Le régime de Ould Aziz face à la bronca de l’opposition



Le régime de Ould Aziz face à la bronca de l’opposition
Le président mauritanien Ould Aziz sera l’hôte des habitants de la capitale du Gorgol, Kaédi le 28 avril prochain dans le cadre de ses tournées dans les régions pour inaugurer des projets de développement en faveur des populations.Une visite qui intervient au moment où son régime fait face à des affrontements entre étudiants à l’Université de Nouakchott qui suscitent la bronca de l’opposition et certains partis de la coalition de sa majorité, au mécontentement du personnel de la santé, des syndicats et à la résurgence de l’esclavage.

Une fronde sociale née du laxisme du gouvernement de Ould Laghdaf que le dernier rapport de la commission nationale des droits de l’homme a pointé du doigt en plaidant pour une rapide application de la loi anti-esclavagiste et le règlement effectif du passif humanitaire.
Cette semaine encore Nouakchott a été le théâtre d’affrontements entre étudiants du Syndicat National des Etudiants Mauritaniens (SNEM) et de l’Union Nationale des Etudiants Mauritaniens(UNEM) et qui a fait plus d’une vingtaine de blessés . Au départ ce qui semblait être une contestation syndicale pour des raisons de « fraudes » dans l’élection des représentants aux conseils d’administration des facultés de Nouakchott, s’est transformé en joutes raciales entre les différentes composantes des étudiants mauritaniens aggravées par l’intervention musclée et sélective des forces de l’ordre qui ont procédé également à des arrestations . Pour les observateurs cette violence policière ne se justifie pas au sein même de l’Université sauf à penser que ces forces de l’ordre et étudiants sont manipulés par des hommes de l’ancien régime de Ould Taya animés toujours par un esprit revanchard. Quoiqu’il en soit le malaise est profond. Le manque de transparence du scrutin et la partialité de l’administration de l’Université y sont pour beaucoup. De graves évènements sur fond racial qui n’ont pas manqué de susciter la bronca de l’opposition et une partie de la coalition des partis de la majorité l’UPR comme l’AJD-MR qui condamnent la répression et l’arrestation des étudiants. Ces actes de violence sont de nature à briser l’unité nationale et la cohésion sociale. La société civile est d’autant plus inquiète de la tournure et a toujours en mémoire les évènements de 89 et y voit le retour de la malédiction et l’immobilisme des pouvoirs publics à juguler rapidement cette révolte. Face à cette situation, le gouvernement de Ould Laghdaf est égal à lui-même c'est-à-dire habituer à gouverner sans consultations encore moins accepter les critiques d’où qu’elles viennent faisant preuve d’impuissance dans le règlement de ce genre de conflits toujours derrière ses forces de l’ordre et empêchant même des personnalités de l’opposition à accéder aux commissariats où sont détenus les étudiants. C’est dans ce contexte trouble que le président Ould Aziz se rendra prochainement dans la capitale du Gorgol. A Kaédi, le chef de l’Etat va y poursuivre sa série d’inauguration des projets d’envergure de développement en faveur des populations entamée depuis un mois à l’intérieur du pays. C’est dans cette ville en 2008 que le candidat à la présidence avait lancé la dynamique de la réconciliation nationale avec des prières pour demander pardon au nom de l’Etat à la communauté noire pour les crimes commis par le régime de Ould Taya. Nul doute que le président de tous les mauritaniens sait ce qui l’attend en dehors du protocole. Les populations ne manqueront pas de lui poser des questions sur le règlement du passif humanitaire qui n’avance pas et continue d’inquiéter notamment les réfugiés réinstallés dans cette zone. Fort des recommandations sur ce sujet du dernier rapport de la commission nationale des Droits de l’Homme, le numéro un mauritanien a de quoi convaincre pour relancer la dynamique de l’unité nationale à condition de ne pas s’arrêter sur de nouvelles promesses pour secouer le cocotier comité interministériel chargé du recensement des fonctionnaires victimes des évènements 89 et concrétiser enfin l’indemnisation des veuves et orphelins négro-mauritaniens .Le dossier achoppe en particulier sur la question de l’impunité des criminels de l’ancien régime de Ould Taya. Beaucoup d’entre eux sont des personnalités qui sont encore en activité, le chef étant toujours en exil au Qatar. La deuxième bombe de retardement à laquelle devra s’attaquer le nouveau locataire de la Maison brune est la résurgence de l’esclavage. Dossier qui pourrait ternir son image tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Chaque jour qui passe des militants anti-esclavagistes très actifs découvrent à Nouakchott et à l’intérieur du pays des cas présumés d’esclavage de fillettes. Tout comme le règlement du passif humanitaire, l’application stricto sensu en toute impartialité de la loi anti-esclavagiste est plus que nécessaire voire urgente malgré ses dispositions innovantes. Sur ces deux terrains des droits de l’homme Ould Aziz n’a plus droit à l’erreur s’il veut être écouté par les citoyens de la Mauritanie profonde. Lui qui a passé ces derniers temps à régler les crises ivoirienne et libyenne dans le cadre du panel de l’Union africaine au lieu de se pencher sur ses problèmes intérieurs.


Source: Renovateur

Mercredi 27 Avril 2011
Boolumbal Boolumbal
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