Les observateurs avertis, aux analyses structurées tant pour le passé que pour la prospective, se sont évertués à travers la presse écrite et les médias audiovisuels à tirer des leçons de l’année 2016 et anticiper sur ce qu’ils pensent être les évolutions probables ou plausibles de l’année qui commence.
Je crois, comme l’avait dit l’inoubliable Habib Ould Mahfoudh au sujet de l’an 2000, que l’année 2017 risquerait de surprendre tout le monde.
En effet, voilà que, contre toute attente, l’année 2017 commence avec une mutinerie en Côte d’Ivoire, principalement à Bouaké l’ex-capitale du nord (ou de la rébellion si on se met côté Gbagbo) . Voilà qu’il s’en suit, sans tarder, le limogeage de chefs de corps constitués importants sans que le Chef suprême des armées, le Président de la République soit qualifié de tous les maux et écroué par les (très) Généraux, comme ce fut le cas en Mauritanie, un maudit matin d’une année que je préfère oublier.
Il est vrai que ADO, comme les intimes, dont je ne fais nullement partie, appellent Alassane Dramane Ouattara, ne l’avait pas fait à l’aube. En Mauritanie, le problème était, peut-être, que les nôtres, Généraux parachutés par le Président qu’ils avaient eux-mêmes parachutés, étaient mal réveillés, après une nuit (qui sait ?) et avaient aussitôt catapulté leur Chef suprême.
En plus, en Côte d’Ivoire, l’armée, à part la parenthèse Robert Guei, n’a jamais exercé directement le pouvoir. Par contre, la Grande assourdissante muette de Mauritanie, depuis le 10 juillet 1978, prétend toujours être « dépositaire (à jamais) de la légitimité nationale ». C’est elle qui le dit, y croit et le pratique au quotidien.
Ailleurs, l’année a commencé avec une anachronique cours suprême Gambienne composée, en grande majorité, de magistrats Nigérians et Sierra Léonais, chargés d’invalider les résultats de l’élection que Son Excellence Cheikh Professeur Alhaji Dr. Yahya Abdul-Aziz Awal Jemus Junkung Jammeh Naasiru ….avait malencontreusement reconnus. Le voici qui voulait organiser de nouvelles votations …pour (re) gagner. Si j’avais pu remplacer le président de la CENI qui a filé à la « gambienne », sans perdre de temps ou d’argent, je l’aurai déclaré vainqueur, avant le scrutin au suffrage (très) universel (très) direct, avec une majorité confortable de 99,99 %, le 0.01 % restant étant pour les bulletins des nuls et non avenus. Mais voilà que la CEDEAO, aidée par la présidence mauritanienne, réussit à le faire partir sans utilisation de force, et réserve celle-ci à l’installation et la sécurisation de son successeur.
L’entrée des troupes sous régionales après le départ impérial (plusieurs avions dont un Cargo) de l’énigmatique dictateur ne semble pas avoir plu à la diplomatie mauritanienne qui, après avoir joué au héros, risque, en définitive, de perdre, à la fois, ses rapports jusqu’ici privilégiés avec le la Gambie, où elle compte une très forte communauté, et ses indispensables relations avec le Sénégal pour lequel la stabilité en Gambie est une question de sécurité Nationale.
La gestion de la crise gambienne a été incontestablement un élément positif à porter à l’actif de la CEDEAO, même si certains de ses membres auraient intérêts à balayer à l’intérieur de la cour de leur palais. Malgré cette alternance pacifique, mais militairement assistée, je demeure perplexe quant à l’avenir de ce petit, et particulièrement pauvre, pays que le célèbre humoriste et chroniqueur de Rfi Mamane qualifiait de « suppositoire qui emmerde le Sénégal ». En effet, il est rare qu’un dictateur laisse derrière lui quelque chose sur lequel on peut bâtir. La période de grâce pour Barrow et sa coalition commence, mais elle sera de courte durée. Les vociférations de ce qu’on appelle la communauté internationale sont rarement suivies d’actes lorsqu’il s’agit de reconstruire. Et en Gambie, il parait que tout ce qui n’est pas à faire est à refaire. Pour cette situation, Monsieur Barrow choisira laquelle des significations, en Anglais, de son nom ? Brouette pour construire, ou civière pour ensevelir ?
Passons maintenant à notre Kabila, héritier de son père au trône de l’une des plus célèbres monarchies républicaines de notre monde, en l’occurrence la RDC. Le voilà étirer son mandat à géométrie institutionnelle variable, domestiquer un segment de ses oppositions et narguer les autres. D’accord, en accord, au refus, au mutisme et à l’indifférence. C’est ça Kabila de 2017 comme toujours. La RDC, c’est lui ou rien.
