Le sud de la Mauritanie: La terre et le sang dans la vallée



Le sud de la Mauritanie: La terre et le sang dans la vallée
Le sud de la Mauritanie attire depuis des années la convoitise des spéculateurs fonciers.Cette ruée vers les terres fertiles de la vallée favorisée par une réforme foncière et domaniale lancée vers les années 80 par le comité militaire de redressement national dirigé alors par l’ex –colonel Mohamed Khouna Ould Haidalla continue de faire des remous.On se rappelle qu’à l’époque de hauts dignitaires du régime avaient sillonné la vallée pour propager cette loi aux populations qui avaient très vite pris la mesure de la situation.

Dans les milieux scolaires négro- africains des agitations avaient eu lieu en guise de protestation à ce qui tenait lieu d’expropriations déguisées des propriétés traditionnelles. Dans le fouta la terre et le sang étaient inséparables au propre comme au figuré. Ces vastes étendues du Walo appartiennent depuis la nuit des temps à ces populations autochtones qui en étaient les dépositaires légitimes par l’entremise des legs de père en fils. Dans cette partie du Fouta antérieure à la colonisation l’aristocratie traditionnelle avait un droit sur le diéri et le walo . On ne pouvait imaginer qu’une famille puisse vendre ce qui lui était le plus cher quelque soit le prix. En revanche on pouvait donner généreusement aux plus faibles des lopins de terres ou les leur prêter. L’organisation foncière existait sous une forme de collectivisation des biens.
La famille était au-dessus de toutes les décisions en amont et en aval. Cette tradition a été tolérée par le premier colon qui prélevait des impôts en guise de droits sur l’exploitation. La hiérarchie traditionnelle continuait à avoir la prééminence sur les terres. Beaucoup de conflits qui survinrent dans cette partie sud du pays avaient comme toile de fonds des velléités d’invasion dictées par une volonté d’expropriation de ce trésor précieux par de nouveaux prétendants. La dîme qui était imposée alors par des chefs de tribus ne résista pas à la colère de Thiero soulyemane Ball qui brisa ce qui s’appelait alors « Moudo Hormo » du nom de son initiateur. Les batailles pour la terre relevaient quasiment d’instincts de conservations. On pouvait tuer un foutanke mais lui arracher sa terre n’était pas une chose facile. Pendant des siècles cet attachement religieux à la terre des aïeux faisait la fierté des familles qui doivent toute leur économie aux entrailles du diéri et du walo. Pour accéder à ce trésor, il fallait le justifier à une appartenance lignagère d’où l’insubordination au sang familial qui était la seule condition d’attribution d’un champ. Cette conception ancestrale qui suscita bien de révolte de la part de nouveaux prétendants loin de se fonder sur des raisons objectives étaient plutôt motivées par un complot hégémonique qu’ils voulaient ourdir contre les propriétaires légitimes au nom d’une redistribution de la carte foncière de la vallée. Pour changer cette donne, les hommes d’affaires influencent les décisions de l’Etat qui sans prendre en considération les prééminences patrimoniales du reste inaliénables des populations de la vallée utilise à la place de la force du droit le droit de la force pour exproprier les maîtres terriens. Cette reconquête s’accentua à la faveur des événements politiques pour se poursuivre de plus belle avec des visées plus spéculatives et plus spectaculaires de spoliation. (A suivre…)

Cheikh Tidiane Dia

Source; Renovateur

Lundi 3 Janvier 2011
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