Un après midi, alors que je rentrais du travail, mon épouse m’informa que nous recevions des gens pour le diner. Elle a tenu à ce que je porte mon plus beau boubou car ceux-ci venaient demander la main de notre fille pour leur fils et évidement il fallait que je sois le plus présentable possible. Si grande fût ma joie de marier ma fille, que j’en ai même oublié les questions fatidiques et essentielles; De quelle tribu est il et de quelle famille ?
Dans quoi travaille-t-il et à quelle hauteur s’élève son patrimoine ? Bref, après avoir dépêché le domestique au marché pour acheter le nécessaire à cette soirée importante, j’ai accouru vers la salle de bain afin de me faire une beauté (ce que je ne fais pas très souvent) pour recevoir mes invités dans les meilleures conditions.
J’étais tellement excité par la nouvelle que j’avais une folle envie de prendre ma fille dans mes bras, la féliciter et lui souhaiter tout le bonheur dans sa future vie de femme mariée. Mais voila, les traditions m’en empêchaient.
Ces mêmes traditions avec lesquels j’ai grandis et qui font d’un coté ma fierté, mais qui savent aussi de l’autre montrer combien elles peuvent êtres contraignantes. Pendant que les femmes de la maison s’affairaient aux préparatifs comme le veut la tradition, je terminais mon toilettage en chantonnant un titre de mon artiste favori « Seddoum ould Eidde ». Après le crépuscule, je me suis installé dans notre salon que ma femme avait prit soin d’encensé pour l’occasion.
Impatient je jetais un coup d’œil à ma montre toutes les trente secondes et scrutais le moindre bruit à l’affut de mes invités, jusqu’au « Salam Aleikoum » libérateur. D’un bond, j’ai été à la rencontre des futurs beaux parents de ma fille chérie et là le choc… Ils étaient noirs. Tellement noirs que je les distinguais à peine dans la pénombre du couloir. J’étais pétrifié telle une statue de pierre par le spectacle qui s’offrait à mes yeux. Un noir osait venir demander la main de ma fille et ma propre famille était complice… je n’en revenais pas.
Après avoir accueillis non sans hypocrisie ceux que je considérais comme étant des provocateurs, j’ai convoqué ma femme et ma fille dans une pièce à part. J’étais rouge de colère contre ma famille qui m’avait trahit. Je leur criais au visage « N’avez-vous donc aucune morale ??? », « Ma propre fille, fille de telle famille et de telle tribu, veut épouser un noir et ma femme qui ose cautionner une telle tragédie ! »
Et là ma fille avec une voix pleine de sanglots: - Père, n’est ce pas Allah qui a dit : a3ou4ou bilah mine cheïtane rajim, bismi lah ra7man ra7im « Ya eyouha nass ina 5ala9nakoum mine 4ekerine wa ountha wa ja3alnakoum chou3ouben wa 9abayla lite3arafou ina akramekoum 3ind Allah at9akoum » Sada9 Allah el 3adhim. Dis-moi père bien aimé, Bilal Ibn Rabah, n’était-il pas noir? Ne faisait-il pas parti des meilleurs compagnons de celui qui par sa lumière notre seigneur a crée les cieux et la terre? Ne faisait-il pas parti de la dizaine privilégiée par Allah et qui a été informée par le meilleur des messagers de son vivant qu’elle irait au paradis sans à rendre de comptes après la mort?
Sommes nous plus à même qu’Allah de savoir qui sont les meilleurs d’entre nous et cela juste au vue de leur couleur de peau? Je t’en supplie père, réponds moi… Quel est le plus important à tes yeux, nos futiles traditions ou notre belle religion? Je t’en supplie père réponds moi…
J’ai à ce moment précis pris ma femme et ma fille dans mes bras, laissant mes larmes s’échapper et ne sachant pas quoi répondre à mon enfant, je me contentais de lui murmurer à l’oreille ; « Tu as raison ma chérie, c’est moi qui suis manifestement égaré par ces traditions obsolètes et dénuées de sens…tu as raison ma chérie… »
- Chéri ! Chéri ! Réveilles toi !!!
- Hein… Hein !!! Que se passe-t-il ???
- Je ne sais pas, tu pleurais en dormant.
- Ce n’est rien ma chérie je crois que j’ai fait un cauchemar.
Etait-ce vraiment un cauchemar ou alors un rêve? Moi j’en déduis que c’était une révélation divine pour m’ouvrir les yeux sur la bêtise de mes traditions, qui m’ont fait oublier que nous étions tous les enfants d’Adam et Eve et que nous étions ainsi fatalement frères et sœurs.