Au Burundi, notre valeureux Nkurunziza, après avoir mis son pays à feu et à sang pour se maintenir au pouvoir la durée d’un troisième mandat largement contesté, le voici qui nomme une commission pour réviser la constitution pour lui offrir la possibilité constitutionnelle de rempiler pour un quatrième mandat. Et qui sait ? L’appétit vient en mangeant !
Au Zimbabwe, notre «tourtereau» Robert Mugabé, s’est fait désigner par « son » parti, à l’âge de 92 ans, comme candidat aux prochaines présidentielles. Comme quoi, nos dirigeants tiennent à mourir au pouvoir. Pour mériter des funérailles nationales ? Qu’ils le quittent consentants, sans effusion de sang, et ils verront que nous leur organiseront, même de leur vivant pour qu’ils s’en revigorent davantage, des obsèques grandioses.
Au Gabon, le coup d’état électoral du Haut Eboué, semble consommé. Le candidat malheureux, comme on l’appelle communément, semble se résigner à se considérer président et à organiser « la résistance pacifique ». Il avait cru d’abord pouvoir obtenir quelque soutien de ce qu’on appelle « la communauté internationale ». Pourtant, il était bien placé, lui qui, à la commission de l’UA avait entériné une infinité de coups d’état militaires par la supercherie appelée « transition » et « retour à une vie constitutionnelle normale » pour comprendre que la communauté internationale cesse parfois d’être communauté pour rester, seulement, internationale. Pour moi, c’est bien fait pour lui. En somme, l’arroseur arrosé. Comme quelqu’un avait dit : la partie de Ping-Bong (o) a tourné en faveur de ce dernier, grâce à une Cour Constitutionnelle présidée par la mère de ses frères. C’est ça le sens de la famille en Afrique. Quant au sens de l’État, il faut explorer ailleurs !
Il ne fait pas de mal d’introduire une note positive, avec l’alternance pacifique qui a eu lieu au Ghana. Dans ce pays, la démocratie, fort heureusement, semble s’enraciner. Souhaitons que ça perdure et serve d’exemple aux ‘’indispensables’’, insatiables et autres assoiffés des palais et des escortes et scintillants Gyrophares.
Voilà que Théodorin, fils de Théodoro, vice-président de son père se voit poursuivi en France pour « des biens mal acquis en Guinée Équatoriale », son pays et celui de son père. Et tout ce qui est volé ailleurs n’est-il pas mal acquis ?
Pourtant, il était question, à un certain moment, de deux autres dossiers. Celui des faramineuses fortunes du clan Bongo et celui de l’inamovible Congolais Denis Sassou-Nguesso. Il parait que c’est remis aux calendes grecques !
Il me revient, en ces moments, des propos de MAMANE, encore lui. Il disait que quand il se trouve en Mauritanie et qu’on lui demandait « où se trouve le Gondwana ? », il répond toujours que c’est au Congo-RDC. Et vice-versa. À voir la situation et l’usage que font les dirigeants du pouvoir qu’ils ont, pour la plupart, usurpé, on se rend compte que, partout en Afrique, on est au Gondwana sous la férule de son Excellence Président-fondateur (souvent de rien du tout).
En Mauritanie, malgré les affirmations parfois ambiguës de l’actuel Président de la République au sujet d’une éventuelle candidature au-delà de son actuel second et (théoriquement) dernier mandat, le débat ne semble pas tout à fait clos. En effet, certains ‘’dignitaires’’ du système continuent à alimenter une campagne dont le but semblerait être le balisage du terrain pour un nouveau rôle politique pour l’homme (très) fort de Nouakchott. Ces débats ont été houleux ces derniers jours au Parle-ment.
Je ne serai pas étonné de voir les amendements constitutionnels envisagés, finir par prévoir des dispositions savamment moulées pour faire passer l’idée d’autres mandats, de façon directe ou par « medvédisation » newlook. Certains n’ont-ils pas demandé l’intronisation pure et simple de son Excellence ? Dans un pays à système parlementaire bicamérale boiteux, dans la mesure où le Sénat, de l’aveu même du Conseil constitutionnel de Sghair Ould Mbareck, est ‘’obsolète’’, il ne serait pas surprenant de voir la constitution tripatouillée au nom du célèbre et tendancieux « le peuple, source de souveraineté, le veut ». En tout cas, à décrypter ce qui se dessine à l’horizon brumeux de notre avenir constitutionnel, les conclusions du « dialogue national inclusif » risquent de voir le référendum muer en congrès parlementaire à légitimité contestable. Qui vivra, verra !
