Le dialogue politique, entre une partie de l’opposition démocratique et la soixantaine de partis et de partillons qui constituent la majorité présidentielle, se poursuit, trois semaines après son ouverture officielle, par le président de la République. L’euphorie des premiers jours a laissé la place à un scepticisme ambiant qui commence à gagner une partie des soutiens du pouvoir. La dernière déclaration de Moustapha Ould Abeidrahmane, un vieil homme politique aguerri est, à ce titre, éloquente. En filigrane, c’est la peur d’un échec, de jour en jour plus envisageable, qui hante, semble-t-il, le quotidien et les nuits de ceux qui ont engagé leur formation politique dans une aventure politique à l’issue très aléatoire. L’autre jour, un collègue m’adressait une remarque, pertinente, selon laquelle le dialogue n’était pas suffisamment médiatisé, ni sur le plan national ni sur le plan international. Juste trois à quatre minutes, après chaque journal télévisé, pendant lesquelles quelques adolescents, qui ne semblent guère comprendre le sujet sur lequel ils interviennent, débitent, à tort et à travers, des points de vue qui n’ont, parfois, rien à voir avec le dialogue en question. Selon les nouvelles du Palais des congrès, la majorité et l’opposition seraient bloquées, à cause de leur désaccord sur certaines questions d’une extrême importance. Les deux présidents en chef du dialogue et leur comité de soutien de dix-huit membres peinent à rapprocher les points de vue. Les questions, sur la commission nationale indépendante qui aura en charge la gestion des élections, sur les quelques amendements à la Constitution, la gestion du nomadisme politique et le rôle que doit jouer l’institution militaire, dans une démocratie, seraient les principaux points d’achoppement et de discorde, entre les deux groupes.
Or, dans un Etat démocratique «normal», l’armée n’a qu’une mission: celle de la défense de l’intégrité territoriale de son pays. Sa place et sa vocation ne doivent pas, en temps normal, constituer l’objet d’un quelconque dialogue. Seulement, en Mauritanie, depuis que les militaires ont goûté aux délicatesses que confère le pouvoir, il est devenu très difficile de défaire ceux-là de celui-ci. Ce n’est pas un hasard si les officiers supérieurs mauritaniens sont parmi les militaires les plus riches au monde. Tous les coups d’Etat perpétrés, tous les assassinats politiques et les exécutions, sommaires ou commanditées par des hommes politiques, d’affaires ou de hauts gradés de l’armée, après ou sans parodie de justice, ne sont que le reflet d’une guerre de lobbies militaro-affairistes dont le principal dessein est de se placer, confortablement, au plus haut sommet des pouvoirs, visibles et invisibles. Des fallacieuses raisons invoquées, pour renverser le premier président civil du pays, au coup d’Etat contre Maaouya Ould Sid’ Ahmed Taya qui s’apprêtait à envoyer à Lemgheity, selon certains renseignements, quelques hauts-gradés qui n’avaient, comme faits de guerre, que la casse de cabris rôtis, les belles cylindrées, les voyages douteux et les comptes en banque admirablement remplis, en passant par le putsch contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui ne s’explique que par la ferme détermination des militaires à rester maîtres de ce pays, toutes les explications qu’avancent, depuis quarante ans, ces preneurs d’otages ne convainquent que les éternels hypocrites, prompts à applaudir le nouveau chef et à maudire son prédécesseur. Le 3 août 2005, les tombeurs de Maaouya ont invoqué la gabegie, le clientélisme, la déliquescence de l’Etat, la corruption, la dilapidation des deniers publics et beaucoup d’autres reproches, pour justifier leur coup d’Etat. Dix-neuf mois plus tard, des milliards s’étaient volatilisés des caisses, la gabegie, le régionalisme, le népotisme et la corruption ne se sont jamais aussi mieux portés que sous leur règne. Le 6 août 2008, quasiment les mêmes, cette fois tombeurs d’un président démocratiquement élu, ont invoqué les mêmes raisons: voyages intempestifs du président, omnipotence de sa femme, révolution des affamés, faiblesse de l’Etat, et patati et patata. Aujourd’hui, les parlementaires, représentants légitimes des Mauritaniens qui les ont élus, attendent, toujours, des réponses, sur le sort des 50 millions de dollars (vers les 13 milliards d’ouguiyas), don d’un pays ami; sur les nombreuses nominations à des postes extrêmement sensibles, au titre de copinages, liens tribaux et corruptions diverses; sur les multiples voyages inutiles du président. Et madame la Première dame a commencé à se faire voir.
Le problème de la Mauritanie, ce sont les militaires. La preuve: dès que le dialogue a commencé à parler de leur institution, les blocages ont débuté. Aucun président, fût-il général retraité, ne peut avoir le courage et la témérité de remettre en cause les faveurs et les privilèges des officiers supérieurs, très infiltrés dans tous les milieux. S’il est connu, ailleurs, que nul n’est au dessus de la loi, en Mauritanie, nul n’est au-dessus des coups d’Etat. La Mauritanie a un problème qui s’appelle l’armée où, plutôt, l’implication effective de ses officiers supérieurs, dans les choses politiques. Je suis, d’habitude, optimiste mais ce dialogue-là ne peut pas sortir le pays de la galère. Comment virer l’institution militaire de la politique? Le reste suivra, sans problème. Quarante d’ «honneur», d’argent, de notoriété, de faste, ce n’est pas rien. Pourtant, les armées tunisienne et égyptienne ont donné de belles leçons, aux autres armées, en se rangeant du côté de leur peuple, contre l’autorité d’un dictateur.
