Le président Mohamed Ould Abdel Aziz et le parti Adil

Ce parti, dont l’ossature est constituée essentiellement d’anciens et éphémères ministres, hauts responsables et dignitaires du pouvoir de Sidioca, a occupé une place centrale au sein du FNDD, instance née à l’issue du coup d’Etat du 06 août 2008



Le président Mohamed Ould Abdel Aziz et le parti Adil
Une inauguration en catimini Après plusieurs rencontres entre le Président de la République et Yahya Ould Ahmed El Waqf voilà que le parti Adil intègre enfin la majorité présidentielle. On se rappelle que Waqf, a été l’un des invités les plus fréquents, pendant toute l’année qui finit dans quelques jours, chez Mohamed Ould Abdel Aziz.

C’est après une série de négociations qui s’enlisent parfois, puis reprennent d’une façon mitigée, entre Adil, à travers son patron, ‘en tout cas visible, Yahya Ould Waqf’’ et le président de la République, que Mohamed Ould Abdel Aziz, allait annoncer à d’éminentes personnalité de son système l’entente, désormais consommée, avec le parti Adil.

Ce parti, dont l’ossature est constituée essentiellement d’anciens et éphémères ministres, hauts responsables et dignitaires du pouvoir de Sidioca, a occupé une place centrale au sein du FNDD, instance née à l’issue du coup d’Etat du 06 août 2008.



L’un des leurs, en l’occurrence, Mohamed Ould Rzeizin, a été désigné ministre de l’Intérieur de la transition des accords de Dakar, puis promu, on ne saurait pour quel service, ambassadeur, juste après l’investiture de l’actuel président.

Sont restés, farouches opposants à Mohamed Ould Abdel Aziz , au moins en apparence, les autres éléments qui ont formé, avec les floués de la présidentielle de 2009, la fameuse Coordination de l’Opposition Démocratique. Un compromis aurait été, nécessairement, concocté pour aboutir à de telles fiançailles. Quel compromis ?

On se souvient que le premier gouvernement de Waqf, sous sidioca, était véritablement, le motif, tant brandi par le général pour justifier son coup de force.

En amont du coup d’Etat, le général n’a cessé d’attiser la colère du régiment parlementaire pour l’introduction d’une motion de censure contre ce gouvernement qui a été présenté, à l’époque comme l’incarnation maléfique des Roumouz el Vessad, symboles de la gabegie.

En aval, également, au cours de ses sorties médiatico populaires, Mohamed Ould Abdel Aziz, devenu Chef de l’Etat, puis candidat à la Présidentielle, ne s’empêchait pas de rappeler aux Mauritaniens la dérive du régime de Sidioca qui a puisé son gouvernement et ses collaborateurs parmi les personnalités connues par leur propension à s’approprier le patrimoine collectif.

Il faut signaler que tout au long de sa période d’exception, Mohamed Ould Abdel Aziz avait enduré le mal, quelque peu dérangeant, provoqué par l’épine qu’il avait au pied : l’illégitimité. Cette période, il l’a passée à vouloir, coûte que coûte, se forger une image de rédempteur, passer comme celui qui a chassé le Satan qui a perverti la Mauritanie et les Mauritaniens, durant trois décennies ou presque. Il avait besoin, indispensablement, que se liguent contre lui, les roumouz el vessad, les symboles de la gabegie.

C’était un acte fondateur pour la nouvelle image qu’il devait se faire. Il s’amusait à faire des sorties rien que pour les railler, leur envoyer des piques, des phrases assassines, des allusions autour des scandales financiers qu’il leur faisait porter la responsabilité. Si, les personnalités politiques de Adil ne s’étaient opposés au général ; celui-ci avait intérêt à les y pousser.

Finie la transition. Finie l’élection. Mohamed Ould Abdel Aziz est devenu Président élu. Là, il fait face à d’autres types de problèmes, d’autres défis. La période des slogans ne fait plus recette. Le peuple pour lequel il s’est investi, et pour son compte il a chassé le démon a besoin d’une vie meilleure. Les lendemains enchantant, que le général lui a promis, le peuple les attend avec impatience.