Bonne année 2017. Les années impaires réservent toujours des surprises : 2017, 2019, etc…
Belle Plume, Janvier 2017
Je crois, comme l’avait dit l’inoubliable Habib Ould Mahfoudh au sujet de l’an 2000, que l’année 2017 risquerait de surprendre tout le monde.
En effet, voilà que, contre toute attente, l’année 2017 commence avec une mutinerie en Côte d’Ivoire, principalement à Bouaké l’ex-capitale du nord (ou de la rébellion si on se met côté Gbagbo) . Voilà qu’il s’en suit, sans tarder, le limogeage de chefs de corps constitués importants sans que le Chef suprême des armées, le Président de la République soit qualifié de tous les maux et écroué par les (très) Généraux, comme ce fut le cas en Mauritanie, un maudit matin d’une année que je préfère oublier.
Il est vrai que ADO, comme les intimes, dont je ne fais nullement partie, appellent Alassane Dramane Ouattara, ne l’avait pas fait à l’aube. En Mauritanie, le problème était, peut-être, que les nôtres, Généraux parachutés par le Président qu’ils avaient eux-mêmes parachutés, étaient mal réveillés, après une nuit (qui sait ?) et avaient aussitôt catapulté leur Chef suprême.
En plus, en Côte d’Ivoire, l’armée, à part la parenthèse Robert Guei, n’a jamais exercé directement le pouvoir. Par contre, la Grande assourdissante muette de Mauritanie, depuis le 10 juillet 1978, prétend toujours être « dépositaire (à jamais) de la légitimité nationale ». C’est elle qui le dit, y croit et le pratique au quotidien.
Ailleurs, l’année a commencé avec une anachronique cours suprême Gambienne composée, en grande majorité, de magistrats Nigérians et Sierra Léonais, chargés d’invalider les résultats de l’élection que Son Excellence Cheikh Professeur Alhaji Dr. Yahya Abdul-Aziz Awal Jemus Junkung Jammeh Naasiru ….avait malencontreusement reconnus. Le voici qui voulait organiser de nouvelles votations …pour (re) gagner. Si j’avais pu remplacer le président de la CENI qui a filé à la « gambienne », sans perdre de temps ou d’argent, je l’aurai déclaré vainqueur, avant le scrutin au suffrage (très) universel (très) direct, avec une majorité confortable de 99,99 %, le 0.01 % restant étant pour les bulletins des nuls et non avenus. Mais voilà que la CEDEAO, aidée par la présidence mauritanienne, réussit à le faire partir sans utilisation de force, et réserve celle-ci à l’installation et la sécurisation de son successeur.
L’entrée des troupes sous régionales après le départ impérial (plusieurs avions dont un Cargo) de l’énigmatique dictateur ne semble pas avoir plu à la diplomatie mauritanienne qui, après avoir joué au héros, risque, en définitive, de perdre, à la fois, ses rapports jusqu’ici privilégiés avec le la Gambie, où elle compte une très forte communauté, et ses indispensables relations avec le Sénégal pour lequel la stabilité en Gambie est une question de sécurité Nationale.
La gestion de la crise gambienne a été incontestablement un élément positif à porter à l’actif de la CEDEAO, même si certains de ses membres auraient intérêts à balayer à l’intérieur de la cour de leur palais. Malgré cette alternance pacifique, mais militairement assistée, je demeure perplexe quant à l’avenir de ce petit, et particulièrement pauvre, pays que le célèbre humoriste et chroniqueur de Rfi Mamane qualifiait de « suppositoire qui emmerde le Sénégal ». En effet, il est rare qu’un dictateur laisse derrière lui quelque chose sur lequel on peut bâtir. La période de grâce pour Barrow et sa coalition commence, mais elle sera de courte durée. Les vociférations de ce qu’on appelle la communauté internationale sont rarement suivies d’actes lorsqu’il s’agit de reconstruire. Et en Gambie, il parait que tout ce qui n’est pas à faire est à refaire. Pour cette situation, Monsieur Barrow choisira laquelle des significations, en Anglais, de son nom ? Brouette pour construire, ou civière pour ensevelir ?
Passons maintenant à notre Kabila, héritier de son père au trône de l’une des plus célèbres monarchies républicaines de notre monde, en l’occurrence la RDC. Le voilà étirer son mandat à géométrie institutionnelle variable, domestiquer un segment de ses oppositions et narguer les autres. D’accord, en accord, au refus, au mutisme et à l’indifférence. C’est ça Kabila de 2017 comme toujours. La RDC, c’est lui ou rien.