En Mauritanie, le vrai changement ne viendra pas des urnes. Vingt ans ou trente ans, encore, de règne militaire. Un civil arriverait-il, circonstanciellement, au pouvoir, par une quelconque volonté? Une poignée de militaires le renversera, au nom d’une énième rectification. Ne soyons pas naïfs, le problème de la Mauritanie est très complexe. Et, ce n’est pas en un tour de main qu’on en viendra à bout. Nous attendons de voir l’issue du dialogue pour savoir où nous mènera-t-il. Sans illusion mais avec une impatience croissante. Ça commence, vraiment, à bien faire…
Sneiba
Or, dans un Etat démocratique «normal», l’armée n’a qu’une mission: celle de la défense de l’intégrité territoriale de son pays. Sa place et sa vocation ne doivent pas, en temps normal, constituer l’objet d’un quelconque dialogue. Seulement, en Mauritanie, depuis que les militaires ont goûté aux délicatesses que confère le pouvoir, il est devenu très difficile de défaire ceux-là de celui-ci. Ce n’est pas un hasard si les officiers supérieurs mauritaniens sont parmi les militaires les plus riches au monde. Tous les coups d’Etat perpétrés, tous les assassinats politiques et les exécutions, sommaires ou commanditées par des hommes politiques, d’affaires ou de hauts gradés de l’armée, après ou sans parodie de justice, ne sont que le reflet d’une guerre de lobbies militaro-affairistes dont le principal dessein est de se placer, confortablement, au plus haut sommet des pouvoirs, visibles et invisibles. Des fallacieuses raisons invoquées, pour renverser le premier président civil du pays, au coup d’Etat contre Maaouya Ould Sid’ Ahmed Taya qui s’apprêtait à envoyer à Lemgheity, selon certains renseignements, quelques hauts-gradés qui n’avaient, comme faits de guerre, que la casse de cabris rôtis, les belles cylindrées, les voyages douteux et les comptes en banque admirablement remplis, en passant par le putsch contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui ne s’explique que par la ferme détermination des militaires à rester maîtres de ce pays, toutes les explications qu’avancent, depuis quarante ans, ces preneurs d’otages ne convainquent que les éternels hypocrites, prompts à applaudir le nouveau chef et à maudire son prédécesseur. Le 3 août 2005, les tombeurs de Maaouya ont invoqué la gabegie, le clientélisme, la déliquescence de l’Etat, la corruption, la dilapidation des deniers publics et beaucoup d’autres reproches, pour justifier leur coup d’Etat. Dix-neuf mois plus tard, des milliards s’étaient volatilisés des caisses, la gabegie, le régionalisme, le népotisme et la corruption ne se sont jamais aussi mieux portés que sous leur règne. Le 6 août 2008, quasiment les mêmes, cette fois tombeurs d’un président démocratiquement élu, ont invoqué les mêmes raisons: voyages intempestifs du président, omnipotence de sa femme, révolution des affamés, faiblesse de l’Etat, et patati et patata. Aujourd’hui, les parlementaires, représentants légitimes des Mauritaniens qui les ont élus, attendent, toujours, des réponses, sur le sort des 50 millions de dollars (vers les 13 milliards d’ouguiyas), don d’un pays ami; sur les nombreuses nominations à des postes extrêmement sensibles, au titre de copinages, liens tribaux et corruptions diverses; sur les multiples voyages inutiles du président. Et madame la Première dame a commencé à se faire voir.
Le problème de la Mauritanie, ce sont les militaires. La preuve: dès que le dialogue a commencé à parler de leur institution, les blocages ont débuté. Aucun président, fût-il général retraité, ne peut avoir le courage et la témérité de remettre en cause les faveurs et les privilèges des officiers supérieurs, très infiltrés dans tous les milieux. S’il est connu, ailleurs, que nul n’est au dessus de la loi, en Mauritanie, nul n’est au-dessus des coups d’Etat. La Mauritanie a un problème qui s’appelle l’armée où, plutôt, l’implication effective de ses officiers supérieurs, dans les choses politiques. Je suis, d’habitude, optimiste mais ce dialogue-là ne peut pas sortir le pays de la galère. Comment virer l’institution militaire de la politique? Le reste suivra, sans problème. Quarante d’ «honneur», d’argent, de notoriété, de faste, ce n’est pas rien. Pourtant, les armées tunisienne et égyptienne ont donné de belles leçons, aux autres armées, en se rangeant du côté de leur peuple, contre l’autorité d’un dictateur.
En Mauritanie, le vrai changement ne viendra pas des urnes. Vingt ans ou trente ans, encore, de règne militaire. Un civil arriverait-il, circonstanciellement, au pouvoir, par une quelconque volonté? Une poignée de militaires le renversera, au nom d’une énième rectification. Ne soyons pas naïfs, le problème de la Mauritanie est très complexe. Et, ce n’est pas en un tour de main qu’on en viendra à bout. Nous attendons de voir l’issue du dialogue pour savoir où nous mènera-t-il. Sans illusion mais avec une impatience croissante. Ça commence, vraiment, à bien faire…
Sneiba
Actualités













