Le Président des pauvres: Les Echos Par Mohamed Fouad Barrada



Le Président des pauvres: Les Echos Par Mohamed Fouad Barrada
L’investiture du Président Ould Abdel Aziz a eu lieu au stade olympique de la capitale. C’est une manière de confirmer sa méthode qui se manifestait à travers une campagne présidentielle axée sur la proximité avec les plus démunis. Et cela depuis le coup du 6 août 2008. Il est à cet égard le Président des pauvres.

Maintenant, le défi est énorme. Et le choix des hommes est déterminant. La possibilité de mettre en place une équipe décisionnelle composée des ministres, des directeurs, et des chefs de service performants et dévoués, est délicat. Ce qu’il faut à cette équipe c’est renforcer les systèmes de pilotage administratif. Car on ne contrôle plus, désormais, on pilote. Pour piloter, il demeure évident que cette équipe doit se fixer des objectifs visant l’intérêt commun à travers une stratégie partagée par les populations et concrétisée par un plan d’action quinquennal. Et cela par le biais de la politique de motivation salariale, et d’implication des travailleurs dans le processus décisionnel. En un mot, il faut un contrôle citoyen qui implique la sanction et la récompense.

Ainsi, il est pratiquement aberrant voire scandaleux de compter sur une assemblée nationale qui fonctionne sans régulateur commun. Une assemblée qui suit la logique de la démocratie sans pour autant craindre une société civile forte. Celle-ci est quasi inexistante. Les élus du peuple sont amenés à travers des réflexions à proposer des solutions, des lois, des modèles de développement. Prenons l’exemple des lois sur l’embauche. Le modèle mauritanien s’éloigne de la logique de la création d’emploi. Et en conséquence, ils se trouvent que la plupart des diplômés demeurent dans une situation du chômage qui varie entre 5 et 10 ans. L’âge maximal de recrutement reste, quant à lui, fixé à 30 ans. C’est un modèle purement occidental, bien qu’en occident le chômage ne dépasse guère en situation de crise les 12%. En Mauritanie, il avoisine les 33%, au Maroc il est de 9%. Quant à la politique sociale, les salariés ne disposent d’aucun plan leur permettant de s’épanouir. Cela favorise la corruption et le ‘délaissement’ administratif ainsi que la démotivation et la disparition d’une classe sociale moyenne indépendante des influences tribales. Un paradoxe s’impose alors avec d’un côté l’exigence de l’emploi et de l’autre le manque de compétence de notre système éducatif pour relancer l’économie nationale. Comment faire pour renforcer l’apprentissage des diplômés chômeurs tout en renforçant le système éducatif source de notre survie ?

Enfin, la lutte contre la ‘concentration’ urbaine exige de reprendre la formule de trois pôles économiques. Ces pôles nécessitent la mise en place des infrastructures de base et ils doivent aussi être renforcés par un environnement d’affaire basé sur une flexibilité d’implantation des entreprises et des activités génératrices de revenu dans les grandes régions du pays, notamment l’Assaba, le deux Hodhs, et Nouadhibou. Comment ? Et par quel moyen ?

On sait maintenant que le Président fraîchement investi est entouré de son staff de la compagne présidentielle, et de ses amis qu’ils l’ont soutenu. Le prochain gouvernement sera sauf surprise composé de personnes qui ont déjà gravité autour du pouvoir en place. Des gens aux relations puissantes qui ont su profiter au bon moment d’un soutien à Abdel Aziz comme avec le Parti de l’URP où les hommes ont été nommés en fonction de leur engagement politique. La surprise pourrait venir de la main tendue du général à l’opposition…

m_barrada@yahoo.fr


Source : La Tribune n°463 du 10 août 2009

Lundi 10 Août 2009
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