C’est vrai, le peuple a vu les routes construites, des responsables mis derrières les barreaux pour des forfaitures qu’ils avaient commises. Il a vu d’autres qui ont restitué des sommes importantes qu’ils ont volé au trésor public. C’est vrai. Le peuple a vu ça. Mais, l’action d’emprisonner un responsable ou le sommer de rembourser à l’Etat son dû, n’améliore en rien le quotidien du peuple.

Au contraire, elle appauvrit des citoyens. Elles plongent d’autres dans la précarité. Elle grossit le cercle des mécontents. Et, le peuple aurait droit à dire que finalement les Roumouz El Vessad étaient quand même sympathiques. Ils étaient très humains. Ils volaient, c’est vrai, mais ils partageaient avec nous. Ils nous jetaient des miettes, c’est vrai, mais c’était quand même quelque chose.

Et, en un revers de médaille, Ould Abdel Aziz passe comme le méchant. Et, les Roumouz redeviennent les bons. Renversement des rôles. Dans ce cas, ce sont les Roumouz El Vessad, symbole de la gabegie, qui ont besoin de la méchanceté de Mohamed Ould Abdel Aziz. Plus le Président de la République se montre intransigeant envers ses collaborateurs, plus ceux qu’il présentait naguère comme symboles de la gabegie gagnent dans les cœurs des citoyens.

Aujourd’hui, à l’occasion du cinquantenaire, il y a une batterie de projets inaugurés, chaque jour apporte son lot de premières pierres posées ça et là. Les médias passent en boucle les projets grandioses inaugurés en Mauritanie. En une semaine, le montant des investissements alloués à ces projets d’avenir, pour certains, pour maintenant – le présent) pour d’autres- par ce que, désormais opérationnels- a dépassé les mille milliards d’ouguiyas.

A lui seul, l’inimaginable Ribat El Baher (ceinture de la mer) est chiffré à 3 milliards de dollars. Tous ces investissements, ajoutés aux promesses du président du peuple, devraient nourrir beaucoup d’espoir chez ce dernier. Or, celui-ci ne voit qu’un président parcimonieux accompagné d’un gouvernement grincheux habité par une peur négative de son chef qui lui fait perdre toute sensibilité.

Avec une telle équipe ce n’est, en tout cas pas, l’espoir qui se pointe à l’horizon. Toujours des cieux gris où défilent de rudes nuages en cascades qui tonnent et tempêtent sans qu’ils ne laissent tomber aucune goutte d’eau qui irait arroser les cœurs et y pousserait l’espoir fané. Revient Adil. Reviennent les roumouz.

Le pacte entre ces derniers et le pouvoir s’est fait, dans la foulée, entre deux inaugurations. C’est un peu une autre pierre posée, en quelque sorte, par le Président ; mais cette fois-ci la cérémonie inaugurale se tient à l’abri des médias. Le président inaugure Adil, serait-on tenté de dire.

Le fait qu’il ait choisi ce moment précis c’est que quelque part, le Président considère cette action politique comme un investissement, un grand investissement, un peu moins que le projet de la nouvelle cité de Ceinture de la Mer, certes, mais un investissement quand même. C’est classique, dans les pays démocratiques, le gouvernement joue, évidemment le rôle de bouclier qui supporte les coups adressés au premier magistrat du pays.

Dès son élection se faisait lui-même bouclier de soi. C’était comme, s’il n’avait pas besoin de rempart. Il a subi quelques égratignures suites à ses sorties souvent intempestives. Depuis, il a cessé d’intervenir à tout bout de champ. Ses ministres étaient déjà des mort-nés.

Affaiblis par la force du caractère de l’homme, ils ont perdu tout sens d’initiative. Ils font même un peu pitié. On ne saurait leur réserver que commisération. Ils ne peuvent même plus servir de boucliers. Ils sont tellement atones qu’ils feraient passer, nonchalamment, les pierres qui viseraient le président de la République. C’est pourquoi, le président a besoin, aujourd’hui, d’un gouvernement impavide.

Qui supporterait et ‘’détournerait’’ (pourquoi pas) les pierres de la trajectoire présidentielle. Un président ne supporte pas les pierres qui se posent sur son corps. Mais, il supporte, au contraire, de poser les pierres par terre.

Sidi Mohamed ould sidi









source Sidi Mouhamed Ould Sidi viacridem.org

Dimanche 28 Novembre 2010
Boolumbal Boolumbal
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