Autant Obama avait géré sans hésiter les soulèvements de Tunisie et d'Égypte, saluant, comme il convenait, ces sursauts démocratiques et se servant même de son influence auprès des militaires égyptiens pour empêcher Moubarak de déraper, autant, depuis le 17 février et le début de la révolte des Libyens contre Kadhafi, il patauge. Car répéter, comme le fait le gouvernement américain depuis trois semaines, que rien n'est exclu, y compris toutes les options militaires, pour protéger le peuple libyen des mauvais coups de son guide est évidemment une réaction un peu courte.
Même l'envoi de navires de guerre puissamment armés au large de Tripoli et de Benghazi ne semble pas impressionner outre mesure les forces loyales à Kadhafi, aidées de quelques commandos mercenaires qui regagnent chaque jour un peu du terrain perdu au début de l'insurrection, au prix de dizaines de morts dans les rangs d'insurgés mal armés et peu aguerris. C'est ainsi que les pro-Kadhafi ont repris, mercredi 9 mars, la ville de Zawiyah, qui était jusqu'alors le bastion des opposants le plus proche de Tripoli.
Activisme des alliés
Pourtant, ce n'est pas faute qu'aux États-Unis, dans les rangs des démocrates comme dans ceux des républicains, on réclame depuis plusieurs jours qu'Obama agisse plus fermement. Comme le sénateur John Kerry, président démocrate de la commission des Affaires étrangères du Sénat, ou John McCain, le héros du Vietnam, candidat républicain à la Maison-Blanche en 2008. La presse aussi souhaite plus de fermeté au commandant en chef des armées. Ainsi, dans son éditorial du 9 mars, le New York Times déplore que "les signaux envoyés par l'administration Obama (soient) à ce point contradictoires qu'ils affaiblissent la crédibilité américaine". "Et même si on ne peut être enthousiaste à l'idée de voir les États-Unis engagés dans un nouveau conflit dans un pays musulman, écrit le NYT, il faut trouver un moyen d'empêcher le colonel Kadhafi de massacrer son peuple." Tous sont d'accord sur un point : il n'est pas possible de brandir des menaces, comme le fait la Maison-Blanche, si elles ne sont jamais suivies d'effets.
Même l'attitude plus volontariste de ses alliés ne semble pas avoir convaincu Obama. Français et Britanniques s'activent en effet intensément auprès de l'Otan et de l'Union européenne pour qu'au minimum soit prise une décision de neutraliser l'espace aérien libyen afin d'empêcher Kadhafi de bombarder son peuple. Ce qui leur a valu les sarcasmes de Richard Daley, directeur de cabinet d'Obama, se moquant de ceux qui parlent de ces options d'interdiction de survol "comme s'il s'agissait d'un jeu vidéo".
Tel George Bush ?
John Kerry, un fin connaisseur du président des États-Unis, croit savoir qu'il est tétanisé à l'idée de la comparaison que le monde arabe pourrait faire entre lui et le va-t-en-guerre George Bush, lequel, sous sa présidence, a ouvert deux conflits dans le monde arabo-musulman, en Afghanistan et en Irak. Il écoute aussi les conseils du ministre de la Défense Robert Gates, qui lui fait valoir que décréter une zone d'exclusion aérienne est déjà un acte de guerre impliquant la neutralisation des défenses antiaériennes de Kadhafi. Il se retranche enfin derrière la difficulté d'obtenir le feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies, où Russes et Chinois n'ont aucune envie d'autoriser un droit d'ingérence qui pourrait un jour leur être opposé, s'il y avait de nouveaux soulèvements en Tchétchénie ou au Tibet.
Le temps presse pourtant pour Obama. À la fois parce que, si personne ne bouge, l'insurrection libyenne finira par être totalement anéantie dans un bain de sang, comme on en a rarement connu. Et sans doute aussi parce que l'activisme de certains de ses alliés, comme la France qui vient de reconnaître le Conseil national de transition libyen dont les représentants ont été reçus à l'Élysée, contraint Obama à se remuer. Le président des États-Unis ne peut jouer durablement les Ponce Pilate.
lepoint
Même l'envoi de navires de guerre puissamment armés au large de Tripoli et de Benghazi ne semble pas impressionner outre mesure les forces loyales à Kadhafi, aidées de quelques commandos mercenaires qui regagnent chaque jour un peu du terrain perdu au début de l'insurrection, au prix de dizaines de morts dans les rangs d'insurgés mal armés et peu aguerris. C'est ainsi que les pro-Kadhafi ont repris, mercredi 9 mars, la ville de Zawiyah, qui était jusqu'alors le bastion des opposants le plus proche de Tripoli.
Activisme des alliés
Pourtant, ce n'est pas faute qu'aux États-Unis, dans les rangs des démocrates comme dans ceux des républicains, on réclame depuis plusieurs jours qu'Obama agisse plus fermement. Comme le sénateur John Kerry, président démocrate de la commission des Affaires étrangères du Sénat, ou John McCain, le héros du Vietnam, candidat républicain à la Maison-Blanche en 2008. La presse aussi souhaite plus de fermeté au commandant en chef des armées. Ainsi, dans son éditorial du 9 mars, le New York Times déplore que "les signaux envoyés par l'administration Obama (soient) à ce point contradictoires qu'ils affaiblissent la crédibilité américaine". "Et même si on ne peut être enthousiaste à l'idée de voir les États-Unis engagés dans un nouveau conflit dans un pays musulman, écrit le NYT, il faut trouver un moyen d'empêcher le colonel Kadhafi de massacrer son peuple." Tous sont d'accord sur un point : il n'est pas possible de brandir des menaces, comme le fait la Maison-Blanche, si elles ne sont jamais suivies d'effets.
Même l'attitude plus volontariste de ses alliés ne semble pas avoir convaincu Obama. Français et Britanniques s'activent en effet intensément auprès de l'Otan et de l'Union européenne pour qu'au minimum soit prise une décision de neutraliser l'espace aérien libyen afin d'empêcher Kadhafi de bombarder son peuple. Ce qui leur a valu les sarcasmes de Richard Daley, directeur de cabinet d'Obama, se moquant de ceux qui parlent de ces options d'interdiction de survol "comme s'il s'agissait d'un jeu vidéo".
Tel George Bush ?
John Kerry, un fin connaisseur du président des États-Unis, croit savoir qu'il est tétanisé à l'idée de la comparaison que le monde arabe pourrait faire entre lui et le va-t-en-guerre George Bush, lequel, sous sa présidence, a ouvert deux conflits dans le monde arabo-musulman, en Afghanistan et en Irak. Il écoute aussi les conseils du ministre de la Défense Robert Gates, qui lui fait valoir que décréter une zone d'exclusion aérienne est déjà un acte de guerre impliquant la neutralisation des défenses antiaériennes de Kadhafi. Il se retranche enfin derrière la difficulté d'obtenir le feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies, où Russes et Chinois n'ont aucune envie d'autoriser un droit d'ingérence qui pourrait un jour leur être opposé, s'il y avait de nouveaux soulèvements en Tchétchénie ou au Tibet.
Le temps presse pourtant pour Obama. À la fois parce que, si personne ne bouge, l'insurrection libyenne finira par être totalement anéantie dans un bain de sang, comme on en a rarement connu. Et sans doute aussi parce que l'activisme de certains de ses alliés, comme la France qui vient de reconnaître le Conseil national de transition libyen dont les représentants ont été reçus à l'Élysée, contraint Obama à se remuer. Le président des États-Unis ne peut jouer durablement les Ponce Pilate.
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