confiance au technocrate venu de Bruxelles. Le gouvernement constitué est apparu comme un savant dosage de nouveaux et d'anciens. Mais surtout une rupture avec une procédure dont le maître mot est ce renouvellement de la classe politique mis en avant par une bonne partie des soutiens du Président Aziz avant et pendant le mouvement de " Rectification ". Il s'agissait en fait pour le président d'agir en fonction de la nouvelle configuration politique née de l'éclatement de la majorité et de l'irruption du nouveau parti - Etat, l'Union Pour la République (UPR). La donne était la suivante : comment opérer un recentrage du pouvoir qui ne tiendrait pas compte, avant tout, de paramètres traditionnels comme les forces politiques dominantes de la Majorité et, à l'intérieur de ses forces, les hommes du sérail ayant un réel pouvoir, ainsi que du dosage régional et tribal que Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, soumis à la contraintes des clauses du deuxième tour de la présidentielle de 2007, a pu éviter dans la formation du premier gouvernement de la Troisième République ? Autrement, comment mettre en avant les " compétences " ? Comment ne pas se soumettre à la volonté des " décideurs " politiques, de Nouakchott et de l'intérieur, qui cherchent toujours à avoir la mainmise sur toute cooptation au sein de l'appareil de l'Etat ?

Ceux qui pensent que ce dernier critère n'est pas de saison, à l'heure de la démocratie, se trompent lourdement, la Mauritanie étant sans doute l'un des pays où le poids de la Tradition pèse encore plus lourd que celui de l'Idéal démocratique en devenir. On sait, de ce point de vue, que Gouverner les Mauritaniens n'est pas chose aisée. Il faudra satisfaire deux millions six cent mille désirs pour y arriver.

La démocratisation n'a pu adoucir les mœurs très particulières d'un peuple façonné par la liberté de se mouvoir dans les grands espaces. C'est l'esprit nomade évidemment qui explique cet extrême éparpillement: Des dizaines de tribus et de sous-tribus que rien ne différencie en apparence mais qui se dressent les unes contre les autres quand " leurs intérêts " sont en jeu. Deux communautés unies par la religion mais ayant tendance à " s'exiler " dans des particularismes pas aussi marqués qu'on veut le faire croire.

Ainsi, la formation du gouvernement post 18 juillet 2009 devait nécessairement tenir compte, pour certaines personnalités influentes de la Majorité, du partage régional du pouvoir aussi bien que des positions-clés des hommes politiques au sein du parti UPR et des formations politiques qui gravitent autour de lui. La cooptation des hommes et femmes appelés à siéger dans le gouvernement dirigé par Ould Mohamed Laghdaf devait d'abord partir du principe que toutes les régions du pays aspirent - c'est leur droit - à être représentées.

Car, ne nous voilons pas la face, la représentation politique régionale a toujours fonctionné comme une sorte de " confédération " qui ne dit pas son nom. En l'absence de critères précis et objectifs de choix de " l'homme qu'il faut à la place qu'il faut ", la meilleure " justice " politique est de s'en remettre au poids des partis et à la représentativité régionale ! Il faut éviter seulement, dans cette gymnastique de l'esprit, pas du tout évidente, que certaines wilayas usurpent la part du gâteau qui doit, en principe, revenir à d'autres pour éviter un déséquilibre dont peuvent naître les frustrations.

Car attribuer sept portefeuilles ministériels au Trarza, par exemple, fait grincer des dents dans les régions du pays qui ne manquent certainement pas de compétences pour entrer dans un gouvernement appelé à réaliser le programme électoral du président Aziz.

Dans les deux Hodh et l'Assaba, la représentativité régionale a toujours donné la part du lion aux ressortissants du " réservoir électoral " duquel aucun candidat à la présidentielle ne peut se passer.

L'enjeu aujourd'hui est de savoir si l'UPR réussira à redonner à la Majorité une certaine virginité. On imagine mal cependant le retour aux avant-postes de personnalités politiques très marquées par l'ère Taya, sauf dans des sortes de " garages " qui ne disent pas leur nom.



Source:

l'authenyique

Vendredi 18 Septembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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