(Cette histoire est le fruit de mon imagination, mais j’espère sincèrement qu’elle contribuera à changer l’idée qui subsiste en Mauritanie d’un ascenseur social et que certains d’entre nous sont meilleurs que d’autres, juste parce qu’ils ont hérités d’un nom ou d’une couleur de peau)
Mohamed Ssalekfal
Source : Mohamed Ssalekfal
Dans quoi travaille-t-il et à quelle hauteur s’élève son patrimoine ? Bref, après avoir dépêché le domestique au marché pour acheter le nécessaire à cette soirée importante, j’ai accouru vers la salle de bain afin de me faire une beauté (ce que je ne fais pas très souvent) pour recevoir mes invités dans les meilleures conditions.
J’étais tellement excité par la nouvelle que j’avais une folle envie de prendre ma fille dans mes bras, la féliciter et lui souhaiter tout le bonheur dans sa future vie de femme mariée. Mais voila, les traditions m’en empêchaient.
Ces mêmes traditions avec lesquels j’ai grandis et qui font d’un coté ma fierté, mais qui savent aussi de l’autre montrer combien elles peuvent êtres contraignantes. Pendant que les femmes de la maison s’affairaient aux préparatifs comme le veut la tradition, je terminais mon toilettage en chantonnant un titre de mon artiste favori « Seddoum ould Eidde ». Après le crépuscule, je me suis installé dans notre salon que ma femme avait prit soin d’encensé pour l’occasion.
Impatient je jetais un coup d’œil à ma montre toutes les trente secondes et scrutais le moindre bruit à l’affut de mes invités, jusqu’au « Salam Aleikoum » libérateur. D’un bond, j’ai été à la rencontre des futurs beaux parents de ma fille chérie et là le choc… Ils étaient noirs. Tellement noirs que je les distinguais à peine dans la pénombre du couloir. J’étais pétrifié telle une statue de pierre par le spectacle qui s’offrait à mes yeux. Un noir osait venir demander la main de ma fille et ma propre famille était complice… je n’en revenais pas.
Après avoir accueillis non sans hypocrisie ceux que je considérais comme étant des provocateurs, j’ai convoqué ma femme et ma fille dans une pièce à part. J’étais rouge de colère contre ma famille qui m’avait trahit. Je leur criais au visage « N’avez-vous donc aucune morale ??? », « Ma propre fille, fille de telle famille et de telle tribu, veut épouser un noir et ma femme qui ose cautionner une telle tragédie ! »
Et là ma fille avec une voix pleine de sanglots: - Père, n’est ce pas Allah qui a dit : a3ou4ou bilah mine cheïtane rajim, bismi lah ra7man ra7im « Ya eyouha nass ina 5ala9nakoum mine 4ekerine wa ountha wa ja3alnakoum chou3ouben wa 9abayla lite3arafou ina akramekoum 3ind Allah at9akoum » Sada9 Allah el 3adhim. Dis-moi père bien aimé, Bilal Ibn Rabah, n’était-il pas noir? Ne faisait-il pas parti des meilleurs compagnons de celui qui par sa lumière notre seigneur a crée les cieux et la terre? Ne faisait-il pas parti de la dizaine privilégiée par Allah et qui a été informée par le meilleur des messagers de son vivant qu’elle irait au paradis sans à rendre de comptes après la mort?
Sommes nous plus à même qu’Allah de savoir qui sont les meilleurs d’entre nous et cela juste au vue de leur couleur de peau? Je t’en supplie père, réponds moi… Quel est le plus important à tes yeux, nos futiles traditions ou notre belle religion? Je t’en supplie père réponds moi…
J’ai à ce moment précis pris ma femme et ma fille dans mes bras, laissant mes larmes s’échapper et ne sachant pas quoi répondre à mon enfant, je me contentais de lui murmurer à l’oreille ; « Tu as raison ma chérie, c’est moi qui suis manifestement égaré par ces traditions obsolètes et dénuées de sens…tu as raison ma chérie… »
- Chéri ! Chéri ! Réveilles toi !!!
- Hein… Hein !!! Que se passe-t-il ???
- Je ne sais pas, tu pleurais en dormant.
- Ce n’est rien ma chérie je crois que j’ai fait un cauchemar.
Etait-ce vraiment un cauchemar ou alors un rêve? Moi j’en déduis que c’était une révélation divine pour m’ouvrir les yeux sur la bêtise de mes traditions, qui m’ont fait oublier que nous étions tous les enfants d’Adam et Eve et que nous étions ainsi fatalement frères et sœurs.
(Cette histoire est le fruit de mon imagination, mais j’espère sincèrement qu’elle contribuera à changer l’idée qui subsiste en Mauritanie d’un ascenseur social et que certains d’entre nous sont meilleurs que d’autres, juste parce qu’ils ont hérités d’un nom ou d’une couleur de peau)
Mohamed Ssalekfal
Source : Mohamed Ssalekfal
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