Au Burundi, notre valeureux Nkurunziza, après avoir mis son pays à feu et à sang pour se maintenir au pouvoir la durée d’un troisième mandat largement contesté, le voici qui nomme une commission pour réviser la constitution pour lui offrir la possibilité constitutionnelle de rempiler pour un quatrième mandat. Et qui sait ? L’appétit vient en mangeant !
Au Zimbabwe, notre «tourtereau» Robert Mugabé, s’est fait désigner par « son » parti, à l’âge de 92 ans, comme candidat aux prochaines présidentielles. Comme quoi, nos dirigeants tiennent à mourir au pouvoir. Pour mériter des funérailles nationales ? Qu’ils le quittent consentants, sans effusion de sang, et ils verront que nous leur organiseront, même de leur vivant pour qu’ils s’en revigorent davantage, des obsèques grandioses.
Au Gabon, le coup d’état électoral du Haut Eboué, semble consommé. Le candidat malheureux, comme on l’appelle communément, semble se résigner à se considérer président et à organiser « la résistance pacifique ». Il avait cru d’abord pouvoir obtenir quelque soutien de ce qu’on appelle « la communauté internationale ». Pourtant, il était bien placé, lui qui, à la commission de l’UA avait entériné une infinité de coups d’état militaires par la supercherie appelée « transition » et « retour à une vie constitutionnelle normale » pour comprendre que la communauté internationale cesse parfois d’être communauté pour rester, seulement, internationale. Pour moi, c’est bien fait pour lui. En somme, l’arroseur arrosé. Comme quelqu’un avait dit : la partie de Ping-Bong (o) a tourné en faveur de ce dernier, grâce à une Cour Constitutionnelle présidée par la mère de ses frères. C’est ça le sens de la famille en Afrique. Quant au sens de l’État, il faut explorer ailleurs !
Il ne fait pas de mal d’introduire une note positive, avec l’alternance pacifique qui a eu lieu au Ghana. Dans ce pays, la démocratie, fort heureusement, semble s’enraciner. Souhaitons que ça perdure et serve d’exemple aux ‘’indispensables’’, insatiables et autres assoiffés des palais et des escortes et scintillants Gyrophares.
Voilà que Théodorin, fils de Théodoro, vice-président de son père se voit poursuivi en France pour « des biens mal acquis en Guinée Équatoriale », son pays et celui de son père. Et tout ce qui est volé ailleurs n’est-il pas mal acquis ?
Pourtant, il était question, à un certain moment, de deux autres dossiers. Celui des faramineuses fortunes du clan Bongo et celui de l’inamovible Congolais Denis Sassou-Nguesso. Il parait que c’est remis aux calendes grecques !
Il me revient, en ces moments, des propos de MAMANE, encore lui. Il disait que quand il se trouve en Mauritanie et qu’on lui demandait « où se trouve le Gondwana ? », il répond toujours que c’est au Congo-RDC. Et vice-versa. À voir la situation et l’usage que font les dirigeants du pouvoir qu’ils ont, pour la plupart, usurpé, on se rend compte que, partout en Afrique, on est au Gondwana sous la férule de son Excellence Président-fondateur (souvent de rien du tout).
En Mauritanie, malgré les affirmations parfois ambiguës de l’actuel Président de la République au sujet d’une éventuelle candidature au-delà de son actuel second et (théoriquement) dernier mandat, le débat ne semble pas tout à fait clos. En effet, certains ‘’dignitaires’’ du système continuent à alimenter une campagne dont le but semblerait être le balisage du terrain pour un nouveau rôle politique pour l’homme (très) fort de Nouakchott. Ces débats ont été houleux ces derniers jours au Parle-ment.
Je ne serai pas étonné de voir les amendements constitutionnels envisagés, finir par prévoir des dispositions savamment moulées pour faire passer l’idée d’autres mandats, de façon directe ou par « medvédisation » newlook. Certains n’ont-ils pas demandé l’intronisation pure et simple de son Excellence ? Dans un pays à système parlementaire bicamérale boiteux, dans la mesure où le Sénat, de l’aveu même du Conseil constitutionnel de Sghair Ould Mbareck, est ‘’obsolète’’, il ne serait pas surprenant de voir la constitution tripatouillée au nom du célèbre et tendancieux « le peuple, source de souveraineté, le veut ». En tout cas, à décrypter ce qui se dessine à l’horizon brumeux de notre avenir constitutionnel, les conclusions du « dialogue national inclusif » risquent de voir le référendum muer en congrès parlementaire à légitimité contestable. Qui vivra, verra !
Bonne année 2017. Les années impaires réservent toujours des surprises : 2017, 2019, etc…
Belle Plume, Janvier 2017