Le départ de Moubarak vu par la presse française

Les réactions au départ d’Hosni Moubarak sont enthousiastes : personne ne boude son plaisir dans la presse française ! Ce nouveau triomphe de la démocratie sur un régime autoritaire est salué, comme il se doit, par tous.



Le départ de Moubarak vu par la presse française
Les réactions au départ d’Hosni Moubarak sont enthousiastes : personne ne boude son plaisir dans la presse française ! Ce nouveau triomphe de la démocratie sur un régime autoritaire est salué, comme il se doit, par tous.

Contrairement aux dirigeants politiques, les journaux accompagnent sans la moindre hésitation le vent de liberté qui a chassé Moubarak, comme il l’avait déjà fait, le mois dernier avec Ben Ali.

« Et de deux ! » s’exclame Libération : « comme on n’arrête pas une rivière impétueuse, il n’est d’autre attitude possible que de soutenir ce magnifique processus en tâchant de favoriser ce qu’il y a de meilleur en lui ».

Sud Ouest compare l’événement à la chute du mur de Berlin. Dans l’Est républicain, « l’heure est à la célébration de la prise de la Bastille égyptienne ». Le journal salue « la déferlante de liberté qui, du réveil tunisien au soulèvement du Caire, submerge tout sur son passage ».

De la joie donc, teintée d’admiration, comme celle de La République du Centre pour qui « le peuple égyptien n’est parvenu à ses fins que par sa propre obstination (...) sous le regard effaré du monde, et la circonspection des ambassades ».

Mais bien vite viendra le temps d’une « autre histoire ». Pour Les Dernières nouvelles d’Alsace, elle « commence dès ce matin dans les brumes des ambiguïtés. Car si Moubarak a renoncé, le pouvoir réel reste entre les mains de ceux qui l’ont soutenu depuis trente ans » - autrement dit les militaires.

C’est bien « l’armée qui détient la clé de l’avenir de l’Egypte », constate La Nouvelle République du Centre Ouest, et « rien n’assure qu’elle tiendra sa promesse » (de plus de démocratie). « A moins que les barbus, à l’usure, ne raflent la mise », ajoute Le Dauphiné (comprenez bien sûr les islamistes).

Pour La Presse de la Manche, « l’enthousiasme d’hier sera confronté dès ce matin à la dure réalité du gigantesque travail qui reste à faire ».

« L’Egypte doit aussi réussir son dégrisement », écrit l’Alsace, alors que Le Courrier Picard rappelle que « l’histoire ne manque pas d’exemples où la légitimité du peuple a été trompée, qu’il est des révolutions pouvant mener au pire ».

En un mot comme en cent, et pour citer encore Le Dauphiné libéré, « Moubarak parti, la démocratie n’arrive pas encore ».

A qui le tour ?

Moubarak n’est plus là. A lire son portrait intitulé « le dictateur immobile » dans Libération. Autre portrait, sur une pleine page Le Figaro : « Après le flamboyant Nasser et l’imprévisible Sadate, lui c’était plutôt Monsieur Moyen, un homme arrivé au bon moment quand l’Egypte avait besoin d’une baisse de régime » dit de lui un intellectuel égyptien, cité par Le Figaro.

L’éditorialiste du journal analyse les causes qui ont fait chuter les dirigeants égyptien et tunisien : « Aspirations des générations montantes, pouvoir mobilisateur d’internet et refus de l’armée de cautionner un régime finissant ».

Les mêmes causes provoquant les mêmes effets, voilà les autres prévenus ! Un certain nombre, parmi les éditorialistes, désignent l’Algérie où l’opposition appelle samedi 12 février à manifester.

« Qui après Moubarak ? » se demande Le Parisien à sa une. « Au suivant ! » s’exclame France soir qui montre en photos les dirigeants algérien, marocain et jordanien.

Terminons par cette impression du Figaro, très largement répandue : en tout cas, « c’est tout le monde arabe qui entre dans une nouvelle ère ».

Par Gilles Moreau




Samedi 12 Février 2011
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