
La lutte contre la mauvaise gestion et l’abus des finances publiques, Ould Abdel Aziz en avait fait son crédo. La mise en examen de l’ancien gouverneur de la Banque centrale et les limogeages tous azimuts de fonctionnaires soupçonnés de mauvaises pratiques bat son plein, comme en attestent les derniers développements.
Depuis quelques semaines l’opinion publique tangue au gré des interpellations et des révélations sur la gestion des deniers publics. Chaque jour apporte son lot de surprises où l’on se rend finalement compte du degré de déliquescence de l’Etat au profit d’une poignée d’individus déjà bien nantis mais dont la soif d’argent est restée insatiable. «Règlement de compte », «affaires sélectives », tous les alibis sont bons pour ajourner la recherche d’une justice sociale mise à mal par la pratique à ciel ouvert de la prévarication. Pendant que certains se serraient la ceinture pour déjouer la faim, les autres se servaient allègrement des biens publics. Immoral !
Nul n’est au-dessus de la loi
Dans cette affaire qui secoue tout le microcosme, l'ancien gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie, Sid'El Moctar Ould Nagi, a été placé jeudi en détention préventive pour détournement. Mais dans la réalité, le gouverneur de la banque centrale n’a fait qu’obéir à des ordres. Il est notamment reproché à Sid’El Mokhtar Ould Nagi, qui dirigeait cette institution entre 2001 et 2002, "la volatilisation sans traces ni justificatifs" avec destruction de pièces comptables" d'un montant de 12 milliards d'ouguiya. Mais a-t-il agi de son propre chef et quel bénéficie tirerait-il de détourner de l’argent au profit d’autres institutions ? S’il a certainement une responsabilité dans ces faits, il faut éviter l’amalgame et focaliser seulement l’affaire sur lui. Sid’El Mokhtar Ould Nagi n’a pas bénéficié à lui seul des montants frauduleusement acquis. Les témoignages des banques primaires par lesquelles ces transferts illégaux ont été opérés révèlent bien des noms à qui l’Etat a demandé des comptes, pour celles qui étaient connues d’entre elles. Mais l’on sait déjà que l’ampleur des sommes détournées au trésor public sous diverses facettes représente plus de 130 milliards d’UM. Ce qui fait que l’affaire Ould Nagi parait minime par rapport à cette cagnotte là.
Dans le box des accusés, la transparence ne peut se suffire seulement du cas de Sid’El Mokhtar Ould Nagi. Il faut oser aller loin pour que les puzzles financiers soient totalement déchiffrés. «La Mauritanie a trop souffert de tourner la page de la gabegie indéfiniment » nous disait un haut responsable de l’Etat. Plusieurs observateurs mettent cette pratique sur le compte de l’impunité jusqu’ici observée. Les limiers de la brigade de lutte contre les crimes et délits économiques pourraient avoir du pain sur la planche. Car certains délits sont aussi commis par omission. Une complicité tacite qui vaut son pesant d’argent.
Conciliabules devant la Justice
La rigueur dont l’Etat fait preuve est tout à son honneur. Dans cette affaire et dans celles qui en découleraient, si l’on fait toute la lumière sur les années sombres de la gestion du pays, le trésor public devrait entrer en possession des sommes détournées. Heureux alors les prévaricateurs qui n’auraient pas payés des intérêts en relation avec ces sommes faramineuses qu’ils auraient certainement fructifiées toutes ces années durant. C’est en tout cas dans ce sens qu’il faudrait interpréter la rencontre jeudi entre le Parquer et certaines personnes citées dans cette affaire d’abus des biens sociaux comme Mohammed Ould Noueiguedh, président-directeur général de la Banque nationale de la Mauritanie (BNM), Chriv Ould Abdallahi, président du Conseil d’administration de la BAMIS, Isselmou Ould Tajedine, président du Conseil d’administration de la BCI et Abdou Maham. Tous ces pontes de la finance auraient signé et accepté de rendre à l’Etat ce qui lui appartient. Mais ce n’est là encore qu’une enquête préliminaire alors que le mal semble être plus pernicieux.
Bien avant son accession au maroquin présidentiel, Mohamed Ould Abdel Aziz se doutait certainement de l’ampleur des dégâts sur l’économie du pays de telles pratiques. C’est très certainement la raison profonde de l’hostilité montée contre lui par certaines sphères économiques qui ne peuvent se prévaloir de vouloir soutenir la démocratie après avoir défendu l’ancien régime Taya. Mais elles se doutaient qu’elles étaient dans l’œil du cyclone. Après avoir été démocratiquement choisi, l’actuel président n’a pas hésité à aller de l’avant dans ses promesses d’assainir la pratique administrative et la préservation des deniers publics qui en ont souffert trop longtemps. Il suffit de s’en convaincre de remonter un laps de temps avec les affaires des gouverneurs de régions de Nouakchott, de Nouadhibou, du SENLS, de la Somagaz…Les visites inopportunes dans les administrations et leur corolaire de changements de comportement des administrations. Jeudi, le dernier à payer la facture de cette mise aux normes, Zeiny Ould Ahmed El Hady directeur général du Budget des Comptes de l’Etat a été «relevé des ses fonctions». D’autres suivront. La boite à pandore est donc largement béante car beaucoup de fonctionnaires et de diplomates dans ce pays se sont convertis aussi aux sociétés écrans pour «régulariser » leurs sales besognes. Mais comme dit un adage bien de chez nous : «qui n’a rien mangé, n’a peur de rien» (Li makal chi, makhav chi) !
JD
Source: Le quotidien
Depuis quelques semaines l’opinion publique tangue au gré des interpellations et des révélations sur la gestion des deniers publics. Chaque jour apporte son lot de surprises où l’on se rend finalement compte du degré de déliquescence de l’Etat au profit d’une poignée d’individus déjà bien nantis mais dont la soif d’argent est restée insatiable. «Règlement de compte », «affaires sélectives », tous les alibis sont bons pour ajourner la recherche d’une justice sociale mise à mal par la pratique à ciel ouvert de la prévarication. Pendant que certains se serraient la ceinture pour déjouer la faim, les autres se servaient allègrement des biens publics. Immoral !
Nul n’est au-dessus de la loi
Dans cette affaire qui secoue tout le microcosme, l'ancien gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie, Sid'El Moctar Ould Nagi, a été placé jeudi en détention préventive pour détournement. Mais dans la réalité, le gouverneur de la banque centrale n’a fait qu’obéir à des ordres. Il est notamment reproché à Sid’El Mokhtar Ould Nagi, qui dirigeait cette institution entre 2001 et 2002, "la volatilisation sans traces ni justificatifs" avec destruction de pièces comptables" d'un montant de 12 milliards d'ouguiya. Mais a-t-il agi de son propre chef et quel bénéficie tirerait-il de détourner de l’argent au profit d’autres institutions ? S’il a certainement une responsabilité dans ces faits, il faut éviter l’amalgame et focaliser seulement l’affaire sur lui. Sid’El Mokhtar Ould Nagi n’a pas bénéficié à lui seul des montants frauduleusement acquis. Les témoignages des banques primaires par lesquelles ces transferts illégaux ont été opérés révèlent bien des noms à qui l’Etat a demandé des comptes, pour celles qui étaient connues d’entre elles. Mais l’on sait déjà que l’ampleur des sommes détournées au trésor public sous diverses facettes représente plus de 130 milliards d’UM. Ce qui fait que l’affaire Ould Nagi parait minime par rapport à cette cagnotte là.
Dans le box des accusés, la transparence ne peut se suffire seulement du cas de Sid’El Mokhtar Ould Nagi. Il faut oser aller loin pour que les puzzles financiers soient totalement déchiffrés. «La Mauritanie a trop souffert de tourner la page de la gabegie indéfiniment » nous disait un haut responsable de l’Etat. Plusieurs observateurs mettent cette pratique sur le compte de l’impunité jusqu’ici observée. Les limiers de la brigade de lutte contre les crimes et délits économiques pourraient avoir du pain sur la planche. Car certains délits sont aussi commis par omission. Une complicité tacite qui vaut son pesant d’argent.
Conciliabules devant la Justice
La rigueur dont l’Etat fait preuve est tout à son honneur. Dans cette affaire et dans celles qui en découleraient, si l’on fait toute la lumière sur les années sombres de la gestion du pays, le trésor public devrait entrer en possession des sommes détournées. Heureux alors les prévaricateurs qui n’auraient pas payés des intérêts en relation avec ces sommes faramineuses qu’ils auraient certainement fructifiées toutes ces années durant. C’est en tout cas dans ce sens qu’il faudrait interpréter la rencontre jeudi entre le Parquer et certaines personnes citées dans cette affaire d’abus des biens sociaux comme Mohammed Ould Noueiguedh, président-directeur général de la Banque nationale de la Mauritanie (BNM), Chriv Ould Abdallahi, président du Conseil d’administration de la BAMIS, Isselmou Ould Tajedine, président du Conseil d’administration de la BCI et Abdou Maham. Tous ces pontes de la finance auraient signé et accepté de rendre à l’Etat ce qui lui appartient. Mais ce n’est là encore qu’une enquête préliminaire alors que le mal semble être plus pernicieux.
Bien avant son accession au maroquin présidentiel, Mohamed Ould Abdel Aziz se doutait certainement de l’ampleur des dégâts sur l’économie du pays de telles pratiques. C’est très certainement la raison profonde de l’hostilité montée contre lui par certaines sphères économiques qui ne peuvent se prévaloir de vouloir soutenir la démocratie après avoir défendu l’ancien régime Taya. Mais elles se doutaient qu’elles étaient dans l’œil du cyclone. Après avoir été démocratiquement choisi, l’actuel président n’a pas hésité à aller de l’avant dans ses promesses d’assainir la pratique administrative et la préservation des deniers publics qui en ont souffert trop longtemps. Il suffit de s’en convaincre de remonter un laps de temps avec les affaires des gouverneurs de régions de Nouakchott, de Nouadhibou, du SENLS, de la Somagaz…Les visites inopportunes dans les administrations et leur corolaire de changements de comportement des administrations. Jeudi, le dernier à payer la facture de cette mise aux normes, Zeiny Ould Ahmed El Hady directeur général du Budget des Comptes de l’Etat a été «relevé des ses fonctions». D’autres suivront. La boite à pandore est donc largement béante car beaucoup de fonctionnaires et de diplomates dans ce pays se sont convertis aussi aux sociétés écrans pour «régulariser » leurs sales besognes. Mais comme dit un adage bien de chez nous : «qui n’a rien mangé, n’a peur de rien» (Li makal chi, makhav chi) !
JD
Source: Le quotidien